Prologue

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08 février 2017


Bientôt deux ans...bientôt deux ans que je ne l'avais pas revu. Il était sorti de ma vie tout comme il y était entré. Sans préavis, sans aucune mise en garde et dorénavant il n'était plus. Malgré tout l'amour que je lui portais, j'avais dû renoncer à lui ainsi qu'à notre avenir commun. La déchirure qu'avait entraîné cette perte m'avait conduite durant une longue période dans un gouffre profond et sombre où ne subsistait que le néant de ma propre existence. Mais les paroles empreintes de sagesse de Catherine avaient fini par trouver leur chemin et alors tel qu'elle me l'avait promis, l'éclat du jour avait repoussé la noirceur.

Mon âme avait survécu. Elle s'était brisée pour ensuite se reconstruire, lentement, doucement, sans lui, sans nous. La tristesse m'entourant s'était petit à petit dissipée et mon flot de larmes s'était asséché. Puis sans prévenir, mes sourires avaient à nouveau illuminé mes journées, et ce chagrin qui m'interdisait jusqu'alors de me relever avait laissé place à l'acceptation d'avoir été amputée d'un membre.

Cette sensation perdurait encore. Et pourtant, vingt mois après, vêtue d'une robe de cérémonie en satin bleu nuit, je faisais glisser le long de mon annulaire ma bague de fiançailles.

La première semaine, porter cet anneau en or jaune serti d'un énorme diamant entouré de deux rangées de diamants blancs et rose, me provoquait une crise d'angoisse. Non pas que je n'aimais pas ce bijou, il était vraiment magnifique et aurait fait le bonheur de n'importe quelle femme. Cependant, j'aurais préféré quelque chose de moins ostentatoire, de plus discret. À l'hôpital, ma bague avait suscité l'attention de tous mes collègues. Durant plusieurs jours, j'avais eu droit à leurs lots de félicitations accompagnés de sourires sincères. Heureusement que maintenant les effusions ne me mettaient plus mal à l'aise.

À y réfléchir, moi aussi j'étais passée à autre chose. Je ne culpabilisais plus de poursuivre un chemin différent du sien, où lui et moi, nous ne formions plus un seul être.

Parce qu'il ne t'a pas laissé le choix, Ashley!

Inéluctablement à cette pensée ma main se porta sur ce petit pendentif se balançant au bout d'une chaîne en or rose, l'un des rares présents qu'il me restait de lui. Une relique de mon passé.

Il en aimait une autre!

Ma petite voix bienveillante me rappela qu'il était préférable de ne pas m'aventurer sur ce terrain. Dans la douleur, j'avais appris à l'écouter. Je secouai la tête pour chasser mes pensées et me rendis devant la coiffeuse de ma chambre vérifier une dernière fois ma tenue. Ce soir était un moment important.

La sonnerie du visiophone de la porte d'entrée se fit entendre. Un coup d'œil rapide à l'écran me permit d'identifier mon visiteur. Comme à son habitude, il était parfaitement à l'heure. Détail que Catherine n'avait pas hésité à me faire remarquer, elle pour qui la ponctualité était une qualité essentielle.

— Je descends, dis-je grâce à la fonction audio.

Quelques mois après mon arrivée à Montréal, j'avais investi dans une maison dans le quartier anglophone de Westmount à proximité d'un parc où j'appréciais courir le matin avant de me rendre à l'hôpital.

Un sourire doux-amer effleura mes lèvres. Finalement, il ne me restait pas qu'un pendentif et un bracelet comme vestige de ma relation avec Jack.

Mince!

Que m'arrivait-il? Ce soir, mes souvenirs voulaient me ramener vers une vie qui n'était plus la mienne. Excédée par la tournure de mes pensées, je m'emparai sans ménagement de ma cape en laine noire. Dans le miroir, je jetai un dernier coup d'œil à mon reflet et descendis les escaliers, chaussée de ma paire de sandales à talon à la semelle rouge. Une petite folie orchestrée par ma meilleure amie, Claire, durant le dernier Black Friday.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant