Chapitre 6.2

32 9 29
                                    

Charlotte

Charlotte se concentra sur sa routine. Faisant une liste mentale des courses, elle ouvrit le lit pour l'aérer, récupéra la panière à linge à la salle de bains et se dirigea vers la buanderie accolée à la cuisine. Penser à ranger les jouets. Trier les vêtements d'été. Elle vit Lucas accoudé à l'îlot central, à boire une tasse de café tout en pianotant sur son téléphone.

Lucas était toujours là ?

Il était censé partir, fuir cette situation merdique où le mec ne savait pas comment se tirer après avoir réalisé qu'il n'aurait pas dû passer la nuit avec la fille. Il eut le toupet de lui demander, l'air de rien.

– La douche était bonne ? Je t'ai fait un café noir. Je ne sais pas si tu prends du lait ou du sucre, alors je l'ai laissé nature.

– Que... je veux dire.... hum...

– Tu m'as dit que je pouvais me faire un café, donc je me suis servi.

Il haussa les épaules, nonchalant, mais ses yeux étaient fixés sur elle et très sérieux. Elle se sentait perdue, mais secrètement heureuse qu'il soit toujours là. Mais elle n'avait pas envisagé qu'il resterait. Ni comment elle réagirait. Elle s'humidifia les lèvres, mal à l'aise. Peut-être avait-il mal interprété son invitation à partir ?

– Si tu ne veux pas manquer ton rendez-vous, tu devrais t'activer, surtout si tu veux lancer ta machine avant, provoqua-t-il.

– Lucas, je pense que tu as mal compris mes propos. Le déjeuner était... très sympa, mais je ne pense pas que... je veux dire... Bon, Lucas, j'ai apprécié, vrai–ment, apprécié que tu sois venu. Mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire qu'on fasse semblant. Plein de gens font ça et n'en font pas toute une histoire. Je veux dire, c'était....

– Sympa, c'est ça ? Alors toi tu sais comment t'y prendre pour flatter l'ego d'un homme. Sympa..., renifla-t-il avec dédain.

Il se dirigea vers l'évier, et commença à faire la vaisselle, lui tournant le dos. Charlotte posa la panière pour croiser les bras, toujours en attente de réponses.

– Que fais-tu ?

– La vaisselle.

– Très drôle... que fais-tu encore là ?

– J'attends que tu me répondes honnêtement.

– Pose ta question.

Il posa l'éponge, se retourna vers elle et croisa les bras à son tour.

– Pourquoi veux-tu que je m'en aille ?

La question à un million de dollars.

Elle se déplaça pour s'accouder à l'îlot et prit son courage à deux mains.

– Pour que tu ne te prennes pas la tête à trouver une excuse toi-même.

Pour ne pas souffrir de ton départ.

Il s'accouda à son tour pour lui faire face.

– Pourquoi voudrais-je partir ?

– Même si la journée était plus que sympa, tu vois bien qu'on est trop différents, non ? Je ne suis même pas capable de coucher avec toi.

– Redis encore une fois « sympa » à propos du temps qu'on passe ensemble et tu vas voir. Qu'est-ce qui te fait croire que je m'attendais à coucher avec toi ? Je ne t'ai pas dit à plusieurs reprises qu'on irait à ton rythme ?

– Qu'est-ce qui te fait croire que moi j'en avais envie ?

– Tu n'envoies pas les bons signes, chérie. Si tu ne voulais pas coucher avec moi, tu aurais été claire dès notre rencontre. Tu m'aurais friend-zoné et on serait passé chacun à autre chose. Par contre, petite menteuse, non seulement tu en as envie, mais tu as envie de plus. Tu m'as embrassé la première, tu as répondu à mes messages, c'est toi qui as suggéré d'un rapprochement plus intime dans le café lors de notre rencontre. Et puis s'envoyer de textos pendant presque deux semaines, inviter un mec chez toi... donc je reformule, pourquoi voulais-tu que je m'en aille ? Réponds à ma question et si tu le souhaites toujours, je m'en irai.

Charlotte était pied au mur. Qu'elle réponde ou pas, il finirait par s'en aller. De toute façon, tout était gâché par la dispute qu'elle avait provoquée.

Il tapa le comptoir du plat de la main. Sa patience était à bout.

– Ok Charlie. Tu ne joues pas franc jeu. Alors je vais le faire. Tu es une trouillarde. Une putain de trouillarde. Et ne fais pas ces gros yeux. Tu sais que j'ai raison. Tu as la trouille, car depuis la première fois depuis ton divorce, peut-être même avant, tu as ressenti quelque chose. Tu n'as pas raisonné, tenté d'expliquer ou anticipé la réaction des autres. Tu t'es laissée aller dans mes bras. Ce n'est pas uniquement physique. Sympa... je vais t'en foutre du sympa. J'ai adoré passer ce moment avec toi ! Le déjeuner, t'embrasser, te découvrir, te regarder dormir, apaisée, dans mes bras. Et juste dormir. Ton corps tout chaud contre moi. Tout ton corps. Tout. Ton. Corps.

Charlotte laissa échapper un sanglot. Il libéra la boule qui obstruait sa gorge et l'empêchait de respirer correctement. Lucas en profita pour se rapprocher et l'enlacer.

– Tout. Ton. Corps. Charlie, je ne sais pas pour qui tu me prends, mais je ne suis pas un putain d'enfoiré qui se barre parce qu'il a, ou n'a pas, tiré son coup. Je ne suis pas un putain d'enfoiré qui se barre avec une excuse de merde. Si j'ai juste envie d'une baise, je traîne dans les bars et j'annonce la couleur. Je ne me souviens pas avoir fait ça avec toi.

Elle se laissa aller à son étreinte, le visage dans son cou pendant qu'il passait son pouce sur la ligne de sa nuque. Elle prit son courage à deux mains pour lui confier.

– Tu avais passé ta main sous robe. Tu allais... Tu allais me voir... nue.

– Je pense que je t'ai déjà vue nue, rit-il dans ses cheveux

– Tu n'as pas vu mon corps de face ni à la lumière du jour...

– Ok. Puisque tu as admis à demi-mot que tu n'avais pas de rendez-vous et que l'après-midi n'est pas terminé, je te propose une petite sortie et on avise ensemble pour la suite.

Elle hocha la tête, un peu perdue par la tournure des évènements. 

Know Your Worth [En ré-écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant