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Couchée dans mon lit, je me tourne et me retourne sans cesse. Mes pensées sont tourmentées par un fait auquel je n'avais pas pensé jusque là. En racontant tout à mes collègues, je les ai tous mis en danger. J'essaie de me convaincre que ce sont des adultes - sauf Kazaki - et qu'ils peuvent très bien gérer la situation. Mais adultes ou pas, ils sont quand même exposés à un certain risque et c'est pour ça que je m'en veux. Je n'aurais peut-être pas dû leur en parler mais je n'aurais pas pu régler ce problème par moi-même. Même à neuf, on ne sera pas assez, il nous faudra plus d'alliés. Plus d'alliés signifie plus de vies en danger. Et si ces personnes meurent, ce sera de ma faute quelque part. J'enfouis ma tête sous mes couvertures, comme si ça pouvait me protéger de la réalité horrifiante. Non, rien ne peut me défendre contre cela. Il va falloir que j'affronte la dure réalité en face, en rassemblant tout le courage que je possède.

À cet instant précis, je me demande si j'en ai, du courage. J'ai l'impression que je serais prête à tout pour ceux que j'aime mais en y pensant un peu plus, en doutant de moi... serais-je capable de me sacrifier pour eux ? Serais-je capable de perdre la vie pour sauver la leur ? C'est une pensée terriblement égoïste, j'en ai conscience. Mais pensez-y un peu. Quand on nous demande si on serait prêt à mourir pour ceux qu'on aime, on répond instinctivement oui. Mais au moment de passer à l'acte pour sauver quelqu'un, serait-on vraiment prêt à le faire ? C'est la question que je me pose.

Je sursaute lorsque quelqu'un me secoue l'épaule. Je retire la couverture de sur mon visage et regarde Izumi d'un air déprimé.

- Arrête de te morfondre, Atsuko. Je sais ce que tu penses mais je t'assure qu'on va trouver une solution à ce guêpier. On ne restera pas les bras croisés, on trouvera forcément un moyen de parvenir à nos fins. Alors cesse de t'inquiéter, me rassure-t-elle.

Elle n'a pas tout à fait mis le doigt sur ce à quoi je pensais réellement mais il est vrai que je m'inquiète aussi pour ce qu'elle a mentionné. Tant de choses à régler, à arranger... je n'ai qu'une seule envie présentement et c'est de retourner sous mes couvertures. Mais Izumi m'en empêche en me tirant hors du lit.

- Allez, un petit effort, m'encourage-t-elle. Mets ton uniforme, brosse tes cheveux, va manger.

Je la toise d'un air grognon et endormi et geins que je n'en ai pas envie. Elle soupire et me sermonne :

- Je refuse que tu deviennes aussi rabat-joie que Tetsuo, ça non. Alors tu te lèves de là et tu fais ce que je t'ai dit de faire.

À l'entente de son ton autoritaire, je me lève sur mes deux jambes et m'en vais à la salle de bain en traînant les pieds. Je me regarde dans le miroir et constate que je ne suis absolument pas présentable. Je fais donc un effort pour me laver le visage, appliquer de la crème, mettre un peu de cache-cernes et brosser mes cheveux mêlés. Voilà, maintenant, je n'ai plus l'air d'une délinquante. Je mets mon uniforme, au plus grand bonheur de Izumi et descends prendre mon déjeuner. Je deviens un peu plus joyeuse en voyant les crêpes qui m'attendent sur la table et prends place sur une chaise.

- Je peux t'aider, si tu veux, Tetsuo. Tu n'étais pas obligé de me remplacer pour la cuisson des crêpes, propose Jun.

- Maladroit comme tu es, tu vas forcément te brûler, se justifie Tetsuo en retournant une crêpe bien dorée. À la place, va mettre la table.

Jun s'exécute tandis que j'admire la pile de crêpes qui sont déjà prêtes, déposée au centre de la table. Rien que leur vue me fait saliver. Jun place une assiette devant moi et à chaque place. Lorsque nous sommes tous présents, nous pouvons commencer à déguster les crêpes.

Ligue 09Où les histoires vivent. Découvrez maintenant