Chapitre 24 - Jack

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Ma réunion de travail avec Eva Staton, yogini admirée par ses pairs pour sa maitrise de cet art millénaire, touchait à sa fin. Agée d'une cinquantaine d'année, cette afro-américaine mère de quatre enfants, et ancienne rédactrice en chef d'un magazine dédié à l'hôtellerie internationale de luxe, était une femme d'affaires émérite. Le magazine économique Forbes ne s'était pas trompé quand cinq ans plus tôt, il l'avait désignée célébrité de l'année. Son approche singulière du yoga faisait d'Eva une star des plateaux télévisés. Quant à ses milliers d'établissements de yoga à travers le pays, sans oublier tous les produits dérivés, ils lui octroyaient une fortune dans le top vingt de celle des milliardaires américains.

C'était sur les conseils de ma soeur qu'Ashley s'était rapprochée d'Eva. Selon ses dires, la pratique régulière du yoga était le meilleur moyen d'évacuer ses tensions, ce à quoi j'avais répondu que pour moi le sexe était bien plus efficace. Je revois encore le regard sombre d'Ashley contrebalancé par la commissure de ses lèvres qui s'étirait en un sourire. Si au départ, je n'étais pas totalement convaincu, je devais reconnaître les bienfaits des exercices de méditation et de relaxation sur ma douce ensorceleuse. Sous la houlette des conseils d'Eva, elle apprenait à gérer son bagage émotionnel, à ne plus partir en guerre contre son passé. Après tout, il faisait parti d'elle, mais ne la définissait pas.

Ce fut à la suite d'un cours qu'Ashley me présenta Eva. Connaissant ma cuisine, la femme d'affaires m'avait fait part de son désir de créer un espace de restauration rapide, saine et de haute qualité dans chacun de ses établissements. Projet qui collait parfaitement avec le mien.

— Jack, la pause déjeuner de tous les américains est chronométrée, et elle l'ait davantage pour ceux qui doivent coupler leur repas du midi avec leur séance de sport.

— D'où l'importance de leur proposer une restauration rapide, de qualité et sur-mesure. Le client doit avoir le sentiment de manger sain, mais tout en se faisant plaisir. Je parle au nom des carnivores, mais aussi des végétariens.

— Je crois que nous sommes en phase, qu'en penses-tu?

— Avec mes équipes, nous allons continuer à avancer sur le concept. Je veux démocratiser ma cuisine pour la rendre accessible au plus grand nombre. Et tout cela dans un concept éco-responsable.

J'eus droit à un hochement d'approbation d'Eva.

— Mettons en contact nos avocats pour établir les bases de notre futur partenariat.

— Ce sera fait dans la journée.

Après un nouvel hochement de tête, elle se leva. Son sac à main dans le creux de son coude, un Birkin rouge, elle se dirigea vers la porte vitrée, avant de se retourner.

— En business, je me trompe rarement. J'ai du flair. Vos établissements feront merveilles. J'espère simplement que vous avez conscience que vos nuits et vos jours ne vous appartiendront plus.

Ashley, ma première pensée fut pour elle. Nos métiers respectifs, la distance, et les périodes de séparation compliquaient déjà notre relation. Un grain de sable supplémentaire, n'allait-il pas nous ensevelir? Ma mâchoire se contracta, je ne le permettrais pas.

— Tout ira pour le mieux.

— Je vous crois, dit-elle d'un sourire courtois. Saluer Ashley de ma part.

— Je n'y manquerai pas. À très vite, Eva.

Elle était partie, sans emporter avec elle le trouble qu'elle avait semé. Mon téléphone à la main, je composai le numéro d'Ashley avec cette soif qu'elle me débarrasse de mes craintes. J'étais attendu en cuisine pour faire le point avec mes équipes, mais qu'importait, il fallait que j'entende sa voix.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant