FALLO ORA
(fais le maintenant)
Le monde est rongé par un grand mal, Anir le ressent dans les yeux suppliants de l'homme face à lui. Son crâne chauve luit à la lumière du soleil et le libyen se demande le sens de sa vie, si L'être qui lui est supérieur est témoin des événements et s'Il va intervenir.Ce traditore ne parle pas, il sait qu'il est en tort. Son regard coupable en est la preuve et il ne prononce pas un mot pour plaidoyer sa cause. Il ne veut pas que le gamin, qu'est Anir, ait des regrets sur son acte.
Un sentiment incommensurable étreint sa poitrine, Anir est partagé entre le doute et l'envie de s'enfuir dans un lieu reculé où la mafia ne pourra jamais le rattraper. Avoir du sang sur les mains, il s'y attendait mais pas dans de telles circonstances. Il n'arrive pas à appuyer sur la gâchette et sa main continue de trembler contre la crosse de son semi-automatique.
- Fallo ora, ordonne Lorenzo.
(fais le maintenant)Le bras droit de son père observe la scène et l'encourage à commettre cet acte irréparable, il n'a pas l'air déboussolé par ce qu'il risquerait de se passer. Anir ne répond rien et se concentre sur cet homme qu'il doit abattre. Ses mains sont liées dans son dos, il ne peut même pas se défendre et son visage peiné est difficile à regarder.
Anir lui trouve des dizaines de points communs avec Gio, rien qu'en fixant son visage. Il a le même nez crochu et la même barbe correctement taillée, la seule différence est l'absence de cheveux bruns sur son crâne. Il a l'impression d'avoir le parrain face à lui, la ressemblance entre les deux frères est indéniable.
- Fais-le gamin.
Il vient de parler, sa voix est rocailleuse et un petit sourire étire ses lèvres comme pour assurer que tout se passera bien. La poitrine du libyen se compresse un peu plus, il a le même sourire que ses enfants.
- Tu n'es toujours pas à la hauteur de ce nom de famille que tu portes, crache Lorenzo avec plein de sarcasme.
La mâchoire du libyen se serre. Une rage intense le consume de l'intérieur, il ne veut pas être une déception pour sa famiglia, pour ceux qui lui ont tout donné. Son doigt se positionne sur la gâchette, sa main tremble et tout doucement il appuie.
La détonation.
De l'hémoglobine est projetée sur son visage et sur sa chemise blanche. Anir ferme les yeux pour ne pas voir la tâche de sang qui s'étend et imprègne le tissus à carreaux du cadavre. Son coeur palpite plus vite dans sa poitrine et une sensation étrange le gagne.
- Ne t'avise plus de me traiter de la sorte, qui que tu sois, chuchote le libyen au creux de l'oreille de Lorenzo.
Anir sort de la pièce et longe les couloirs du sous-sol. Il passe un revers de main sur son visage pour enlever le sang de sa peau. À l'âge de seize ans, il vient de tuer pour la première fois et il ne sera pas puni pour cela.
Il ouvre la porte d'une salle de réunion et le silence accompagne son entrée. Les regards se tournent vers lui, un homme fronce les sourcils à la vue de son vêtement blanc maculé de sang et des murmures parcourent la salle, le libyen n'a jamais été apprécié.
- C'est fait, déclare Anir d'une voix forte.
Il jette un regard à Juliano et Marco assis près du parrain. Ils n'ont pas défailli. Il n'y a aucun voile d'eau dans leurs yeux, ni une once d'haine sur leur visage à l'égard du libyen. Ils gardent un visage fermé, Anir se demande quelle force les possède pour rester aussi impassibles.
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ᴀɴɪʀ ✓
ActionAnir porte le prénom d'un ange, il ne dira pas un mot. Il suffira d'un regard envoûtant pour que l'ange déchu sème le chaos. Il n'a plus de cœur, il prendra le tien pour exister. La mafia italienne tremble sous son regard polaire. Il ne craint perso...