Know Your Worth [En ré-écriture]

Chapitre 12

Charlotte

« On va se concentrer sur Hugo et on verra ensuite. »

Les mots de Lucas furent agirent comme un baume apaisant sur mon angoisse. Elle n'était pas seule dans cette épreuve. Le « on » était employé de manière si naturelle qu'il était évident que Lucas se sentait concerné par le bien-être du petit garçon.

Ils dinèrent tous ensemble. Henry et Lucas discutaient de tout et de rien et Ann était sous le charme du jeune homme. Charlotte ne savait pas comment s'était passé l'après-midi entre eux, mais à les voir si complices, elle dirait plutôt bien. Malgré cette ambiance détendue, la maman en elle doutait de la présence de Lucas pour veiller sur sa fille. Même si elle lui faisait confiance, ils ne se connaissaient pas et Lucas ne semblait pas avoir de l'expérience avec les enfants. C'était évident qu'il ferait un super papa, à le voir aider Camille avec sa viande, la faire rire, la distraire et jouer avec elle. Il l'avait aidé aussi à faire ses devoirs. Mais de là à laisser un de ses petits seul à la maison tandis que son autre bébé était souffrant...

Lucas la tira de ses pensées.

— Si tu veux, je te conduis à l'hôpital, et tu m'appelles pour que je vienne te chercher. Tu seras fatiguée demain matin, et je voudrais t'aider.
— Et nous gardons mademoiselle Camomille chez nous. Comme ça demain matin, elle va chercher les œufs chez la voisine et on préparera des crêpes qu'on vous amènera, ça vous va ? intervint Ann en faisant un clin d'œil à sa fille.
— Mais Mamiiiieee ! Arrête de m'appeler comme ça, ronchonna Camille.

Sa mère avait compris le dilemme de Charlotte et lui offrait une porte de sortie. Les mères savaient tout.

— Merci maman, souffla-t-elle. Je vais préparer mes affaires et un sac pour Miss Camomille.
Lucas la rejoignit dans sa chambre et ferma la porte derrière lui.
— Ça ne te dérange pas si je dors ici ? Comme ça, je suis plus près si tu as besoin de moi.
— Non pas de souci, je te donnerai mon jeu de clefs.
— Charlie... tu peux me dire si quelque chose te gêne. J'ai bien vu que tu étais soulagée que ta mère te propose de garder Camille. Si tu ne veux pas que je reste seul avec ta fille, je le comprends. C'est trop tôt. Mais si j'ai bien appris une chose, c'est que de ne pas se dire les choses empire la situation, tu ne trouves pas ? Aller viens, ton fils t'attend et j'ai besoin que tu m'envoies vite de bonnes nouvelles sur son état de santé.

Charlotte embrassa sa fille, remercia ses parents et Ann lui glissa un sac avec des restes du dîner à l'attention de Tom. Dans la voiture, Charlotte repensa à ce geste pour son ex-mari qui prouvait toute la générosité et la prévenance de sa mère. Un pincement au fond de ses entrailles l'attisa, aiguisé par les paroles de Lucas quant à leur problème de communication. Elle remisa ce point épineux de côté pour se concentrer sur son fils, qui avait besoin qu'elle soit à 100 % concentrée sur lui.

Lucas lâcha le volant pour poser sa main sur sa cuisse. La chaleur qu'il dégageait la réconforta le temps du trajet. Il lui fit promettre de lui donner des nouvelles et repartit non sans l'avoir embrassée. Elle souffla un bon coup pour se donner du courage, redressa le dos et entra dans le bâtiment où son petit gars se faisait soigner. C'était son unique priorité pour le moment.

*****

Hugo avait une gastro-entérite sévère. Il dut rester hospitalisé deux jours supplémentaires pour le réhydrater et surveiller la disparition des symptômes. Le petit garçon avait été bien courageux, ne se plaignant pas de sa perfusion ou du manque de confort de sa propre chambre.

Charlotte et Tom se relayèrent au chevet de leur fils. Personne ne prit ombrage de la présence de Tom chez son ex-belle-mère. Tout le monde avait senti que Tom vivait mal cette expérience, persuadé d'être un mauvais père pour être passé à côté de ce diagnostic.

Charlotte avait de la peine à le voir dans cet état. Les anciens époux mirent de côté les sujets fâcheux pour s'épauler. Finalement, ils purent ramener leur fils chez Charlotte le lendemain soir, avec une prescription et l'ordre de rester au lit encore quelques jours. Tom dormit chez lui, mais passait dès sa journée terminée, Camille la contracta aussi, mais sous une forme moins agressive. Charlotte passa à travers, comme si ce virus savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de tomber malade.

Lucas avait raison. Tout le monde avait été adorable du moment où elle les avait laissés l'aider. Jenna voulut manifester son soutien et fit passer de la soupe par le biais de Tom. Malgré sa réserve envers elle, Charlotte apprécia le geste.

Le vendredi soir, ce fut un Hugo encore fatigué, mais remis sur pied qui bondit sur Lucas quand il arriva à la maison. Hugo avait laissé sa chance à l'homme qu'elle aimait, pour son plus grand bonheur.