Chapitre 2 - 1 : Pluie d'automne (Riza)

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— Oh, Lieutenant Hawkeye ?

La voix avait résonné et je m'étais retournée vers la devanture, surprise de voir le Sergent Hayles. Je me figeai dans une bouffée de stress idiot, tandis que Black Hayatte se tournait vers moi et s'asseyait, attendant des instructions. Je n'aimais pas rencontrer des collègues hors du travail, je ne savais jamais quelle posture adopter, incapable que j'étais de sortir de ma rigueur professionnelle.

— C'est bien vous, s'exclama la brunette avec un ton joyeux qui fit taire mes inquiétudes. Je ne savais pas que vous aviez un chien !

Je parvins à sourire, un peu gauchement sans doute.

— Oui, il s'appelle Black Hayatte. Il a trois ans.

J'avais répondu d'un ton un peu trop mécanique, mais Hayles sembla ne pas s'en formaliser puisqu'elle s'était accroupie pour faire davantage connaissance avec Black Hayatte, lui tendant la main pour qu'il puisse la renifler. J'étais un peu soulagée qu'il détourne son attention. Nous étions au petit matin, et je n'étais pas encore assez réveillée pour les interactions sociales. 

Pourtant, en voyant la jeune femme gratouiller Black Hayatte derrière les oreilles en l'inondant de compliments un peu gâteux, je ne parvenais pas à ressentir la distance méfiante que m'inspiraient naturellement les gens. Black Hayatte était adorable, mais ne se laissait pas non plus plus approcher par l'importe qui. Quand il se roula sur le dos pour que Hayles puisse lui gratter le ventre, je songeai qu'elle avait passé le test haut la main : quelqu'un qui gagnait les bonnes grâces de mon chien était forcément sympathique.

Au fond, je le savais déjà.

— Vous habitez dans le quartier ? demanda Hayles en relevant vers moi ses yeux noisette.

— Oui, j'ai un appartement pas très loin. Vous aussi ?

— Ah, non, j'habite dans la vieille ville, près des quais. Je passais dans le quartier pour déposer une liste de courses pour une amie avant d'aller travailler.

— Oh, je vois, répondis-je.

Le silence retomba, et Black Hayatte se releva, haletant joyeusement et remuant la queue en nous regardant alternativement. C'était sans doute à moi de dire quelque chose.

— Vous avez un bon contact avec les chiens, vous en avez un ?

— Ah, non, il y a juste un chat dans notre colocation. Mais j'aime beaucoup les chiens.

— La réciproque est vraie, il n'est pas aussi affectueux avec tout le monde.

Je repensais aux vaines tentatives de Mustang pour l'amadouer. Il n'avait jamais réussi à obtenir plus que des politesses de sa part. Heureusement qu'il n'avait pas vu ça, il aurait été vexé comme un pou.

— J'ai grandi entourée d'animaux, ça doit être pour ça, fit-elle avec un petit rire.

Je la détaillai discrètement tandis qu'elle jouait avec Black Hayatte. Un nez retroussé, des yeux noisette, et un sourire éclatant. Elle avait l'air beaucoup plus joyeuse et détendue que la première fois où j'avais vraiment discuté avec elle. Il faut dire que juste après une agression sexuelle, ce n'était pas le meilleur moment pour faire connaissance.

Depuis, nous avions régulièrement eu l'occasion de la revoir dans nos bureaux. Il faut dire qu'il s'était passé beaucoup de choses au cours des semaines passées. Je repensai à ces nombreux rebondissements.

.oO°Oo.

Après l'arrestation de Mary Fisher, les interrogatoires avaient duré des jours, des semaines, même. Mustang tentait de la faire parler et s'y cassait les dents, n'obtenant rien de plus de sa part qu'un regard froid. Elle était pourtant enfermée dans une cellule silencieuse et vide, et ce simple fait détruisait plus d'une personne. Elle avait une résistance hors norme à ce genre de torture. De la même manière, nos équipes avaient retourné son appartement pour le fouiller de fond en comble, en quête d'indices, mais l'une et l'autre étaient restés d'insondables mystères. Sa résolution s'était muée en rage, et les interrogatoires s'étaient progressivement mués en passage à tabac.

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant