Chapitre 19 - Jack

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Me voilà consigné dans ma propre chambre avec l'interdiction formelle de pointer le bout de mon nez en dehors pour quelques motifs qu'y soient. Aux bruits provenant de la pièce à vivre, Ashley utilisait l'extracteur de jus, ce qui après réflexion était une première. Que manigançait-elle?

Depuis la visite d'Emma, elle était redevenue elle-même, une pile d'énergie. Sa jambe n'était plus une excuse pour rester repliée sur soi. La journée, elle s'occupait en apportant ses services au dispensaire médical J.J Wallas. Ne pouvant opérer, elle s'employait à traiter les dossiers administratifs ainsi que les demandes d'aides financières laissés en souffrance par Henry. Prendre à sa charge toutes ces tâches libérait un temps considérable à mon ami. Temps qu'il mettait pleinement à profit auprès de ses patients.

Ces deux là s'entendaient à merveille depuis leur première rencontre lorsque que je lui avais demandé son aide pour sortir Ashley de la torpeur dans laquelle elle était plongée depuis le décès de son père. Si elle ne m'avait pas précisé que Henry serait parfait pour Claire, je crois bien que j'aurai pu le considérer comme mon rival. Malgré sa relation avec Asher qui perdurait dans le temps, Ashley restait persuadée qu'Henry et sa meilleure amie étaient faits l'un pour l'autre et qu'un jour, ils seraient en couple.

— Je ne veux surtout pas évoquer avec toi une hypothétique relation entre Henry et Claire, lui avais-je répondu, il y avait de cela deux soirs quand je l'avais rejointe au lit après une douche revigorante. Et arrête-moi si je me trompe, mais tu le trouves sympa, Asher?

— Là n'est pas la question. Même si je l'apprécie, qu'il est adorable avec Claire, ce n'est pas le bon.

— Alors qu'Henry l'est?

— Exactement!

— En tout cas, madame la marieuse, soit prudente. Je ne sais pas s'il est prêt à rencontrer une nouvelle femme. Tu sais, Henry était profondément épris de Luena.

— Je sais et c'est précisément pour cela que je n'ai rien tenté pour le moment, s'était-elle justifiée avec un sourire empli de malice.

Henry était l'un des amis les plus proches de mon frère, Eric. Veuf depuis bientôt deux ans, il élevait seule ses deux filles de quatre et six ans, tout en assurant la direction du dispensaire. J'étais admiratif. Perdre sa raison, la mère de ses enfants, après des mois de lutte contre le cancer, avait été une épreuve dont il avait su se relever pas à pas. Le voir à nouveau sourire, face aux pitreries de Talia et Aria était un enchantement pour les yeux. En même temps, comment résister aux charmes ravageurs de ses deux princesses qui avaient toutes deux héritées de la grâce de leur mère?

Impossible.

Même moi, elles m'avaient attrapé dans leur filet.

Des enfants... De temps en temps, cette pensée cheminait dans ma tête, très paisiblement. Tôt ou tard, moi aussi, je profiterai des joies de la paternité. Quatre enfants seraient parfaits. Garçon ou fille, aucune importance. La seule chose qui comptait était que des rires saupoudrés de crises de larme suite à une chute à vélo, des querelles de fratrie, et de l'amour avec un grand A remplissent un jour les murs de ma maison.

Ce désir de fonder ma famille se matérialisait au fur et à mesure que ma relation se concrétisait avec Ashley. En douceur. Je n'avais aucun mal à me projeter, ce qui était paradoxal vu qu'elle ne m'avait toujours pas invité à laisser mes affaires chez elle, alors que les siennes avaient conquis mon dressing ainsi que ma salle de bain. Sans parler du fait que les questions de vivre un jour ensemble et surtout dans quel pays n'avaient jamais été évoqués, alors celles de se marier et fonder une famille étaient à mille lieux.

Cependant, cela n'avait aucune importance car j'étais convaincu de deux choses, Ashley avancera un jour dans ma direction pour clamer face à tous nos invités son amour et elle sera la mère de mes enfants. Pour cela, il ne me restait qu'à faire preuve de patiente et à lui accorder toute ma confiance. Depuis le début de notre relation, ne m'avait-elle pas surpris plus d'une fois, se dévoilant, s'autorisant certains gestes, certains mots, certaines émotions, qu'elle s'était pourtant interdit de faire, de dire ou de ressentir? Comme un jardinier tenant entre ses mains le bourgeon d'une variété unique, je contemplai amoureusement son épanouissement en une fleur époustouflante. À chaque nouveau pétale, elle ravissait tout mon être et s'emparait un peu plus de mon âme. Mais en dépit de cette belle métaphore, une question restait entière. Suite aux révélations sur sa famille, l'opinion d'Ashley concernant le mariage ainsi que les enfants avait-elle changé? Savoir qu'elle venait d'un foyer aimant et stable avait-il fait évoluer sa vision des choses?

Par deux fois, elle avait rencontré mes neveux et elle ne leur avait pas accordé un grand intérêt. Et si elle restait cramponnée sur son appréhension du mariage et des enfants, si je n'arriverai pas à chasser ses craintes, qu'adviendra-t-il de nous?

Toc. Toc. Toc.

Les trois coups sur la porte de la chambre suspendirent mes interrogations. Sourire aux lèvres, vêtue tout de blanc dans une robe chemise très courte marquée à la taille par une ceinture en cuir doré, Ashley était un exquis fantasme. Une tension dans mon corps me poussa à bondir du lit et à enjamber les quelques mètres qui nous séparaient l'un de l'autre. Comme pour me rassurer qu'elle était bien réelle. Qu'elle était mienne. Et avant qu'elle n'objecte, mes lèvres recouvrirent les siennes dans un baiser qui avait pour mission de dissiper très loin mes inquiétudes. Ses boucles de cheveux dorées tombant nonchalamment sur ses joues, me chatouillèrent le visage. Je plaquai son dos contre le mur pour maintenir la pression de nos deux corps. Dans un fracas métallique, ses béquilles se retrouvèrent jonchant le sol. Ses mains libérés, s'enroulèrent autour de mon cou et sa bouche se fit plus impérieuse quand ma langue vint à la recherche de la sienne. Ma paume descendit le long de ses courbes pour savourer le galbe de ses fesses. Un simple shorty, en dentelle me séparait de la douceur de sa peau. Quelle diablesse, mettre un tel sous-vêtement sous une robe aussi légère était une invitation au péché. La pression de mes doigts la poussa à accentuer l'étreinte de son bassin contre le mien.

— Tsss, dis-je en sifflant entre les dents, une si petite culotte pour sortir, est-ce bien raisonnable, H?

Mes lèvres quittèrent sa bouche pour s'emparer de la peau fine de sa nuque.

— Ce n'est tout de même pas de ma faute si juste un bout de dentelle te met dans tout tes états.

Son souffle s'accéléra au fur et à mesure que ma main cheminait.

— Si tu ne t'arrêtes pas, tu vas finir par gâcher ma surprise. Je voulais tant te surprendre et te faire plaisir.

Mes lèvres parcouraient maintenant le décolleté plongeant qu'offrait sa robe chemise.

— Ce que j'ai prévu de te faire pendant les vingt prochaines minutes, nous fera plaisir à tous les deux.

— Je n'en doute pas, mais je me suis donnée beaucoup de mal.

Son timbre de voix prit un petit ton boudeur que je ne lui connaissais pas.

Nouveau pétale.

Je me redressai afin de prendre possession de ses yeux.

— C'est un truc que j'ai envie de faire avec...disons... mon petit ami.

Diablesse et sournoise, voilà ce qu'elle était. Me qualifier ainsi. Jouer avec mes sentiments. Jamais elle ne m'avait appelé ainsi auparavant. Sa surprise devait être très importante à ses yeux pour qu'elle avance cet argument.

— Et puis si tu te conduis bien, je pourrais même envisager de te laisser reprendre les préliminaires dans le taxi du retour, dit-elle en mordillant ses lèvres et en papillonnant des yeux.

Au souvenir dont elle faisait allusion, un large sourire s'étendit sur mon visage,

— Qu'est donc devenue, madame, plus jamais de préliminaires dans un taxi?

— Disons qu'elle a revu ses opinions après avoir approfondi ses rapports avec monsieur Pervers de mes deux.

— En voilà, une excellente nouvelle.

— N'est-ce pas!

— Et cette fois-ci, si préliminaires il y a dans le taxi, y aura-t-il des réclamations?

— Seulement si l'objectif n'est pas atteint.

— Interessant. Alors, je redoublerai d'effort pour te satisfaire.

Elle gloussa dans un rire coquin et sensuel.

Nouveau pétale.

— Allons-y.

— Je te suis, dis-je en me promettant de lui infliger dès notre retour le plus doux des châtiments. Au fait, où m'emmènes-tu?

— Surprise. Surprise.

Après un bisou claquant au creux de sa nuque, j'emboitai ses pas avec entrain, emporté par son enthousiasme.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant