Chapitre 2 - Ashley

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Catherine nous accueillit avec une excitation qu'elle ne parvint pas à dissimuler. D'origine anglaise, elle mettait un point d'honneur à fêter l'anniversaire de la reine, et même si la date de sa fête différenciait entre le Canada et l'Angleterre, peu lui importait tant qu'elle rendait dignement hommage à sa monarque. Et cela passait chaque année par un copieux souper typiquement anglais qui se ponctuait par une farandole de desserts. Heureusement que cette orgie de nourritures ne se produisait que trois fois par an; pour Thanksgiving, le jour de l'an et la fête de la reine. Sinon après tout ce temps aux côtés de Catherine, j'aurais fini par devenir une énorme boule de sucre agglomérée par des particules de graisses.

— Mes enfants, cela faisait si longtemps, dit-elle en nous encerclant de ses bras et en déposant un baiser claquant sur nos joues.

— Nous nous sommes vu il y a tout juste deux jours, m'insurgeai-je.

— Je m'en souviens parfaitement, mon ange, rétorqua-t-elle en adressant un clin d'œil complice à Jack. J'ai un âge avancé, mais je ne suis pas encore sénile. C'était juste ma façon de protester. Six semaines sans vous voir, ensemble, tous les deux, en couple, c'est long, conclut-elle les yeux pétillants de malice.

— Merci pour cette précision, Catherine.

— Range-moi ta tête de renfrogné. C'est tout de même le premier homme que tu emmènes à la maison.

— Sympa pour Hurl.

— Je faisais plus référence à un homme avec qui potentiellement tu pourras faire des bébés. Et détrompe-moi, mais entre Hurl et toi, cela a toujours été platonique.

Son éclat de rire se percuta contre mon dos. Personnellement, je ne voyais rien d'hilarant dans la remarque de Catherine. Mais visiblement ce n'était pas l'avis de mon...

Elle...Son souffle froid sur le bas de ma nuque réveilla mon épiderme. C'était sa manière de me rappeler le danger que j'encourais. Coucher exclusivement avec Jack était la seule chose que je pouvais lui accorder. Pas d'attachement. Pas de sentiment amoureux. Pas d'avenir. C'était les conditions qu'elle m'avait fixées avant de m'accorder l'autorisation de me mettre en couple avec lui.

Elle... Son spectre veillerait que je m'y tienne.

D'où l'importance des limites. Celles que je nous imposais, elles étaient primordiales. Mais mon entourage, en les personnes de Catherine, Claire et Hurl, ne me facilitait pas la tâche pour maintenir Jack à distance, bien au contraire. Dès qu'il me rejoignait à Toronto, ces trois-là s'organisaient toujours afin qu'ensemble, nous nous retrouvions autour d'un verre dans le bar où travaillait Asher, le petit ami de Claire, ou dans une soirée de vernissage pour contempler une exposition Street Art d'un artiste qu'affectionnait Hurl. Sans compter nos visites quotidiennes au Centre Saint-Jean pour accompagner les bénévoles et profiter de Catherine.

À croire qu'ils n'arrivaient plus à se passer de lui.

Ce constat me renvoya à mon propre échec. Moi aussi, j'avais de plus en plus de mal à me passer de lui. Il savait rendre chacun de nos moments si précieux. Son bras encerclant ma nuque pendant l'une de nos promenades dans Central Park. Nous allongés sur le canapé regardant un film, juste avant de nous laisser emporter dans une tout autre forme de balade. Plus sensuelle. Plus intime. Chacune de nos échappées me conduisait vers des contrées insoupçonnées jusqu'alors.

— Ashley, mon ange, tout va bien? entendis-je Catherine.

— Euh... oui pardon, répondis-je en ramenant mes pensées dans la pièce.

— Je vous proposai à Jack et toi de rejoindre nos jeunes mariés dans la salle à manger, pendant que je finalise l'entrée.

— Oh...euh...tu es certaine de ne pas avoir besoin d'aide?

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant