Chapitre 7.3 (-18 ans)

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Lucas

Sur la route, Charlotte lui raconta sa semaine. Elle avait visité des producteurs de tomates qui avaient des soucis avec le climat humide de la Floride. Enthousiaste, elle parlait vite et avec les mains. Malgré son charabia — précocité, entre-nœuds ou autre couverture foliaire —, il sourit, heureux de voir son côté passionné. En revanche, il lui trouva un air fatigué et se demanda si c'était lié à leur week-end mouvementé. Elle lui confia souffrir de son bras opéré à cause des récoltes et des pesées qu'elle avait dû faire.

Une fois à l'appartement, elle se sauva sous la douche tandis qu'il lui préparait une collation. Elle en ressortit vêtue d'un legging et long t-shirt blanc. Ses cheveux mouillés imbibaient l'encolure de son vêtement. Elle ne portait pas de soutien-gorge. Et. C'était. Sexy. Surtout qu'elle ne s'en rendait pas compte.

— Ah ! Je revis. J'ai dû filer à l'aéroport juste après la dernière récolte. J'avais l'impression d'empester la sueur et la tomate dans l'avion, rit-elle en s'asseyant sur la chaise et s'accoudant au comptoir de la cuisine.

— Mort par tomate puante, ce n'est pas donné à tout le monde. Mais comme tu es canon en toute circonstance, personne ne s'en rendrait compte.

— Pff, n'importe quoi. Je sais très bien à quoi je ressemble, j'ai un miroir.

— Charlie, on ne va pas reparler de ça. Tu es belle. Tu veux que je te prenne tout de suite sur cette table pour te le montrer ou tu préfères manger un morceau avant ?

Elle resta silencieuse et continua son grignottage. Lucas caressa doucement son genou et remonta vers sa cuisse.

— Tu as l'air fatiguée...

— J'ai mal dormi. Je ne savais pas si tu voulais me revoir après ce qu'il s'est passé le week-end dernier.

Il se leva pour se caler entre ses jambes.

— Regarde-moi. On s'est appelé tous les soirs. Je t'ai parlé de mes projets. Tu crois que je ferais ça si je n'avais pas envie de te revoir ?

— J'ai peur, Lucas. Peur d'avoir mal quand tu vas me quitter. Peur de...humpfff.

Il l'embrassa pour la couper.

— Chérie, tu dis des conneries quand tu es nerveuse. Et quand tu dis des conneries, je t'embrasse.

— Arrête Lucas ! Même si balayer d'un baiser mes angoisses est très agréable...je voudrais en profiter pour te confier ce que ces quelques jours m'ont permis de réfléchir. (Elle eut un frisson.) Attends, je reviens...

Elle se leva d'un bond pour aller dans la chambre.

Aïe. Ça s'annonçait mal... Et merde, pourquoi ils se prenaient la tête là ?

L'appétit coupé, il rangea la table pour s'occuper quand elle revint. Elle lui avait emprunté un sweat à capuche et en triturait les manches. Il adorait la voir dans ses vêtements, trop grands pour elle, même s'il était toujours agacé par son attitude.

— Lucas ? Qu'est-ce que tu fais ? Nous n'avons pas fini de dîner...

— Comme tu es partie pour me faire une crise, je me suis dit que j'allais ranger les assiettes, au cas où...

Son ton était plus cassant qu'il ne l'aurait voulu, mais il avait tellement connu ce genre de dispute, pour un rien, qu'il savait déjà comment ça allait se passer. C'était le cas avec Kristen, puis avec Bianca. Pourquoi serait-ce différent cette fois ?

— Mais pour qui tu me prends ? Je ne suis pas le genre de femmes à bouder ou piquer une crise pour un oui ou un non, ok ? Surtout que là je ne vois pas pourquoi on se disputerait.

Elle contourna le comptoir pour entourer sa taille.

— Lucas, j'avais juste froid, car mes cheveux ont mouillé mon t-shirt, c'est tout. Je ne sais pas quel genre de relation tu as eue par le passé pour réagir ainsi, mais toi et moi, c'est le début d'une autre histoire. La nôtre.

Know Your Worth [En ré-écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant