Know Your Worth [En ré-écriture]

Chapitre 18 - Partie 2

Lucas

Lucas étouffait dans son appartement. La visite - ou plutôt le savon - que Diane venait de lui passer lui avait fait ouvrir les yeux sur son attitude. Ses actes et ses paroles pessimistes ne lui ressemblaient pas. Il devait se ressaisir et s'aérer la tête.
Tout de suite.
Il se précipita dans sa chambre prendre son sac et partit en trombe en envoyant un message à Adam et Jake pour le rejoindre à la salle de sport.
Une fois au gymnase, Lucas commença à s'échauffer doucement en attendant ses confidents. Il avait besoin de lâcher du lest. De trouver une autre solution. De prendre du recul et surtout de sortir de cette torpeur qui l'empêchait de rebondir depuis dix jours.

— Bonjour Lucas.
Il se retourna. Taylor. Gé-nial. Cette putain de journée n'en finissait pas.
— Salut Taylor. Quel hasard de se retrouver dans la même salle, ironisa-t-il.
— En fait, c'est Jake qui m'en a parlé lors de la soirée d'Halloween, je cherchais un endroit pour m'entraîner. Et là, j'accuse le décalage horaire et je dois lutter contre le sommeil ou je vais mettre trois jours de plus pour récupérer, gloussa-t-il.

Lucas détestait ce type. Il avait l'air parfait même après quinze heures de vol et avait passé dix jours avec Charlotte. Ils avaient sûrement ri, parlé, créé des souvenirs. En fait il ne le détestait pas, il enviait le temps qu'il avait passé avec la femme qu'il aimait.

— Je suis surpris que tu ne sois pas avec Charlie, elle avait l'air triste hier matin, quand elle ne t'a pas vu l'accueillir, comme la dernière fois.
— Écoute, je n'ai pas trop envie d'en parler avec toi, marmonna Lucas, agacé.
Taylor dut sentir sa gêne, car il fit diversion en lui proposant de pratiquer un peu.
— Je ne savais pas que tu boxais, s'étonna Lucas. Si tu veux, ça peut être intéressant.

Ils enfilèrent leurs gants et protections. Taylor fit quelques assouplissements, retira son sweat puis ils entamèrent quelques enchaînements, silencieusement. Ils semblaient s'apprivoiser, chacun concentré sur la posture de l'autre, essayant d'identifier les points d'appui, la garde, les esquives, les attaques. D'autres personnes s'entraînaient sur des sacs de frappe ou d'autres rings, mais ils n'y prêtaient pas attention, trop focalisés l'un vers l'autre. Taylor rompit le silence.

— Assez échauffé ?

Lucas hocha la tête, même s'il était déjà fatigué à cause des nuits blanches et de l'alcool, il avait hâte de voir ce que ça donnerait. Taylor semblait savoir boxer. Il hésitait entre le besoin de se défouler et l'envie de voir son niveau. Taylor sembla deviner mes pensées.

— Alors on se la joue comment ? Tu veux te défouler ou tu veux qu'on se teste ? Le défia-t-il.
— Pourquoi pas les deux ? Testons-nous et puis...
— Ça me va. Puis-je suggérer d'éviter la tête ? proposa-t-il en désignant son œil d'un geste du menton.
— Ah ah très drôle, bon on y va ou on va se boire un café ?
Lucas savait bien qu'il agissait comme un petit con à répliquer comme ça, mais c'était plus fort que lui et sa mauvaise humeur prenait le dessus.
— Go.

Ils entrechoquèrent leurs gants et se mirent en garde en sautillant, se tournant autour. Qui attaquerait le premier ? Lucas était plus mince que lui, son agilité serait son atout. Taylor risquait de cogner fort, il était plus musclé qu'il en avait l'air sous ses chemises et ses pulls. Il aurait plus d'impact s'il attaquait en premier plutôt que sur une contre-attaque. Il fallait donc que Lucas ouvre en premier.

— Tu cogites trop, déclara Taylor. Fie-toi à ton instinct. Laisse ton corps s'exprimer, ne le bride pas. N'aie pas peur de frapper, sinon tu n'as pas choisi le bon sport.
Il allait se la fermer avec ses conseils paternalistes à deux balles ?
Ils échangèrent quelques coups pour juger leur attaque et leur parade, mais il dut accepter l'évidence.

Ce mec était un mur.
Lucas était en nage. Il ne sentait plus ses bras ni ses jambes. Il vit à la lueur dans son regard que Taylor avait compris qu'il s'était fatigué. Ils maintinrent le rythme encore dix minutes et d'un commun accord, ou juste parce qu'ils étaient hors d'haleine, décidèrent d'arrêter le combat.
Ils cognèrent leurs gants à nouveau quand ils entendirent des applaudissements et virent Adam, Jake et quelques sportifs les féliciter. Ils les aidèrent à retirer leurs gants et leur donnèrent à boire.

— Ça fait longtemps que tu boxes Lucas ? demanda Taylor entre deux gorgées d'eau.
— Dix ans. Mais je m'y suis mis sérieusement il y a cinq ans.
Quand il avait perdu sa famille.
— Tu as une bonne technique. Très bonne même. Tu es agile et tu as de l'impact à droite. Tes rotations à gauche sont insuffisantes, c'est pour ça que tu as du mal.
— Bien vu, c'est ce qu'on me dit tout le temps.
— Tu t'entraînes avec qui ?
— Avec ces deux-là.
Il désigna Adam et Jake d'un geste de la tête alors qu'ils firent un coucou de la main à Taylor. Il pouffa, l'humeur plus légère.
— Tu devrais changer de partenaire de temps en temps pour varier tes techniques.
Il but une gorgée et lui proposa par-dessus sa bouteille.
— Je pourrais être ce partenaire en extra. Si ça te dit bien entendu.
— Pourquoi pas, grogna-t-il.
— Ce n'est pas la joie qui t'étouffe en tout cas, railla-t-il.
Lucas réalisa que Taylor ne lui avait rien fait. Le connard dans l'histoire c'était lui.
— Merci Taylor, j'ai apprécié boxer avec toi. Tu es très bon. J'aimerais beaucoup remettre ça, reconnut Lucas dans un élan de sincérité.
— Si ce n'est pas mignon. Lucas vient de se faire un petit copain, ricana Adam.
Lucas fixa Jake, qui hocha la tête et claqua une taloche sur l'arrière de la tête de son frère.
— Vous me rappelez mes frères, s'esclaffa Taylor.
— Tu en as combien ? demanda Jake.
— Deux. Mais ils ne vivent pas dans la région. Je vous invite à boire un café ? Cette séance m'a fait du bien, mais si je ne me caféine pas, je vais sombrer...

Il se leva et essuya son visage avec le bas de son t-shirt. Bon sang, si Charlotte avait vu ses abdos...mais ce furent les fines lignes blanches qui striaient son flanc qui l'interpellèrent, mais il le garda pour lui. Taylor semblait être plus complexe que ce mec nonchalant dont il était jaloux car il passait du temps avec sa femme.
Mais elle n'était plus sa femme. Pour le moment.

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