Chapitre 3.3

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Charlotte


– Tu as passé une belle journée, Charlie ?

– Oui. Très. Elle est passée trop vite malheureusement.

– On se refera ça, promis.

Elle n'osa pas rebondir sur son sous-entendu, de peur d'avoir mal compris.

– Écoute Charlie, j'ai très envie de te revoir. Pour moi, il ne s'agit pas juste l'histoire de s'amuser un week-end, j'ai passé l'âge. Enfin de mon côté, et j'aimerais continuer à te connaître, et...

– Lucas, coupa-t-elle. Je dois t'avouer quelque chose. Je suis divorcée. Et j'ai deux enfants. Une fille, Camille, qui a six ans et un garçon, Hugo, qui a quatre ans. Je partage leur garde avec Tom, mon ex-mari.

Elle but une gorgée de son cappuccino. Sa gorge était serrée, le liquide avait du mal à passer. Lucas ne disait rien, il la regardait. Ses lèvres ne formaient plus qu'un pli. Ça se présentait mal.

– Lucas, dis quelque chose s'il te plaît.

– C'est quoi le rapport ?

– Le rapport avec quoi ?

– Tu essayes de trouver un prétexte à ne pas me revoir ?

– Quoi ? Non pas du tout ! Au contraire, je t'offre une porte de sortie. J'ai une vie compliquée, un travail prenant, deux enfants, un ex-mari, un passé avec des casseroles... Si tu ne veux pas continuer, je comprendrai... Après tout, c'était un week-end sympa...

– Conneries ! Trouve-toi d'autres excuses, grinça-t-il.

Elle perçut une pointe de colère dans sa voix. Il fourra ses mains dans les cheveux, agacé.

– Comment ? Lucas, je ne comprends pas, explique-toi.

– Tu crois que le fait que tu aies un ex ça change quelque chose ? J'ai des ex aussi. Et tes enfants ? Tu les considères comme un fardeau ? Non, je ne pense pas. Tes enfants, comme tes expériences passées, font de toi la personne que tu es.

Il reprit sa main puis ajouta doucement.

– Tu me plais telle que tu es. Bien sûr, j'ai été surpris d'apprendre que tu as des enfants, car tu le n'as pas mentionné de la journée. Mais tes enfants font partie de toi, y'a même pas à tergiverser, conclut-il doucement. Autre chose ?

– Si... nous devenons plus... intimes.... tu verras que je n'ai pas la silhouette des autres femmes.

Elle déglutit pour faire partir cette putain de boule qui l'oppressait.

– J'ai porté deux enfants.

Son cœur battait la chamade. Elle n'osait pas le regarder. Elle n'avait pas envie de voir le dégoût dans ses yeux, comme elle avait pu le voir dans ceux de Tom si souvent. Mais elle préférait mettre les cartes sur table d'entrée, avant que les sentiments n'entrent en jeu. Lucas gardait sa main entre les siennes, pour l'apaiser et garder un contact physique avec elle.

– J'ai été malade par le passé. Nécessitant aussi des opérations sur d'autres zones de mon corps.

– Et aujourd'hui ?

– Je reste sous surveillance, mais tout va bien. Tout ça pour te dire que je n'ai pas le physique d'une jeune fille au ventre plat et aux seins bombés comme tu peux conn... humpffff

Lucas avala sa phrase en attrapant sa nuque pour poser ses lèvres contre les siennes.

– Tu me plais tout entière. Tes enfants, tes ex, tes angoisses, tes complexes, je prends tout, car ils font partie de la femme que je découvre et avec qui j'ai passé la journée. Maintenant que tout a été dit et que ça n'a rien changé de l'attrait que j'ai pour toi, on peut y aller. J'ai envie de profiter de Cendrillon avant qu'elle ne rentre.

Un peu dans le flou de sa déclaration, elle suivit Lucas jusqu'à sa voiture, où elle déposa ses affaires puis s'adossa. Lucas se cala entre ses jambes et l'enlaça.

– Donne-moi ton numéro, belle Charlie.

Elle adorait quand il l'appelait comme ça.

– Tu l'as déjà. (Il haussa un sourcil.) Je l'ai mis dans tes contacts quand j'ai pris ton téléphone pour choisir ma chanson. Initiative alcoolisée.

– Hum, petite chipie, rit-il. Tu as bien fait.

Il reprit vite son sérieux et fixa sa bouche. Il était de nouveau intense, comme la nuit dernière.

– Je vais t'embrasser, Charlie.

Était-ce un avertissement ou une question ? En tout cas, ce fut elle qui fit le mouvement d'unir leurs lèvres. Lucas glissa ses doigts dans ses boucles pour la garder contre lui. Mais elle n'avait pas envie de bouger, elle se sentait couler entre ses bras. Sa repousse de barbe lui picotait la mâchoire. Elle ouvrit la bouche pour l'accueillir.

Il l'avait apprivoisée et dorénavant, il la séduisait, la laissant venir à lui. Leurs bouches apprenaient à se connaître. La sienne semblait renaître sous son contact. Sa chaleur, son humidité, son souffle réveillaient ses terminaisons nerveuses qui se reconnectaient à d'autres parties de son corps, comme des fluides de chaleur qui se diffusaient partout. Elle se croyait trop vieille pour revivre la sensation d'un premier baiser. Quelle belle erreur.

Charlotte répondit à son invitation muette et se colla plus étroitement contre lui et fourra à son tour ses doigts dans sa chevelure. Elle en avait envie depuis qu'elle l'avait vu pour la première fois. Elle était douce, épaisse et les mèches assez longues pour couvrir ses doigts. Elle l'entendit gémir dans sa bouche. Délicieux. C'était le baiser le plus érotique qu'elle avait reçu depuis très longtemps. Son contact, son odeur, son soupir, sa chaleur l'enivraient. Dire qu'ils étaient de parfaits inconnus il y a à peine 24 heures. Sa tête en pause, elle lâcha prise. Ce moment, ce premier baiser, ne se reproduirait plus. Il était unique.

Puis Lucas se détacha doucement. Ils collèrent leurs fronts, souffles emmêlés et sortirent de cette torpeur sensuelle. Lucas avait glissé un bras autour de sa taille et sa main sous son haut, caressant le bas de son dos avec son pouce. Elle plongea dans son cou pour prolonger ce moment, inhalant son parfum. Il déposa un léger et ultime baiser sur sa tempe et se racla la gorge.

– Charlie...

– Oui ?

– Je t'ai dit qu'il n'y aurait rien de plus ce soir, car on vient de se rencontrer... Mais si tu m'embrasses comme ça, je te ramène chez moi, je te jette sur mon lit et on n'en ressort pas avant lundi, OK ?

Charlotte pouffa, soulagée qu'il ait ressenti le même émoi.

– Tu trouves ça drôle en plus ?

Elle redressa la tête et vit qu'il souriait, les cheveux en bataille, ses lèvres rosies et enflées.

– Disons que je pensais avoir perdu la main depuis le temps., taquina-t-elle.

– Putain tu me tues Charlie, rigola-t-il. Bien, je vais être le plus raisonnable de nous deux. Chacun va rentrer chez soi, hélas, mais on va très vite diner ensemble, ok ?

Elle se contenta de hocher la tête, certaine qu'il se lasserait rapidement quand il réaliserait que c'était trop pour lui. Il fondit sur sa bouche une dernière fois avant de la regarder s'installer dans la voiture. Elle démarra et vit Lucas lui faire un signe dans le rétroviseur. Cinq minutes plus tard, elle reçut un message d'un numéro inconnu avec un lien vers la chanson « Wait for you » de Tom Walker et un cœur en emoji.

Attendrie, elle sourit et écouta la mélodie en aller retrouver ses enfants. 

Know Your Worth [En ré-écriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant