CHAPITRE 8 - primo errore

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PRIMO ERRORE

(première erreur)

Il avance lentement, inspectant les moindres recoins de la cantine

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Il avance lentement, inspectant les moindres recoins de la cantine. L'afflux de prisonniers le met mal à l'aise, le libyen se sent trop à découvert. Il jette des coups d'œil frénétiques autour de lui, surveillant les moindres gestes suspects que pourraient avoir les détenus ou les gardiens à son encontre.

Depuis qu'il est sorti, le matin même de l'infirmerie, Anir observe. C'est la première fois qu'il prend conscience qu'il aurait pu y rester. Ça ne lui été jamais arrivé avant, il n'a jamais eu peur de crever jusqu'à maintenant. Les regards se tournent vers lui quand il avance dans la file d'attente. Tout est différent, Anir le sent. Des vagues de murmures se font entendre comme s'il revenait du pays des mort. Un homme s'écarte, s'inclinant légèrement et ordonne à son voisin d'une voix dure :

- Lascia che passi.
(Laisse le passer)

- Pourquoi ? Ça fait quarantes minutes que j'attends, retorque son ami.

L'homme lui assène un coup de coude dans les côtes, le forçant à tourner la tête vers Anir. Il dévisage le libyen et dit :

- Il attend comme tout le monde.

- Tu ne voudrais pas faire patienter le fils de Giovanni Pellegrini ?

- Quoi ?

Il se retourne, son regard fixe le mafieux. Son expression change et sans un mot, il s'écarte et laisse passer le libyen. Anir gagne ainsi deux places dans la file et le scénario se répète deux fois. Il récupère son repas et avance dans la cantine, son plateau à la main, il se dirige vers une table occupée, ses yeux polaires scrutent les hommes assis à leur place. Il attend quelques secondes que l'un d'eux relève la tête et l'apercoive. Ça ne tarde pas à arriver, un grand rouquin le voit et il fait signe à ses collègues. Ils quittent la table pour laisser la place à Anir, en le saluant.

Il dépose son plateau à bout de force, ses jambes vacillantes ne pouvant le supporter plus longtemps. La texture étrange de la nourriture lui donne la nausée, cela fait huit mois qu'il n'a pas mangé convenablement. Ses joues creusées et l'amincissement de son corps sont le seul signe de sa maigreur.

- Ça va le mafieux ?

Anir se tourne vers son voisin de cellule. Ce dernier s'installe l'air de rien sur la table malgré le regard foudroyant du libyen. Un silence s'installe dans la cantine, ils le regardent tous attendant de voir si le libyen va chasser cet intrus. Il n'en fait rien et commence à manger son repas avec rapidité.

- Il se passe quoi ici ? grogne le mafieux entre deux bouchées.

- Des détenus ont vu le chef de la mafia sicilienne sortir de ta chambre d'infirmerie.

Anir hausse un sourcil, il comprend enfin ce qu'il se passe, tout le monde savait qu'il appartenait à la mafia sicilienne mais personne ne connaissait sa position hiérarchique.

- Il y a quelques années, j'ai travaillé pour Marco, l'interpelle une voix en couvrant le fond sonore.

Anir se tourne vers un prisonnier, ses joues creusées montrent que cela fait plusieurs années qu'il est ici. Il est debout et se rapproche son plateau à la main, le libyen ne le connaît pas.

- Comment va Marco ?

Anir suspend sa fourchette à quelques centimètres de ses lèvres, son regard glacial s'arrête sur l'ancien mafieux qui déglutit. Son envie de mettre cet homme à terre est passagère, ce n'est pas sa faute et le libyen ne doit pas céder à ses pulsions meurtrières.

- Il est mort, lâche le libyen pour clôturer la discussion.

Il se lève en un raclement de chaise, l'appétit désormais coupé. Il récupère son plateau, ses yeux parcourent avec froideur l'ancien mafieux et les autres prisonniers présents dans la vaste salle, Anir ne peut s'empêcher de penser que certains ne lui veulent pas que du bien.

Sans un mot, il regagne sa cellule, escorté par deux gardiens. Une fois seul, il est en proie à ses pensées obscures. Le libyen pense à un homme en particulier qu'il voudrait voir mort, noyé dans un bain de sang par pure vengeance.

Ses pensées meurtrières sont tournées vers Lorenzo de Luca. Il espère obtenir le prix du sang par dessus du tout. Cet homme soit payer pour les crimes qu'il a commis à l'encontre de sa propre famiglia.

Anir reassasse les événements comme une vieille bobine de cinéma. Il comprend mieux désormais, la lettre, l'homme que Rosa a tué étaient envoyés par lui. Le libyen se demande comment ils en sont arrivés à avoir un traître au sein de leur rang ?

Un homme insoupçonné, facilement dissimulable, fidèle aux yeux de tout le monde, presque tous. Anir savait lui, il avait remarqué le détournement du pizzo, la taxe exercée sur les entreprises et les commerçants de Corleone en échange d'une protection.

Anir savait et il n'a jamais rien dit, le tenant sur la menace au moindre faux pas. Ça a été sa première erreur, le libyen aurait dû tout dévoiler au parrain. Peut-être que le parrain aurait agit mais Anir n'avait que seize ans, c'était le poids de sa parole contre celle de Lorenzo, un catholique, fils de parents sicilien, de sept ans son ainé.

Sa parole aurait pesé le poids d'une plume aux yeux du parrain. Ça n'aurait rien changé, Anir essaye de s'en convaincre mais il ne peut s'empêcher de regretter. Peut être que s'il avait prévenu le parrain, Lorenzo serait mort et sa fille toujours vivante.

Sa première erreur, il se jure que ça sera la dernière. Elle lui a coûté bien trop cher.

 Elle lui a coûté bien trop cher

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