Chapitre 62 - Ashley

56 7 6
                                    

Jouer les touristes en commençant mes premiers pas sur l'île par la mont Epomeo m'avaient creusé l'estomac. C'était donc avec un plaisir non feint que je savourai mon dîner, un espadon d'Ischien. Sur les recommandations de Jack, j'avais choisi cette spécialité et franchement mon palais l'en remerciait. Une explosion en bouche où le citron et la menthe se mêlaient à la perfection à la saveur aigre-douce, légèrement piquante de la chaire du poisson.

— Manger ce plat avec des frites! As-tu conscience du sacrilège?

Sacrilège ou pas, je me régalai. Je m'interdis donc toute forme de culpabilité.

— De retour à la maison, tu serais en mesure de refaire cette recette?

— Avec des frites?

— Ce serait la perfection avec des frites de patates douces à l'ail.

— Sûrement pas! Jamais, tu ne me feras commettre cet affront à la gastronomie.

Sa détermination m'émouvait. Jack était si touchant. La certitude dont il faisait preuve le rendait attachant. Quant à sa naïveté, elle le rendait plus sexy. Comment ne se doutait-il pas que je détenais l'arme secrète pour le faire changer d'avis? Pourtant depuis le temps, il savait qu'il ne pouvait rien me refuser. Je remplis nos verres vides d'un rosé italien dont les notes fruitées apportaient une fraîcheur en bouche qui était la bienvenue alors que le soleil était au zénith. Un sourire narquois, je levai mon verre pour trinquer. Méfiant, les sourcils froncés, il prit quelques secondes avant d'imiter mon geste, puis se cala contre le dossier en osier de sa chaise pendant que sa cheville alla à la rencontre de son genou. Tout admirant la robe rosée de mon vin, je copiai la posture de Jack. Pour mon plaisir, le mouvement de mes cuisses nues dans mon short en jean retint longuement son attention.

— Et si je te promettais de rééditer ce que nous avons fait ce matin sous la douche, crois-tu que nous trouverons alors un accord?

Comparable à un ciel zébré par des éclairs éparses, le regard de Jack s'électrisa. Le sexe! C'était une arme que je maniais maintenant avec dextérité, et je me délectais à l'employer sur Jack.

— Comme tu le sais, pour moi c'était une première. Agréable, je n'y disconviens pas. Et pourtant, je n'arrête pas de penser que dans certains états américains, cette... pratique est toujours interdite.

— H,...

Sa poitrine se souleva au point de distendre les coutures de son t-shirt. Sa mâchoire se crispa faisant apparaître un creux au centre de ses joues. Il ressemblait à un lion prêt à bondir sur sa proie et sa proie, c'était moi.

— Donc, Mio amore, prononçai-je langoureusement en répétant les seuls mots en italien que j'avais retenu depuis notre séjour sur l'île, si tu veux réitérer, je pense que tu accepteras de faire cet affront à la gastronomie.

Alors que je m'apprêtai à fanfaronner en annonçant à Jack le score de 1-0 en ma faveur, à la place je lâchai un cri de surprise. Sans que ça ne lui demande un effort, d'un mouvement sec, Jack venait de tirer sur ma chaise qui sans résistance aucune glissa sur le sol en teck du restaurant pour se percuter contre son accoudoir. Avant que je ne proteste son poing se referma sur mon croc top en coton dévoilant les deux triangles de mon bikini, et sa bouche s'empara de ma bouche. Je m'attendais à un baiser sauvage, punitif pour mon exquis chantage, mais c'était tout le contraire. Jack, son autre main plaquée à la base de ma nuque, m'embrassait comme s'il craignait que le moindre geste brusque de sa part n'évapore la nébuleuse dans laquelle nos lèvres scellées nous plongeaient, et qu'à cause de la cacophonie qui nous entourait, je n'entende pas sa déclaration d'amour. Son baiser était un poème, une promesse d'éternité. Et alors le désir me submergea. Pas une vague scélérate. Ni un tsunami. Un sentiment plus vrai. Celui d'appartenir à ses bras à jamais. De revendiquer ses lèvres contre les miennes jusqu'à mon dernier souffle. Alors quand il me contraignit à revenir dans ce restaurant en bord de mer en me privant de sa chaleur, mes paupières papillonnèrent. Elles n'avaient été fermées qu'un court instant, cependant j'avais l'impression d'entrevoir la lumière du jour après une trop longue période d'obscurité.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant