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Le centre scientifique se dresse devant nous, nous surplombant avec son imposante structure. L'architecture du bâtiment est originale, un style que je n'avais jamais vu auparavant. Il est entièrement composé de blanc et s'étend sur plus d'une centaine de mètres. Un énorme portail de métal nous sépare de l'édifice que nous observons tous, époustouflés. Je ne peux pas avoir une vue de l'intérieur de la bâtisse car elle ne comporte aucune fenêtre. Nous nous contentons donc de balayer du regard chaque détail qui nous passe sous les yeux avec émerveillement. La pelouse est d'un vert flamboyant, presque irréel, semblant trop parfaite. Des cerisiers en fleurs plantés çà et là attirent mon attention. Leur période de floraison est au printemps et non en automne, je me demande comment c'est possible. Peut-être sont-ils des faux ? Le plus impressionnant est ce saule pleureur aux feuilles bleutées alors qu'elles sont supposées être vertes. Pourquoi chaque végétal qui fait partie de cet endroit est si particulier, voire, anormal ? Pendant que toutes ces questions circulent dans ma tête en quête de réponse, un vieil homme bedonnant aux cheveux grisâtres s'approche, s'aidant de sa canne surmontée d'une tête de corbeau sculptée.

- Justement, je vous attendais, déclare-t-il avant de se faire interrompre par une quinte de toux. Excusez-moi... je me présente, je suis Nobu Arai. C'est un honneur pour moi de recevoir les membres de l'incroyable Ligue 09 dans mon établissement. J'espère que vous apprendrez ce que vous êtes venu savoir.

Mon sang se glace et ne fait qu'un tour. Automatiquement, mes dents se serrent et mes poings se crispent, sentant le feu ardent qu'est la colère brûler en moi. La haine que j'éprouve pour cet homme que je connais à peine est inimaginable. Rien de voir son sourire bienveillant, son état de santé assez minable et ses yeux rieurs, je le déteste déjà. Comment peut-il se permettre d'être heureux sachant qu'il est complice de milliers de meurtres et qu'il torture des gens ? C'est un malade, voilà tout.

- Si vous le voulez bien, nous allons commencer la visite, annonce monsieur Arai en nous tournant le dos pour s'engager sur la petite allée de dalles de pierre. Je ne pourrai pas vous tenir compagnie bien longtemps, j'ai une expérience importante à diriger. Je vais donc devoir vous laisser entre les mains de mes employés, ils s'efforceront de vous expliquer du mieux qu'ils peuvent ce que vous souhaitez savoir.

Une question brûle mes lèvres mais je m'abstiens de la poser. Quelle genre d'expérience va-t-il faire ? Une torture, une analyse d'un cadavre ? Je n'en ai aucune idée et pour être honnête, je ne suis pas vraiment certaine de vouloir le savoir. Mais bon, quel acte encore plus immonde pourrait-il bien faire de plus que ce qu'il a déjà accompli ? Je ne peux pas nier qu'il y a des choses qui dépassent notre imagination, qui vont au-delà de nos pensées. Alors, qu'est-ce que ça pourrait être ?

Le directeur du centre scientifique nous laisse aux soins de son assistant qui commence à nous faire visiter les lieux. Avec une étincelle de passion dans les yeux, il nous explique le fonctionnement de toutes les machines utilisées avec entrain. Tetsuo et Ayana ont l'air profondément ennuyés, Jun, Kenzo et Yuzuru sont véritablement intéressés et Izumi et Kei font semblant d'être passionnées alors qu'elles s'en contrefichent totalement. Moi et Kazaki restons en retrait derrière le groupe, à parler à voix basse et à émettre quelques hypothèses.

- Peut-être qu'il cache même des cadavres sous son lit, suggère Kazaki.

- Roh ta gueule ou je m'en vais, répliqué-je en levant les yeux au ciel tandis que mon collègue s'esclaffe et se ravise lorsqu'il voit le regard noir que lui jette Yuzuru.

Soudain, un énorme bruit retentit, comme une explosion et c'est le noir total. Je sens une main s'agripper à mon bras et plusieurs voix en panique retentissent dans le couloir. Je n'ai vraiment aucune idée de ce qu'il se passe mais je prends la main de la personne qui tenait mon bras, de manière à être sûre de rester avec quelqu'un en tout temps. Je sens le sol trembler légèrement et la tension est palpable. Je m'accroche un peu plus à la personne que je tiens, serrant les dents, comme si ça pouvait un peu retenir la panique qui me gagne. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Quel était ce vacarme assourdissant ? Les lumières vacillantes se rallument, clignotant de temps à autre. Plusieurs ont été expulsés sur le sol, sûrement dût aux tremblements ou bien à la peur.

Ligue 09Où les histoires vivent. Découvrez maintenant