Chapitre 4 - 4 : Retrouvailles (Edward)

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Les semaines suivantes avaient été à l'avenant de ce premier jour. Réveillé à l'aube, j'avais connu dès le lendemain des courbatures abominables, les positions inhabituelles que je prenais me faisant découvrir tout un tas de muscles dont je ne connaissais pas l'existence. Entre les répétitions de danse, le solfège, le chant et les leçons de bonne conduite qui m'avaient fait sentir comme un animal mal dressé, j'avais travaillé douze heures par jour, souvent plus, sans journées de repos ni véritable répit. Il m'était souvent arrivé de m'endormir avant de me déshabiller, et malgré sa délicatesse, les réveils de Nadine étaient une vraie souffrance.

Heureusement, la bienveillance de la domestique, qui semblait apprécier ma présence et qui m'avait conseillé quelquefois pour m'éviter l'ire de Fierceagle, et l'excitation de la découverte compensaient ce rythme éreintant. Peu à peu, je m'étais habitué à la cadence que m'imposait mon professeur, trouvant au bout d'une semaine les ressources d'écrire une lettre à Riza sous ma fausse identité.

Cet apprentissage forcené m'avait rappelé l'acharnement que nous avions eu avec mon frère pour apprendre l'alchimie et ressusciter notre mère. Je retrouvais cette soif d'apprendre dans ce nouveau monde, bien plus vaste et complexe que je m'imaginais. Bien vite, j'avais eu honte d'avoir sous-estimé la danse à ce point, et, même si je n'en avais rien dit, j'avais senti dans le regard de mon professeur une approbation face à ma soudaine humilité. Elle continua toutefois à mettre la barre haut, augmentant drastiquement ses exigences à chaque fois que j'avais l'impression de toucher du doigt la réussite. Et j'étais là, suante et essoufflée, courant après cette perfection inatteignable sans avoir pour autant envie de lâcher ce but.

Finalement, le seul moment de frayeur avait été quand des militaires étaient arrivés chez elle, sonnant à la porte. Ils semblaient prêts à mettre la maison sens dessus dessous sous prétexte qu'elle connaissait Izumi, mais elle les avait accueillis avec son inflexibilité habituelle, signalant qu'elle ne l'avait pas vue depuis des années, et qu'elle n'avait jamais entendu parler des deux autres.

Elle avait tout de même toléré qu'ils visitent en leur rappelant sèchement de s'essuyer les pieds avant de passer la porte, et quand ils étaient passés devant la salle d'entraînement et que je m'étais figée au milieu de la pièce, pris par une peur soudaine face à mes ennemis, elle m'avait houspillée pour mon manque de concentration. 

Quelques soldats avaient coulé quelques regards goguenards vers moi, visiblement réjouis de pouvoir observer une danseuse en tenue moulante, mais personne n'avait reconnu le Fullmetal Alchemist dans ma silhouette. Un coup d'œil au miroir avait achevé de me rassurer : je ne me reconnaissais pas moi-même, comment ces inconnus auraient pu me percer à jour ?

Une fois les militaires repartis, Olga Fierceagle m'avait adressé un regard pénétrant, comme si leur visite lui avait fait comprendre tous les enjeux qui se cachaient derrière mon apprentissage. Elle avait sans doute deviné qui j'étais réellement, mais n'en avait jamais dit un mot, à mon grand soulagement.

Et finalement, au bout de plusieurs semaines rythmées de cours, de discussions avec Nadine et de lettres codées à Riza, où j'avais fini par prendre le pli des lieux, Olga avait lancé, presque comme un caprice, qu'elle était finalement trop âgée pour donner des cours, et m'annonçait qu'elle arrêterait à la fin de la semaine à suivre. Une manière implicite de me mettre dehors. 

Sur le coup, j'avais juste eu envie de marmonner qu'elle n'avait qu'à faire des journées moins denses si elle trouvait ça trop fatigant. Mais après un moment de réflexion, je m'étais rendu compte que le calendrier avait avalé les jours à une vitesse folle, et qu'à ce moment-là, un mois complet se serait écoulé. Un mois entier sans voir mon frère, Winry, ni les militaires ou toute autre personne connue.

À l'idée de pouvoir repartir pour Central, je m'étais senti frémir d'impatience. Ces journées d'enfermement me pesaient plus que je le pensais, et même si j'avais senti naître une forme d'affection polie pour mon mentor et une certaine amitié envers Nadine, j'étais quand même bien seul dans ce domaine où tous ceux que je côtoyais avaient au bas mot le triple de mon âge.

Quand elle m'avait annoncé ça, passé la première surprise, j'avais pris mon courage à deux mains pour appeler Roxane. Je savais que c'était son rêve de venir à Central, et quitte à se lancer dans le plan rocambolesque de devenir danseuse, autant ne pas le faire seul. L'idée de revoir l'expansive rouquine m'avait amené un sourire, et si le premier appel m'avait laissé un peu inquiet, j'avais été vraiment ravi quand elle m'avait finalement confirmé sa venue.

Et voilà comment, avec mes lunettes, mon sac de voyage en cuir défraîchi et ma fausse identité, j'avais pris le train pour Central. Les adieux à mes hôtesses me laissèrent ému, même si Olga Fierceagle avait gardé sa retenue habituelle. J'avais fini par deviner que derrière son regard de rapace et son expression sévère se cachait un humour plein de retenue. On était bien loin de l'aigreur dont elle faisait preuve au premier abord, et j'avais l'impression, même si à aucun moment, elle ne l'avait dit, que j'avais obtenu d'elle, sinon de l'affection, au moins un peu de respect en survivant à son enseignement. 

Bras de fer, gant de velours - Quatrième partie : En coulissesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant