Ligue 09

Bonus Ayana et Kenzo - pt 4

Je n'arrive pas du tout à dormir et ce n'est pas comme si je n'avais pas essayé. Il est cinq heures du matin et j'ai enfin abandonné parce que c'est plus une torture qu'autre chose. Allez savoir pourquoi, je décide de boire un café, comme si j'avais besoin d'être tenu réveillé. Je marche en rond dans la cuisine, angoissé.

Ça fait deux ans que j'ai emménagé dans un appartement avec Ayana, proche de l'Académie. En parlant d'elle, sa relation avec ce fameux garçon n'a pas duré très longtemps. Je n'ai juste plus jamais osé lui confesser mes sentiments, par peur d'être rejeté et de gâcher une amitié qui pour moi était très importante.

Et croyez-moi ou non, mais nous sommes tous les deux acceptés pour les épreuves de sélection de la Ligue 09, qui prennent place dans deux jours. C'est en partie pourquoi je n'arrive pas à trouver sommeil. Je suis trop préoccupé par ce qui se prépare. Et si jamais c'est beaucoup plus dur que prévu ? Que je ne suis pas à la hauteur ? Je ne peux cesser de penser au fait qu'Ayana pourrait être acceptée mais pas moi. Si c'est le cas, je ne la verrai presque plus.

Je vais prendre une douche, je m'habille du mieux que je peux, je passe un temps pas très raisonnable à coiffer mes cheveux, je refais cinquante tours de l'appartement pour évacuer le stress et finalement, ne pouvant pas attendre plus, j'ouvre la porte de la chambre d'Ayana pour aller la réveiller. Je touche son épaule pour la secouer doucement, histoire de ne pas trop la surprendre. Par automatisme, elle lève le bras pour me repousser et me claque en plein visage accidentellement.

- Je t'ai fait mal ? demande-t-elle en se redressant rapidement.

- Un peu désagréable mais ça va...

- Tu sais on est quel jour ? me questionne-t-elle, comme si elle venait de réaliser l'importance d'aujourd'hui.

- C'est un peu à ça que je pense depuis cinq heures ce matin mais je te laisse le plaisir de l'annoncer.

- C'est les épreuves ! s'exclame Ayana en m'ignorant. Je me sens comme une gamine de onze ans, c'est pas possible d'être excitée comme ça.

Elle prend son uniforme dans son placard et s'apprête à le revêtir avant de se retourner vers moi. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas réalisé plus tôt le problème qu'il y avait.

- Tu sors, dit-elle.

- Oui, désolé, m'excusé-je en refermant la porte.

Je m'assois dans le salon pour l'attendre en maudissant mes mains qui ne cessent de trembler depuis tout à l'heure. Ayana finit par sortir et me fait signe de la suivre. On sort souvent déjeuner dehors puisque personne ne pense jamais à faire l'épicerie, ici. Résultat, le réfrigérateur et le garde manger sont pratiquement vides.

- Il serait vraiment temps d'apprendre à organiser nos repas... commenté-je tandis qu'on marche dans la rue déjà bondée pour l'heure si matinale.

- À quoi bon le faire maintenant ? À la fin de la journée, on sera au calme dans le manoir de la Ligue 09, avec un chef cuisinier personnel, répond-elle en pointant une boulangerie pour qu'on se prenne quelque chose à manger.

- Tu peux parler pour toi, rétorqué-je.

- J'hésite à te frapper jusqu'à ce que tu admettes que tu es talentueux et que tu t'es beaucoup entraîné pour ce jour et qu'il n'y a aucune raison de douter de toi-même. Je le ferai pas mais sache que je l'envisage.

- On ne peut jamais être sûrs, on n'est pas les seuls candidats.

- Du moment qu'on est ensemble, je pense que ça devrait bien aller, déclare Ayana nonchalamment.