Notre valse en trois temps - tome 2 - Et si

Chapitre 6 - Ashley

La vérité...Enfant, son poids m'avait écrasé. Ne supportant plus la vie que lui offrait Jacob, ma mère s'était suicidée. Par amour, naïveté ou peut-être par cupidité, elle avait placé son bonheur entre ses mains. Quelle erreur! Jacob lui-même m'avait confié ses regrets concernant son incapacité à effacer son chagrin. Sa famille était insuffisante pour la rendre heureuse, voilà la vérité.

Emma se trompait. Lyly avait de l'affection pour moi, le souvenir que j'avais eu dans le salon me le prouvait, mais j'étais certaine d'une chose : elle ne m'aimait pas. En tout cas, pas suffisamment pour se battre contre ses démons.

— Partage tes pensées avec moi, H, m'exhorta Jack en encerclant ma taille de ses bras puissants.

Sans retenue, je m'ancrai à celui qui était devenu mon rocher. Celui sur lequel je pouvais me raccrocher pour tout affronter. Il était loin le temps où je pensais que j'allais me noyer à ses côtés. Etait-ce ce sentiment que Lyly avait éprouvé pour Jacob?

— À ton avis que signifiaient les derniers propos d'Emma?

À travers mon dos, je sentis les épaules de Jack se relever pour s'abaisser immédiatement.

— Elle était l'amie de tes parents et plus particulièrement celle de ta mère. Peut-être qu'elle souhaite te donner l'opportunité d'apprendre à la connaître.

Ce fut à mon tour d'hausser les épaules.

— Jacob m'a apprit tout ce que je devais savoir sur elle.

— Tu connais Lyly à travers le regard de son mari. Emma et elle étaient amies depuis l'université, elle te fera sans doute découvrir de nouvelles facettes de Lyly. Tu n'es pas curieuse de savoir comment était-elle? Quel groupe de musique préférait-elle? Pourquoi avait-elle choisi le droit? Etait-elle nulle en cuisine? Ce qui soit dit en passant expliquerait ton absence de don culinaire.

— Aïe, m'écriai-je avec un demi-sourire, je te rappelle que maintenant, je réussis très bien mes œufs durs.

Pour garder mon honneur sauf, je m'abstins de préciser après moult tentatives. 

Tout en observant, le jardin à travers la fenêtre de la cuisine, je rapportai mes réflexions sur les propos de Jack.

— Je ne veux rien savoir de plus sur Lyly, poursuivis-je calmement. Après-tout, je connais l'essentiel.

— Donne toi le temps de la réflexion. Pour le moment, tu es sur le coup de trop d'émotions et quand tu es ainsi, tu deviens aussi butée qu'une chèvre.

Super, docteur FREUD était de retour. Et cerise sur le gâteau, il me comparait à une chèvre. Ce qui était loin d'être flatteur.

— Ta séance de psychanalyse, peut-elle attendre? demandai-je tout en essayant de m'éloigner de lui.

Au lieu d'obtempérer, Jack conforta sa prise en resserrant l'étau de ses bras autour de ma taille. Le creux de sa gorge vint à la rencontre de mon épaule, provoquant des petits picotements le long de ma colonne. Il était hors de question que mon corps se joue de moi et me fasse oublier la dispute dans laquelle je désirai de me lancer.

Une querelle avec Jack était préférable à une discussion sincère sur toutes les émotions qui se percutaient dans ma tête.

— Ecoute-moi, Jack...

— Pas de ça, Ashley, m'interrompit-il. Pas d'altercation inutile entre toi et moi.

Trop proche, beaucoup trop. Voilà qu'il lisait dans mes pensées maintenant, anticipant la mise à feu de mon système d'auto-défense. Cette proximité me déstabilisait autant qu'elle me touchait.