Chapitre 1 - 4 : En suspens (Winry)

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Je déroulai les plans sur son comptoir, et il se pencha dessus, visiblement très intéressé. Je le voyais hocher la tête d'un air complice, lisant manifestement parfaitement les lignes dessinées sur le papier. Il resta silencieux un moment, puis pointa du doigt un endroit un peu en dessous du coude.

— Ici, fit-il simplement.

— Quoi ? demandai-je interloqué.

— Si ce vérin se coince, comment fais-tu pour le réparer ?

J'ouvris la bouche pour répondre, et, tandis que je faisais le déroulé mental de l'opération, qui impliquait de démonter trois plaques de recouvrement et une partie de l'articulation, je compris où il voulait en venir.

— Je dois retirer ces trois plaques-là, fis-je en les désignant, dans cet ordre. Puis je dois enlever la pièce qui est ici, et démonter cette structure d'articulation, et après seulement, je peux changer le vérin avant de remonter l'automail.

Il hocha la tête avec un sourire.

— Combien de temps cela te prendrait en tout pour changer cette pièce ?

— Probablement une heure et demie, un peu moins si je suis efficace.

— Tu dois travailler vite.

Je hochai la tête.

— J'ai l'habitude des délais serrés. Cet automail a été conçu pour quelqu'un qui met souvent ses prothèses en miettes.

Je me défendais comme je pouvais, mais en réalité, j'étais mortifiée d'être passée à côté d'un défaut pareil. Voyant mon expression, l'homme me fit un clin d'œil et dit d'un ton encourageant.

— Même des fabricants d'automails réputés font des erreurs de ce genre. Mais vu ta réaction, on voit que tu prends ce métier à cœur. Ça me paraît être bon signe pour la suite.

Je hochai la tête, ravalant un peu mon orgueil tout de même. Al se pencha à son tour sur le plan, cherchant visiblement à comprendre ce dont nous parlions. Il devait probablement s'ennuyer à nous écouter parler technique.

— Honnêtement, ça m'a tout l'air d'être une belle pièce. J'espère avoir l'occasion de voir l'original.

— Moi aussi, répondis-je du tac au tac avant de rougir.

Biff baissa vers moi des yeux surpris, puis me scruta, augmentant mon embarras. Choisissant de ne pas détourner les yeux, je vis à son expression qu'il me comprenait un peu trop bien.

— Oh, un amoureux en cavale ?

— Ce n'est pas mon amoureux ! persiflai-je maladroitement sans pouvoir m'empêcher de rougir.

Son sourire s'élargit presque malgré lui, puis il toussota et repris son sérieux, comme s'il venait de se rappeler que ce qu'il venait de faire n'était pas complètement poli.

— Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, je m'en voudrais de vous laisser sortir sous une pluie pareille... Est-ce que vous voulez vous réchauffer autour d'un café ou d'un chocolat chaud en attendant que ça se tasse ?

Je jetai un coup d'œil à la vitrine ruisselante d'eau, puis tournai la tête vers les militaires, qui étaient restés silencieux durant la conversation, les bras croisés, nous observant depuis un coin de la pièce, et enfin vers Al, n'étant pas sûre qu'il accepte de rester ici. Je croisai son regard brun-vert, et il hocha la tête, m'encourageant à rester sans prendre part à la conversation pour autant.

— Je veux bien, un chocolat, oui.

— Et vous autres ? Vous préférez quoi ? fit-il aux trois autres. Café ou chocolat chaud ? Vous pouvez accrocher vos manteaux sur la patère à gauche.

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant