Chapitre 2.3

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Lucas

Lucas se sentait bien et passait un agréable moment. Tous riaient de bon cœur, les trois amies avaient beaucoup d'humour et ne se prenaient pas la tête. Adam et Diane semblaient bien accrocher de leur côté, mais la jeune femme faisait attention à ne pas mettre Marina à l'écart.

Toutefois le regard de Lucas retournait toujours vers la belle Charlotte. Le morceau de salsa l'inspira, elle ne cessait de se trémousser sur le canapé en chantonnant.

– Tu comprends l'espagnol ?

Elle hocha la tête, tout en sirotant sa boisson à la paille.

– C'est en Espagnol que tu as parlé à Diane tout à l'heure ? insista-t-il.

– Non, c'était du français.

– Tu es d'origine française ?

– Oui.

Elle n'en dit pas plus et il avait du mal à entamer la conversation. Elle ne répondait pas uniquement par oui ou non à ses questions et ne lui en posait pas. Il avait envie qu'elle se montre curieuse à son égard, mais elle paraissait tendue quand ils se parlaient. Mais dès qu'une l'une de ses amies lui adressait la parole, elle semblait plus naturelle et faisait preuve de répartie et d'humour.

À part sa plaisanterie sur sa faveur pour son anniversaire, le jeune homme avait l'impression que leur discussion était à sens unique et il se demandait s'il ne devait pas laisser tomber. Ça devenait ridicule et gênant. Il était persuadé que le trouble qu'il avait ressenti en la rencontrant serait au moins un tout petit peu réciproque.

– Je vais me chercher un autre verre, quelqu'un veut autre chose ? lança l'objet de son désarroi à l'assemblée tout en évitant soigneusement de le regarder.

Il ne prit même pas la peine de répondre quand elle attrapa son verre et se dirigea – ou plutôt s'enfuit - à l'intérieur. Il soupira longuement pour la énième fois de la soirée, frustré et résigné. Marina se leva à son tour et suivit son amie. Une atmosphère particulière s'installa et le silence soudain se fit pesant. Diane posa sa boisson sur la petite table, se tourna vers Lucas et se racla la gorge pour attirer son attention.

– Charlie est la fille la plus courageuse que je connaisse. Elle sait gérer des dossiers délicats, des imprévus, des conflits. Mais elle a peur de ce qu'elle ne maîtrise pas et en particulier quand quelqu'un s'intéresse à elle. Le fait qu'elle te fuit est bon signe, accroche-toi.

Elle conclut d'un clin d'œil, porta de nouveau son verre à ses lèvres et reprit sa discussion avec Adam, l'air de rien.

Les deux amies revinrent après un moment, bras dessus, bras dessous, en riant. Charlotte avait l'air plus détendue. Sa belle brune buta sur une marche et se mit à pouffer, le faisant sourire. Elle est un peu pompette.

Elle posa le verre brutalement et quelques gouttes de son cocktail tombèrent sur le dos de sa main, qu'elle s'empressa de porter à sa bouche. Le jeune homme déglutit en voyant la pointe rose de sa langue laper le liquide. Elle leva ensuite les yeux vers lui et se lécha la lèvre supérieure.

Où était passée la biche apeurée qui s'était enfuie il y a dix minutes ? Elle avait basculé en mode féline et une autre partie de son anatomie comprit aussi ce changement.

– Tout va bien ? s'enquit-il.

– Oui, très bien !

Sa voix était plus assurée. Décidément, cette femme était pétrie de contradictions...

– D'ailleurs...enchaîna-t-elle. Il me semble qu'un barman m'avait promis de me laisser le choix d'une chanson.

Son air malicieux était de retour et ses doutes s'envolèrent d'un coup.

– C'est vrai Charlie, l'offre tient toujours.

Il était heureux d'être assez familier avec elle pour pouvoir l'appeler par son diminutif même s'il préférait la sonorité de Charlotte.

– Ton téléphone, réclama-t-elle en tendant sa main.

Il le déverrouilla et lui donna. Elle pianota quelques instants et il en profita pour mieux l'observer. Quelques mèches étaient un peu plus claires, comme si elle passait du temps en extérieur. Sa peau était mate avec une jolie nuance de dorée sans être trop bronzée. Concentrée, elle tordait sa bouche dans une adorable moue, faisant ressortir la ligne de sa mâchoire sur laquelle il avait terriblement envie de poser ses lèvres. Il fut tiré de ses rêveries par les premières notes de « Dancing with a stranger » de Sam Smith, en version acoustique.

Elle lui rendit le téléphone en souriant, un peu plus timidement, mais ne lâchant pas mon regard, en attente de son assentiment. Il sentait qu'elle avait besoin qu'il prenne les choses en main.

– Danse avec moi, la pressa-t-il en lui prenant la main légèrement, lui permettant de se défaire si elle le souhaitait.

Si elle hésitait, et bien il allait lui montrer que lui ne doutait pas, qu'il la voulait mieux la connaître, même si lui-même devait affronter ses propres incertitudes. Il avait senti une connexion particulière entre eux et envisageait voir où cela les mènerait. Ils se dirigèrent vers la piste de danse. Face à face, il faufila une main sur taille. En retour, elle glissa la sienne autour sur sa nuque, lui provoquant un frisson. Il aurait pu l'enlacer pour la coller contre lui, mais il voulait lui laisser de l'espace au cas où elle se sentirait oppressée.

Il fut agréablement surpris quand elle ferma les yeux et colla sa joue contre sa tempe, leurs lèvres à quelques centimètres seulement, et ils commencèrent tourner, au son de la musique. Sam Smith semblait leur parler à travers sa chanson. Charlotte ayant choisi ce titre, il s'interrogeait sur sa signification. Essayait-elle de lui faire passer un message à sa manière ? Il avait envie qu'elle soit plus à l'aise pour laisser l'autre Charlie faire surface, celle qu'il avait pu apercevoir quand elle était avec ses amies.

– Ça va ? murmura-t-il à son oreille.

Avec satisfaction, il la sentit frissonner.

– J'ai mal aux pieds, mais sinon c'est parfait.

Il rit, se détacha d'elle et s'agenouilla pour lui attraper un mollet et lui ôter son escarpin. Elle s'accrocha à ses épaules pour garder l'équilibre. Il fit de même avec son autre pied et en profita pour voir que ses orteils étaient joliment colorés en bleu et qu'un arbre tatoué couvrait le dessus de son pied gauche. Il posa ses chaussures sous une table vide à proximité et se redressa tout en l'effleurant sciemment. Elle n'avait pas ôté ses mains de ses épaules et ils se retrouvèrent enlacés plus étroitement cette fois. Elle était plus petite sans ses talons et son visage était au niveau de l'encolure de la chemise de Lucas tandis que son menton frôlait le haut de sa tête.

Il se mit à danser, afin de bouger, sinon il savait qu'il pourrait faire quelque chose qui pourrait l'éloigner de lui. Comme l'embrasser, la dévorer, l'emmener dans un coin plus intime et lui montrer tout ce qu'elle lui inspirait.

– C'est vrai, c'est parfait maintenant, conclut-il. 

Know Your Worth [En ré-écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant