CHAPITRE 2 - dolore

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DOLORE

(douleur)

"Rien n'est vrai, rien n'est faux ; tout est songe et mensonge,Illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge

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"Rien n'est vrai, rien n'est faux ; tout est songe et mensonge,
Illusion du cœur qu'un vain espoir prolonge.
Nos seules vérités, hommes, sont nos douleurs."

- Lamartine.

POINT DE VUE OMNISCIENT

Anir fixe la couchette superposée à la sienne. La nuit est calme presque apaisante, il se demande si son compagnon de cellule dort ou si il fixe le mur comme le libyen. Un silence règne dans toutes les cellules, il n'y a que le faible bruit de gouttelettes d'eau, d'un robinet mal fermé, qui s'écrasent sur le sol dans le lointain de la nuit.

Le mafieux se demande, ce qui aurait pu se passer s'il était né ailleurs. Si sa mère n'avait pas été palestinienne et si il avait connu son père. Il n'aurait probablement pas dû fuir la Libye et son enfance aurait été plus tranquille. Il aurait grandit dans l'amour et la bienveillance et il ne serait jamais tombé dans les travers insalubres de la mafia.

C'est la mafia qui l'a élevé, qui lui a tout donné et paradoxalement c'est la mafia qui lui a tout repris. Elle l'a arraché à son enfance quand il était petit pour lui donner des liens encore plus puissants que ceux du sang ; ceux du crime organisé.

Des pas raisonnent dans le couloir adjacent aux cellules, quelqu'un approche. Anir se redresse légèrement sur sa couchette, il jette un coup d'œil a la lucarne et le ciel lui indique qu'il fait encore nuit noire. Qui ça peut-être ? Un bruit métallique, le cliquetis de la serrure et la porte de sa cellule s'ouvre sur un homme.

Les yeux du libyen distinguent la matraque, éclairée par les quelques rayons de la lune, qui orne la ceinture de son jean. Il déglutit. L'homme attrape Anir et le tire en dehors de sa cellule miteuse sous le regard de son compagnon impuissant. Il est emporté dans les couloirs sombres de la prison, dans les sous sols insalubres où des cris déchirent cette nuit glaçante.

Le monde est rongé par un grand mal, Anir en est certain depuis que les coups s'abattent sur lui. Cet homme est de Palerme et toutes les nuits, il revient chercher le libyen comme pour l'empêcher de dormir et lui faire redouter la nuit. Il hurle des questions auxquelles Anir n'a pas de réponses, ou du moins, le mafieux ne les donne pas.

Il est un peu pâle en se présentant au parloir la semaine suivante. Ses poignets sont menottés à un anneau en fer fixé sur la table. Les chaînes limitent ses mouvements au dessus de sa tête, il a assez de mou pour tenir le téléphone de communication qui le relie à ses interlocuteurs.

Juliano et Rosalinda, installés de l'autre côté de la grande baie vitrée, sont mués face à son visage marqué par les coups qu'il encaisse chaque nuit. Ses joues se sont creusées et ses yeux papillonent, le libyen voudrait s'effondrer sur la table pour récupérer ses heures de sommeil manquantes. La prison change les hommes et il comprend maintenant le sens de ses paroles.

ᴀɴɪʀ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant