D'un changement de situation, je profiterai...

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Sachant d'ores et déjà que j'allais la revoir, j'avais donc opté pour un style beaucoup plus décontracté. En effet, le costume trois pièces était de rigueur dans mon métier de psychiatre et dans mon rôle de directeur d'hôpital mais pour appâter une jeune fille en perdition, il fallait être au plus près de la personne afin qu'elle vous accorde sa totale confiance. Même le plus insignifiant des détails pouvait compter, à commencer par la tenue...

Mon blouson de cuir et un jean brut, baskets et tee-shirt noirs complétèrent mon allure intimidante. Prenant même la décision de ne pas raser ma barbe naissante, j'étais sûr que ce petit élément finirait par la faire succomber. Bouillonnant d'impatience à tel point que je désirais  ajourner la séance avec mon patient, je commençais progressivement à me mettre dans le rôle, lors de mon départ pour le Médical Center. Plus les kilomètres défilaient, plus mon désir s'aiguisait en pensant à Aquilina.... Ou du moins, aux choses que je pourrais lui faire.... Ma main se contracta jusqu'à en interrompre la circulation sanguine et augmenta au maximum, la poignée des gaz. Ma grosse cylindrée noire mate, était le moyen le plus rapide pour rejoindre ma petite. Fou de vitesse et avide de sensations fortes, j'adorais frayer avec la Mort... Sans pour autant la provoquer, cela va sans dire... 

Débarquant dans le hall d'accueil du centre, casque et gants retirés que je disposais à l'entrée, je sortis mon dossier du meuble prévu à cet effet. Le consultant avec sérieux, je ne me rendis pas compte de suite, que les filles du bureau me dévisagèrent la bouche grande ouverte. Me sentant épié, je relevai la tête et les surpris en flagrant délit de strip-tease oculaire et tout ceci en discutant ouvertement de mon nouveau look, qui d'après ce que j'entendis par bribes, paraissait leur convenir unanimement.... Mais je n'en avais que faire... Moi, ce que je voulais, c'était l'abandon total au profit de la soumission illimitée d'Aquilina. Sentant la surexcitation parcourir mon corps, je devais retrouver absolument mon calme pour permettre à mon stratagème de fonctionner. Ma bouche se releva d'un côté, affichant un sourire presque pervers rendant toutes ces fanatiques déchaînées. Riant intérieurement en me disant qu'aucune d'elles ne ferait l'affaire, je les laissais fantasmer sur un avenir qui leur serait à jamais chimérique et partis en direction de mon client. Par chance, Monsieur Stanford me demanda d'écourter notre entrevue car il s'absentait pour passer différents examens médicaux. Ne voulant pas paraître inconvenant, du fait que ce contretemps me laissait le champ libre pour revoir Aquilina, je simulai un état de contrariété, l'invitant à s'excuser de ne pas m'avoir prévenu plus tôt et de ce fait, il parut extrêmement gêné. Un retournement de situation auquel j'adorais jouer. Mettre les gens dans des positions inconfortables, aussi bien physiquement que psychologiquement, suscitait en moi, une certaine délectation, prouvant une fois de plus que j'étais le meilleur dans ma catégorie. Ayant largement le temps de me rendre vers mon nouveau caprice, je fis comprendre à mon patient, qu'à l'avenir sa séance serait facturée si toutefois, de nouveau il se permettrait de repousser notre rendez-vous sans me prévenir. J'étais compréhensif mais je n'étais pas à la disposition des gens... Il réitéra ses excuses pour cet imprévu et me pria d'être indulgent avec lui car grâce à mon intervention, il était sur la voie de la guérison. Toujours laisser une porte de sortie, même à son pire ennemi avait dit un jour, mon professeur d'histoire. Je l'appliquai très régulièrement dans ma vie professionnelle afin d'éviter tous litiges. Concernant ma vie privée.... là.... c'était tout autre.... Nous nous quittâmes sur une bonne et franche poignée de mains. Le conflit fut évité. Prenant la direction de la chambre où résidait Aquilina, je fus brusquement arrêté par la fabuleuse vision qui s'offrait à moi. Dans la serre, Elle se tenait là douillettement installée dans un grand canapé moelleux. Cependant, à y regarder de plus près, je la trouvais absente. Le regard triste et ailleurs, elle parut distante. Avait-elle un souci particulier ou avait-elle reçu une mauvaise nouvelle ? La voir ainsi me désola et en tant qu'observateur attentif, cela piqua ma curiosité. Je devais savoir formellement pourquoi elle était dans cet état quasi végétatif. En direction du jardin d'hiver, j'entrai par la porte de service. Par chance, aucun grincement ne trahit ma présence. Je l'observai sans retenue et au fur et à mesure de mon exploration, je pouvais nettement discerner les quelques tâches de rousseur parsemant son visage, d'une candeur à vous faire bander comme un dégénéré. En admiration devant celle que j'avais choisi pour subir le meilleur comme le pire, de ma personnalité se délectant dans la douleur de l'autre, je sentis qu'Aquilina frissonna comme parcourue d'une énergie s'agitant autour de nous. Tel un mantra, je lui adressai silencieusement mes ordres : " Tournez votre visage vers moi, ma douce.... Regardez-moi.... Désirez-moi... " 

M'approchant d'elle dans la seconde suivante, je ne pouvais plus attendre indéfiniment. Aquilina se retourna, surprise de me voir l'approcher si rapidement et tenta de dissimuler sa morosité par un sourire de façade que je savais faux. Malheureusement pour elle, j'étais loin d'être l'idiot de la classe et pensai que, quand Aquilina serait mienne, il vaudrait mieux pour cette charmante demoiselle, qu'elle me dise toute la vérité sinon.... la sentence serait à la hauteur de son  mensonge... 

D'amour et de larmes ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant