Anir porte le prénom d'un ange, il ne dira pas un mot. Il suffira d'un regard envoûtant pour que l'ange déchu sème le chaos. Il n'a plus de cœur, il prendra le tien pour exister. La mafia italienne tremble sous son regard polaire. Il ne craint perso...
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"Tu vas mourir un jour, comprend que tu n'as rien à perdre"
4 OCTOBRE 2014
POINT DE VUE OMNISCIENT
L'enveloppe est posée soigneusement sur son bureau. Le papier blanc fait un constrate avec le bois de chêne. Anir ne peut pas la rater. Ses doigts arrachent le cachet rouge comme le sang. Une cigarette coincée entre ses lèvres, il parcourt l'écriture noire inscrite sur le papier :
عيد الأضحى
Il déglutit difficilement avant de froisser le papier dans sa paume. Il se laisse tomber dans son fauteuil en cuir et écrase sa cigarette contre son bureau. Une brûlure marque désormais le bois tandis qu'Anir essaye de reprendre ses esprits. La tête posée dans ses mains, il essaye de se souvenir de son enfance.
Tout cela lui paraît loin, ses souvenirs sont embrumés. Il devait avoir deux ans, peut être moins. Il avait pleuré sur la route en rentrant de la Mosquée et durant toute la soirée. Sa mère n'avait pas réussi à l'apaiser de cette image effroyable. Le soir, il était inconsolable tandis qu'il devait manger la viande du mouton sacrifié.
Anir déplie le papier froissé et il lit de nouveau l'écriture arabe, comme pour être certain qu'il ne se trompe pas. Un juron lui échappe quand il se souvient enfin de ce jour là, des années auparavant. Cette lettre lui est destinée, Anir en est sûr maintenant. Il est tellement plongé dans ses pensées obscures qu'il n'entend pas la sonnerie intempestive de son portable. Il attrape son cellulaire et décroche aussitôt en voyant le nom de Giovanni sur l'écran.
- Hai ricevuto la lettera ? (Tu as reçu la lettre ?)
- Sí, répond Anir.
La respiration du parrain est lente. Anir l'imagine faire les cents pas dans son bureau à la lumière tamisée.
- Dis-moi ce que ça veut dire, ordonne Giovanni.
Anir passe une main dans ses cheveux noirs comme l'ébène. Il attrape un verre de cristal et se serre un verre de Whisky. Il regarde le liquide orangé tourner dans son contenant quelques secondes avant de dire :
- C'est l'Aïd Al-Adha, c'est aujourd'hui.
- Explique moi.
Anir prend une grande respiration tandis que des images de son enfance affluent dans sa tête. Il se sent soudainement faible et en proie au chaos de ses pensées.
