Chapitre 61 - Jack

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29 Août 2014

Vingt mois.

La mer bleue, le goût âpre d'un jus de corrossol sur la langue, le balancement du hamac soumis aux alizés, l'île de Carriacou était un lointain souvenir qu'Ashley avait réanimé. Six cents jours sans une once de vacances. Alors comment ne pas apprécier mon cadeau d'anniversaire? Deux semaines loin de toutes les merdes de notre quotidien. De la pression que nous imposait nos métiers respectifs. Sans oublier nos heures de vols pour réduire la distance qui nous séparait encore. Moi qui n'avais jamais rechigné à monter à bord d'un avion, je commençais à avoir en horreur la ligne New-York, Toronto. Tous ces allers-retours, en plus d'être éreintants, étaient surtout un rappel du dernier grain de sable qui enrayait toujours notre relation. Heureusement, depuis le début de l'été, la lueur au bout du tunnel m'aveuglait un peu plus. Tout cela allait bientôt prendre fin. Ce n'était plus qu'une question de mois. Ashley n'était plus résidente en chirurgie. Le conseil de l'ordre des médecins et chirurgiens de l'Ontario lui avait remis son permis d'exercices ainsi que son certificat de spécialiste. Son césar en main, la direction du prestigieux hôpital New-York Presbytérien n'avait pas attendu plus de vingt-quatre heures pour lui proposer un poste au sein de son service de chirurgie. La notoriété qu'elle avait acquise grâce à ces derniers exploits au bloc opératoire avait dépassé la frontière canadienne. Seulement, avant qu'elle n'accepte la proposition de son futur employeur, il y avait tout de même un détail à régler, et pas le moindre; son autorisation d'exercer sur le sol américain. Sur l'avis avisé de mon ami Henry, nous avions pris l'attache du meilleur avocat new-yorkais en matière de permis de travail. En charge des démarches administratives, il devait s'assurer qu'elle puisse pratiquer la médecine aux États-Unis, et avec une proposition de travail dans l'un des hôpitaux le plus réputé du pays, mon optimisme était indéfectible. Inébranlable.

Alors que tout mon corps exigeait qu'après ses seize heures de voyage je garde les yeux clos, cette promesse d'avenir m'irradia estompant doucement ma fatigue. Je m'approchais de ce que j'avais toujours désiré. Être emporté jusqu'à mon dernier souffle par l'âme de cette femme dont la beauté surpassait toutes les merveilles du monde. Elle était ma source de vie. Et pourtant à l'origine, nous n'étions que deux étoiles étincelant dans des galaxies éloignées. Rien ne présageait que nos chemins se croisent, mais en dépit de son expansion perpétuelle l'univers nous avait réunis. Ashley et moi étions entrés en collision. Nos êtres avaient fusionné pour que nous devenions l'essence de l'autre. Et bientôt, plus jamais je n'aurai à me défaire de celle qui emplissait d'air mes poumons.

Mes paupières se soulevèrent subitement, en même temps que ma tête vrilla pour noyer mon regard sur les traits endormis d'Ashley. Mon coeur s'emplit d'un éclat chaud faisant disparaître toute trace de fatigue. Allongée dans sa position favorite, l'astre du jour filtrant à travers les rideaux s'amusait à peindre des reflets dorés-roux sur ses longues boucles dont certaines dissimulaient une partie de son visage tandis que les autres couvraient son dos. Sa tête reposait sur son avant bras. Je n'avais nul besoin de partir à la recherche de son oreiller. Comme souvent, il avait dû finir sa nuit jonché sur le sol.

Alors que la nébuleuse du sommeil était son linceul, sa beauté me coupa le souffle. Ses pommettes saillantes qui rehaussaient le creux de ses joues. Ses cils longs et épais plus proches du châtain foncé qui faisaient ombrage à sa paupière inférieure. Son cou gracile qui lui conférait le port d'une reine. Et cette bouche...Un appel à l'extase dont un seul baiser transportait mon âme jusqu'au septième ciel. Même endormie, elle restait la plus belle femme qui m'ait jamais été donné de rencontrer. Et la seule pour qui mon désir restait insatiable. Ses lèvres entrouvertes, Ashley laissa échapper une complainte, puis d'un battement de jambes se découvrit. Sans surprise, elle était nue sous les draps. Mon membre déjà durcit, le devint davantage à la vision des deux fossettes qui sublimaient le bas de son dos, ainsi que le galbe gracieux de ses fesses. Ne pouvant résister à l'appel de ses courbes, je me glissai entre ses cuisses, puis dégageait sa nuque de ses boucles dorées. En appui sur un coude pour ne pas l'écraser, mais juste mouler mon corps au sien, j'enroulai ma langue autour du lobe de son oreille tout en le mordillant. Les yeux toujours clos, Ashley émit un son envoûtant qui s'immortalisa sur ses lèvres par un sourire. Pour la promesse d'être éternellement la source de son ravissement, je marcherais sur des braises ardentes.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant