Je cours aussi vite que mes jambes me le permettent mais c'est difficile étant donné que l'image de la dépouille ensanglantée de Jun me revient toujours en tête. Je revois la flaque de liquide rouge poisseux qui s'était formée autour du corps frêle de mon collègue et j'ai un haut-le-coeur. Mon cerveau n'a toujours pas enregistré le fait que je ne reverrai plus Jun, que je n'entendrai plus jamais sa voix car il refuse d'affronter la réalité. C'est juste trop dur. Je préfère me bercer d'illusions en m'imaginant qu'il sera là lorsque nous sortirons du bâtiment, un sourire aux lèvres. Il se retournera, les bras ouverts, prêt à nous serrer dans ses bras, pour nous dire que nous n'avons pas échoué.Soudainement, sentant que mes jambes ont de la misère à supporter mon poids, je m'arrête. Ce n'est pas grave, nos ennemis vont me rattraper et me tuer. Je vois Kazaki se retourner et crier quelque chose. Qu'est-ce qu'il dit ? Je ne sais pas, je ne l'entends pas. Une multitude de son parviennent à mes oreilles en même temps, ce qui crée un chaos affreux. Je ne discerne pas le moindre bruit clairement tant ils sont tous mélangés. Pourquoi s'arrête-il, pourquoi m'attend-il ? S'il croit que je vais bouger de là, il se trompe lourdement. Au moindre pas, je risque de m'écrouler face contre terre, ce qui ne sera pas très agréable. Pourtant, je le vois poursuivre son chemin vers moi à la course en continuant de hurler quelque chose. Il n'a pas l'air fâché contre moi, il a l'air simplement paniqué. Je sens ses mains se poser sur mes épaules et ces dernières deviennent toutes engourdies. Le corridor tourne autour de moi à une vitesse plutôt rapide et j'ai l'impression que je vais m'évanouir. Lorsque mes jambes refusent de me soutenir pour de bon, je m'appuie sur Kazaki. La dernière chose que je vois c'est son visage et des larmes qui coulent sur ses joues. Puis c'est le noir total.
C'est paisible, ici. Je ne sais pas vraiment où je suis mais honnêtement, ça m'importe peu. C'est calme, c'est sombre et je me sens en sécurité. C'est comme si je n'avais plus de problèmes, tous ces soucis qui pèsent une tonne sur mes épaules. Je me sens légère et libre de faire ce que je veux sans devoir m'inquiéter des conséquences que cela pourrait apporter.
Lorsque j'entends une voix lointaine qui m'appelle, je prends peur. Et si cet endroit était dangereux, en fin de compte ? Je ne sais pas comment en sortir, je serai prise au piège si quelque chose ou quelqu'un m'attaque. Finalement, je vois une lumière aveuglante qui surgit de nulle part et qui s'agrandit peu à peu. Je n'en connais pas la raison mais mon corps m'ordonne de ne pas m'enfuir et de rester.
- Atsuko ! Atsuko ! Bon sang, tu vas bien !
Cette voix, bien qu'énervante, m'est étrangement familière. Je repère Kazaki dans mon champs de vision et Ayana qui est penchée au dessus de moi. Je sursaute mais je n'ai pas assez de forces pour me relever.
- C'est bon, elle est réveillée, déclare Ayana en s'asseyant. Ne la brusque pas trop, elle doit être encore un peu étourdie.
- Q-qu'est-ce qui s'est passé...? demandé-je faiblement d'une voix beaucoup plus rauque que ce que je croyais.
- Tu t'es effondrée tout à l'heure alors que nous sortions du centre scientifique. Ayana t'as transportée et lorsqu'on s'est rendus assez loin du laboratoire pour être hors de portée de nos opposants, on t'a déposée par terre et attendu que tu te réveilles. Tu respirais encore et émettais tous les signes vitaux nécessaires.
- M-mais... pourquoi ? bredouillé-je, perplexe.
- Inévitablement, c'est un choc causé par ce que tu as vu. À cause de la mort de... de..., s'interrompt Kazaki.
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Ligue 09
ActionGrave Stone est un pays unique, en partie pour sa ville appelée Sunlight. Cette ville a la particularité d'être séparée en deux districts, le Master's District et le Slave's District. C'est là que se déroulent les épreuves de sélection de la Ligue 0...