chapitre sensible.
Les oreilles d'Anir sifflent, son tympan s'est peut être déchiré sous ce cri effroyable. C'est la dernière fois qu'il connaîtra pareille douleur, il se le jure. Il garde les yeux rivés dans ceux de Lozenzo, ce dernier se délecte de la situation tandis que le libyen ne fait que réaliser ce qu'il s'est vraiment passé ce jour là.
Deux années sont passées pourtant il s'en souvient comme si c'était hier. Les souvenirs restent, ils sont intolérables alors Anir les a enfouis au fin fond de sa mémoire pour essayer d'oublier. Ils reviennent à l'assaut à cet instant précis, faisant accroître la haine à l'intérieur de sa poitrine.
Thilelli n'avait que trois ans.
La petite était un imprévu, elle est arrivée dans l'année de ses seize ans. Anir s'est toujours promis d'essayer d'être le meilleur père qui soit, d'être bien meilleur que l'homme qu'il n'a jamais vu.
Et c'est ainsi qu'un soir d'été, la petite a disparue lors d'une fête réunissant les famiglie avoisinantes. Anir a détourné le regard et quelques secondes ont suffies pour que la gamine s'échappe de sa surveillance.
Elle a disparue, volatilisée. Anir la cherchait pendant une demi heure avec la famiglia. La petite était introuvable, elle s'était s'était simplement volatilisée. Et quand Anir, tremblant de peur, est sorti sur le parking pour rejoindre sa voiture, il avait en tête d'aller au commissariat. Il voulait se présenter et mettre la pression à la poliza avec qui leur organisation entretient une relation toxique.
Et c'est ainsi, planté au milieu de la cour en graviers, en soupirant la fumée toxique d'une énième cigarette, qu'il l'a aperçue. Il est resté figé, complètement stoïque pendant de longues secondes, en fixant à travers le grillage de sécurité, le corps flottant de la gamine dans la piscine.
Doucement, il s'est approché, il a poussé le portillon déjà ouvert. Sans un mot, il s'est glissé dans l'eau glaciale de ce mois de novembre. Le corps s'éloignait au fur et à mesure qu'il s'approchait, entraîné par les mouvements d'eau de l'avancée du libyen.
Il ne serait décrire la sensation d'étouffement qu'il a ressenti, ni même le cri qu'il a contenu dans sa gorge.
Elle ne pesait que le poids d'une plume dans les bras du mafieux quand il a sorti son corps inerte. Trempé jusqu'aux os, il n'a pas ressenti le froid glacial lui piquant le visage.Il n'a eu d'yeux que pour ce visage dont les traits sont devenus pâles et dont les lèvres sont devenues bleues. A bout de forces, il a posé la petite au sol. Quand il s'est relevé, elle se tenait, accrochée au bras de Marco, ses hurlements déchirants l'air.
- C'était une enfant, souffle Anir.
- Et combien d'enfants t'as buté ? rétorque-t-il.
Anir ne répond rien, sans un mot il attrape Lorenzo par le col de sa chemise et le relève. Il pointe le canon de son beretta contre sa nuque et lui ordonne d'une voix sèche :
- Avance.
Sans un mot, il le pousse vers le couloir, l'emmenant vers l'entrée de la demeure. Anir se moque de savoir si les autres suivent, ça ne concerne qu'eux deux et la partie dure depuis bien trop longtemps.
Anir doit bouger plus intelligent, il doit être plus efficace que lui. Il le descendra, il le jure devant Dio, pour elle. Il a toujours son beretta braqué contre la nuque de Lorenzo, au moindre faux pas, le coup partira.
Les deux hommes finissent par gagner l'extérieur de la maison, Lorenzo se tend quand il finit par comprendre où le libyen l'emmène. Ils contournent la grille de sécurité, voyant sa réticence, Anir enlève le cran de sécurité de son semi automatique.
- Avance dans l'eau, raille Anir.
Lorenzo effectue deux pas jusqu'à avoir de l'eau à hauteur de son bassin, il se retourne et lance des injures :
- Espèce de...
- Tu fermes ta gueule et tu avances, l'interrompt le mafieux.
Il s'exécute et pour la première fois, Anir l'observe trembler de peur tandis qu'il s'enfonce dans la piscine. Une fois que l'eau lui arrive jusqu'au cou, le libyen déclare :
- La tête sous l'eau maintenant, si tu remontes à la surface, je te bute.
- Gio.. supplie Lorenzo.
Le parrain secoue la tête et Lorenzo écarquille les yeux de stupeur, il a un moment d'hésitation qu'Anir fait disparaître en braquant son arme sur lui.
- Fallo ora, ordonne-t-il.
(fais le maintenant)Lorenzo s'exécute, il glisse sa tête sous l'eau. Des secondes interminables s'écoulent, Anir compte dans sa tête. Il ne devrait pas tenir très longtemps, peut être que le corps ressent la nécessité de tenir en apnée.
Il finit par remonter la surface pour inspirer une nouvelle bouffée d'air frais. C'était sans compter, la balle qui vient de se loger entre ses yeux faisant retomber son corps dans la piscine.
Anir se tourne vers le parrain, ce dernier à le regard perdu sur l'eau rouge de la piscine. Le poids de la vérité doit être accablant, son frère était innocent. Que doit-il ressentir si ce n'est une affliction désarmante ? Giovanni finit par se tourner vers Alejandro et Fabio et il aboie :
- Appelez tous les chefs des famiglies, la Cupola doit se réunir au plus tard ce soir.
Il réagit, Giovanni est l'essence même de la force d'action, c'est son fonctionnement. Il ordonne et ne s'arrêtera que seul, là seulement il mesurera l'ampleur de la situation. Le parrain frôle l'anneau en or qui orne sa main gauche, celui qui montre qu'il appartient à la Cupola, il réfléchit aux décisions qu'il doit prendre. Il ne peut attendre plus longtemps.
- Les hommes de cette puta, trouvez les. Tuez les tous.
Le parrain a pris sa décision sans attendre la Cupola. Il vient de montrer la puissance de son statut en quelques mots, il veut mettre fin à la grande guerre qui déchire Corleone et Palerme.
Il vient de déclarer la Vendetta.
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ᴀɴɪʀ ✓
ActionAnir porte le prénom d'un ange, il ne dira pas un mot. Il suffira d'un regard envoûtant pour que l'ange déchu sème le chaos. Il n'a plus de cœur, il prendra le tien pour exister. La mafia italienne tremble sous son regard polaire. Il ne craint perso...