- 22 -

32 8 130
                                    


Ma plus récente étreinte doit remonter depuis l'épreuve des sélections, quand j'ai serré ma famille dans mes bras après avoir réussi. Il n'y a jamais personne pour me rassurer, me dire que tout ira bien en ces temps durs. En fait, il n'y a jamais vraiment eu quelqu'un pour le faire parce que je gardais tous mes ressentis à l'intérieur. Je sais que j'ai seize ans, je sais que je suis assez vieille pour gérer mes propres problèmes par moi-même mais des fois, j'aimerais qu'il y ait quelqu'un sur qui m'appuyer. Peut-être juste une seule fois ? J'essaie toujours de retenir ma peine, ma douleur et ma tristesse pour pouvoir réconforter les autres. Je me dis qu'il vaut mieux que je sois forte pour eux. Mais est-ce qu'il y a déjà eu quelqu'un qui a essayé d'être fort pour moi ? Je ne sais pas et honnêtement, j'ai bien peur que ce ne soit pas le cas.

C'est bête, vous devez vous dire. Je sais que personne ne peut deviner comment je me sens si je n'exprime pas mes émotions mais pourtant, j'espérerais que quelqu'un y parvienne. En ce moment, j'ai l'impression que trop de sentiments divers envahissent mon corps et ça me fait sentir instable et fragile, je préfère donc m'isoler pour que personne ne me voit en cet instant de faiblesse. Trop de choses reposent sur mes frêles épaules, j'ai besoin de me vider l'esprit. Je sais que personne ne pourra y remédier, c'est pourquoi je choisis d'être seule.

J'enfile mon manteau et mes bottes en voyant les gros flocons tomber du ciel pour s'écraser sur le sol. Je sors dehors et m'éloigne du manoir, cherchant un endroit calme et confortable. Je remonte une pente enneigée pour arriver au sommet d'une petite falaise qui surplombe la rivière glacée. Je m'assois par terre, en face du cours d'eau gelé, observant la neige recouvrir le peu d'herbe qu'il reste à découvert.

Mon corps tout entier s'y oppose mais mon cerveau oblige les larmes à couler. Je ne fais pas de bruit, je laisse seulement les gouttes d'eau légèrement salée glisser sur mes joues. Je pleure. Ça doit faire un siècle entier que je n'ai pas versé une larme. Je dois avouer que ça fait du bien pour une fois de pouvoir se laisser aller.

Puis soudainement, une intense douleur s'empare de moi. Pas la douleur naturelle, la douleur émotionnelle. Je ferme les yeux en serrant les dents, essayant de me retenir de pleurer trop. Je suis prise de tremblements et j'enfouis mon visage dans mes mains. Il n'y a personne pour me regarder mais je suppose que je préfère épargner ce spectacle à quelconque animal qui passerait par là. Je ressens une boule au ventre et j'ai la gorge nouée, je n'arrive presque plus à respirer. Je suis impuissante, je voudrais juste que quelqu'un décide de s'occuper de tous mes problèmes à ma place. Au lieu de ça, je suis assise dans la neige, seule, devant une rivière, à pleurer comme une désespérée. Je suis tellement pitoyable.

Je voudrais juste que quelqu'un tienne à moi.

Une main se pose sur mon épaule et par réflexe, j'essuie furtivement mes joues baignées de larmes. Je sais que ce simple geste n'arrivera pas à camoufler ma peine, notamment à cause de mes yeux rougis mais je n'y pense pas. Je n'ose pas tourner la tête quand j'entends une voix :

- Atsuko ?

Qui que ce soit, je ne veux pas affronter son regard. Je ne veux pas voir le jugement dans les yeux de cette personne, je ne veux pas ses reproches. Je veux qu'elle s'en aille.

Mon coeur s'est presque arrêté de battre lorsque Kazaki a passé ses bras autour de moi pour me serrer contre lui. Car oui, il s'agit de mon coéquipier. J'aurais voulu que ce soit n'importe qui d'autre que lui mais il va falloir faire avec. Je ne sais pas pourquoi mais je lui rends son étreinte en essayant de cacher mon visage du mieux que je peux. Pourtant, lorsqu'il relève ma tête pour me regarder droit dans les yeux, je ne peux pas l'ignorer. Des larmes coulent sur ses joues et à l'instant où je les vois, c'est comme si toute mon inquiétude s'était envolée.

Ligue 09Où les histoires vivent. Découvrez maintenant