Chapitre 45 - Ashley

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Les doigts de Jack me conduisaient dans un lieu où les songes étaient rois. S'il continuait ainsi il aurait bientôt droit en berceuse au son mélodieux de mes ronflements. Après cette journée, mes jambes n'étaient plus en mesure de me soutenir. Telles les poutres d'une vieille bâtisse, elles étaient sur le point de céder après de longues années de loyaux services. Mettre au monde un bébé avait définitivement vidé mes batteries. En quittant le centre Saint-Jean, je m'étais écroulée dans la voiture. Arrivée à la maison, Jack m'avait portée dans ses bras et conduite directement dans la salle de bain. Avec une infinie précaution, comme s'il craignait que je me liquéfie, il s'était débarrassé de mes vêtements, puis m'avait douchée.

C'était si bon d'être choyée.

Surtout que maintenant, les pouces de Jack appliquaient de légers cercles sur ma voute plantaire en progressant vers mes orteils.

— Oh oui, m'extasiai-je entre deux bâillements. Juste-là, continue.

Dès l'instant où il était entré dans ma vie, Jack s'était évertué à prendre soin de moi, et ce soir ne faisait pas exception.

— Tu réalises ce que tu as accompli, ce soir. 

— Je me dis surtout que mon internat en obstétrique a enfin servi.

— Tu étais si maîtresse de toi. Comment savais-tu que tout se déroulerait bien?

— Je ne le savais pas. Mais comme lorsque je rentre au bloc opératoire, j'ai enchaîné mes doutes pour me concentrer uniquement sur ma patiente.

— Tu m'impressionnes.

Je lui souris. Il n'était pas seul à être impressionné.

— Toi aussi, tu as été remarquable. Tu as rassuré et encouragé Naomi.

Installé entre mes jambes, à présent, les doigts de Jack malaxaient mes mollets en effectuant de légères pressions. Je soupirai.

— C'est trop bon, Jack. Vas-y continue.

— Si tu n'arrêtes pas de prononcer des mots cochons, je serai dans l'obligation de t'empêcher de dormir.

Je gloussai.

— Mon corps n'est plus en mesure d'effectuer quoi que ce soit. Je serai tout juste bonne pour jouer le rôle de l'étoile de mer.

— Je vois, formula-t-il sans une once de déception.

Aussi souple qu'un jaguar en dépit de toute la masse musculaire qu'il devait déplacer, Jack se relava, attrapa son oreiller et s'allongea sur le flan, tout près du mien. Son coude s'enfonça dans le rembourrage moelleux, sa tempe gauche se posa sur sa paume, pendant que son autre main dessinait des cercles autour de mes tétons qui étaient sagement à l'abri sous mon caraco.

— Carriacou est une petite île appartenant à l'état de Grenade. Une partie de moi est persuadée qu'elle a été arrachée du paradis pour être envoyée sur Terre, afin de rappeler aux simples mortels que nous sommes, ce que nous avons perdu.

— Oh, mon homme a l'âme poétique.

— Non! objecta-t-il. C'est de t'imaginer avec pour seul vêtement un bas de bikini, ton corps parfumé à l'huile de monoï fendant les eaux translucides, les grains de sel laissant des trainées blanchâtres sur ta peau mate...

Maintenant les doigts de Jack marquaient mon ventre d'une empreinte si  brûlante que  le rôle de l'étoile de mer s'éloigna peu à peu.

— L'archipel des petites Antilles, poursuivit-il tout en glissant sa main sous l'élastique de mon shorty, sa nature sauvage sans effusion de touristes, ta bouche à la saveur d'eau de coco fraîche...

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant