CHAPITRE 9 - dio

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DIO

(Dieu)

La froideur de la pierre lui glace les veines seules les chandelles parviennent encore à le réchauffer

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La froideur de la pierre lui glace les veines seules les chandelles parviennent encore à le réchauffer. La petite mosquée est coupée de tout chauffage, personne n'y va jamais, la direction ne voit pas l'intérêt de perdre de l'argent pour une poignée de personne. En revanche, si Anir traverse la cour pavée pour se rendre dans le lieu sacré d'en face, il est sûr d'y trouver une dizaine de détenus de religion catholique.

Ses genoux le font souffrir mais c'est le seul moyen ; ses démons, en file indienne, s'en vont quand il parle à Dieu. Anir prie comme un bon croyant, pensant que cela suffise à blanchir son âme de ses crimes. Il implore l'être qui lui est supérieur de lui accorder une grâce, la première et la dernière. Il souhaite simplement que sa prochaine balle atteigne sa cible, peu importe le prix à payer.

Anir déteste se mettre a genoux devant une identité supérieure. La religion lui a toujours attiré trop de problèmes ; quand il était à Palerme, les mafieux l'ont forcés à changer de religion et à abandonner le Coran, il n'a pas voulu. Le libyen ne voit pas vraiment de différence, peu importe quel Dio tu pries, le résultat est le même. Dio n'a pas sauvé sa petite fille, le mafieux n'a plus jamais prié depuis. Il s'est détourné de la religion pour le plus grand malheur de sa fiancée, une adepte des messes et de l'église.

Si les Enfers existent, il est sûr d'y aller.

Des pas raisonnent et attirent l'attention du libyen qui se détourne de la prière. Il se retourne pour apercevoir un gardien qui s'approche, ses bottines claquent contre le carrelage en mosaïque. Arrivé à sa hauteur, les deux hommes se saluent d'un geste respectueux de la tête. Sans un mot, le gardien tend un paquet à peine plus petit qu'une pomme au libyen.

- Combien ? demande Anir.

Le gardien secoue la tête et il fait demi tour avant de disparaître de la mosquée. Anir range le paquet dans sa poche, il n'ouvrira la cocaïne qu'après d'avoir regagné sa cellule à l'abri des regards indiscrets.

Sans un mot, il quitte à son tour le lieu de culte. La cour pavée des prisonniers reste un endroit insalubre où tous les salopards trainent. Anir est sans doute le pire de tous et les autres prisonniers le savent très bien. Ils évitent scrupuleusement de s'attirer ses foudres et de fixer son regard polaire trop longtemps.

Il s'allume une clope.

Anir a fini par arrêter de compter les jours depuis qu'il se trouve ici. Tout paraît plus obscure et il ne se préoccupe plus des choses insignifiantes à savoir ce qu'il aura le midi dans son plateau. Il ne pense qu'à deux hommes, constamment. Il s'est juré de leur faire la peau.

La première opportunité se présente à la nuit tombée. Il se tient devant lui, hurlant toujours ses mêmes questions inlassablement. Mais son tortionnaire ne sait pas, il ne se doute pas que les deux gardiens sont de mèche avec le libyen et qu'ils lui ont laissé les clés des chaînes qui bloquent son corps.

Par chance, cette fois-ci, le tortionnaire tient une matraque dans ses mains galeuses. Une arme qui ne s'utilise qu'au corps à corps, à une distance réduite. Il s'approche, Anir le laisse abattre son premier coup qui lui brise la cage thoracique. Aussi vif que l'éclair, le libyen se délivre des chaînes qu'il avaient préalablement déverrouillées. Un sourire satisfait étire ses lèvres quand il montre la petite clé sous les yeux stupéfaits de son ennemi.

Ce dernier s'avance d'un pas, élevant la matraque dans les airs comme Zeus tenant la foudre, Anir évite le coup et se jette sur son adversaire. Les deux hommes tombent au sol et se débattent, le libyen prend le dessus. Ses poings partent jusqu'à rendre la peau de sa victime violacée. Il finit par se relever quand le corps face à lui est presque inerte, il lui crache dessus déversant toute sa haine qu'il contient depuis ses huits derniers mois.

- J'ai déjà vécu des choses similaires que ce que tu m'as infligé, crache Anir. Et j'ai déjà fait bien pire que toi.

Sans un mot, il tire un petit couteau de sa poche qu'il plante dans la main de l'homme, il pousse un hurlement terrible et Anir murmure à son oreille :

- Je pourrai te crucifier et te laisser moisir ici mais par chance, demain je me tire d'ici et je ne pourrais pas t'accorder le temps que tu mérites.

Un rictus satisfait étire ses lèvres à la fin de ses mots. Anir arrache son couteau et sans attendre, il le plante dans la cage thoracique de son ennemi juré. Il aurait pu arracher sa peau à vif, faire durer la douleur comme il sait si bien le réaliser mais le manque de temps l'en empêche.

Il quitte cette pièce miteuse sans attendre, laissant derrière lui toutes ces nuits glaçantes et horrifiantes. Un sourire étire ses lèvres quand il aperçoit les premiers rayons de soleil percer les fenêtres. Demain est un autre jour et Dio sera avec lui pour guider ses pas.

Et guider sa dernière balle.

Et guider sa dernière balle

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ᴀɴɪʀ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant