À peine sorti de la voiture je n'avais pas pu me retenir, je vomis toutes mes tripes à côté de mon paillasson. J'avais failli m'appuyer sur le mur pour me soutenir à cause des spasmes qui me secouaient mais j'avais vite changé d'avis quand j'avais compris ce qu'était le liquide poisseux qui recouvrait mes mains. Mes oreilles qui bourdonnaient encore et tout mon corps commençait à me faire mal, mon adrénaline était redescendue et je ressentais enfin toutes les blessures sur mon corps. La violence de l'explosion m'avait vraiment bousillé sur ce coup et je ne comprenais pas comment on s'en était tous sortit et comment on avait fait pour combattre ces morveux. Je m'empressais de claquer la porte derrière moi, je n'aimerais pas qu'une voiture passant par hasard sur cette route ne me voit, même si elles se faisaient rare. Ma porte d'entrée s'ouvrit et je fus presque content de sentir l'odeur que je connaissais, mon chez-moi.
Il fallait que je nettoie mes plaies et les panse, j'espérais ne pas avoir de fracture ou d'os cassés. Pas question d'aller à l'hôpital ni d'en parler à Louisa ; et encore moins à ma sœur. Louisa irait sûrement mettre un poing dans le visage d'Alyos et c'était loin d'être ce que je voulais. Je devais garder la confiance d'Alyos le temps de résoudre l'enquête sur mon père. Si je perdais sa confiance je perdrais mon grade et donc la possibilité d'avoir des informations de source sûr et bien placés.
Je me trainai dans mon salon. Mon audition n'était pas revenue totalement, un bruit sourd et continu me prenait le crâne. Mon pied avait du mal à toucher le sol et ma bouche était rempli de sang. Je ne voyais presque rien dans la pénombre mais je m'orientais à l'aveugle dans la maison. Je montai alors les escaliers, lentement mais sûrement, m'aidant de la rambarde et me hissant jusque dans la salle de bain où je pris enfin connaissance de mes blessures dans le miroir.
Mon visage était boursouflé et finement égratigné par endroit. Mon gilet noir était ouvert et partiellement brulé par le feu qui c'était propagé lors de l'embuscade. Je cherchai de quoi me désinfecter mais je ne sus pas quoi utiliser. Je finis par monter dans ma baignoire et passer l'eau brûlante sur mes blessures. L'eau rouge tacha la baignoire, mes muscles étaient à bout et mon pied enflé. Je fermai les yeux et pensai à de jolies choses mais plus j'essayai et plus je repensais à cette soirée. Je n'avais encore jamais vue un tel bain de sang et de violence. Pourtant j'en avait vu de la violence comme j'étais le second d'Alyos mais sur ce coup, on s'était bien fait avoir et on avait eu un mal de chien à gagner. Alyos était à peine amoché car l'explosion ne s'était pas faite là où il était mais nous, nous avions virevolté dans tous les sens. On avait perdu Tess et Brook, deux filles d'un gang voisin qui était venu nous soutenir. Les balles avaient fusé, j'étais l'un des seul qui ne s'était pas fait toucher. Mais ce soir j'avais eu une fois de plus la confirmation qu'altos ne faisait que rendre ce qu'on lui faisait. Nous étions intervenus car ce gang planifiait un attentat en ville et Alyos avait décider de les en empêcher mais cela s'était vite retourner contre nous. En effet, ils avaient fait exploser leur bombe sur nous plutôt que sur les habitants de la ville. Au moins nous avions évité la mort de beaucoup d'innocents.
Lorsque mon corps fut enfin propre je remarquai une énorme entaille dans ma jambe. Il allait falloir recoudre, alors que je ne savais même pas passer un fil dans une aiguille. Je sorti de la baignoire mais m'aperçus vite que je saignai un peu de partout mais que ma cuisse saignait abondamment. Je récupérai un fil et une aiguille à suture dans une petite trousse de secours perdu dans mon placard. Je ne savais pas coudre et encore moins sur la peau. J'avais vu ma sœur le faire sur Alyos mais je n'en savais pas plus.
Je pris une inspiration, pensai à tout ce qui me retenais dans ce monde. Je repensai à Romy quand elle courait dans toute la maison parce qu'elle avait peur de moi qui la poursuivait, je repensai au visage de Louisa après l'avoir embrassé pour la première fois. Je repensai à des souvenirs d'enfance, au sourire soulager d'Alyos quand il m'avait vu en vie lors de ma première mission avec lui, les rires de ma soeur et ceux de ma mère. Quand je rouvris les yeux, ni une ni deux je plantai l'aiguille dans ma peau et en ressortis le métal ensanglanté. Un hurlement m'échappa, des larmes coulèrent sur mes joues et tout mon corps se contracta en réponse à la douleur lancinante. Mais pas le temps de m'apitoyer sur mon sort que je plantai une deuxième fois l'aiguille, retenant un nouvel hurlement. Ma tête se mit alors à tourner et mes yeux se figèrent sur la chair de ma cuisse. Je retins un haut le cœur et replantai l'aiguille. De l'eau coula de mon front et je m'écroulai dans la baignoire ou je tentai de reprendre mon souffle. Ma jambe était prise de tremblement frénétique, mes tripes se retournaient et mon cœur sortis presque de ma poitrine.
- Aller papa, donne-moi la force de m'en sortir.
Mais je délirai, je revis le visage de ma sœur, mélangé aux flammes de l'entrepôt de ce soir, j'avais de nouveau la sensation que des coups de poignards m'étaient assénés, j'imaginai mon père aujourd'hui, le visage parsemé de quelques rides mais heureux, je revis son visage de l'hôpital. Je revis maman, ses larmes, le visages heureux de Louisa, la sensation de conduire comme un fou, les bagarres avec Alyos mais aussi la protection qu'il m'offrait dans chaque situation et qu'il n'offrait qu'à moi. Tout un tas de souvenirs intactes surgirent de ma mémoire tandis que d'autres se mélangeaient avec incohérence.
- Papa, je t'en prie, j'ai pas le droit de mourir comme ça, m'entendis-je murmurer.
Si c'est ce qu'on appelle voir sa vie défiler devant soi alors c'était vraiment nul. Je tentai de me redresser mais mes yeux ne voyaient que des tâches noires, mes bras n'avaient plus aucune force mais miraculeusement je réussi à planter l'aiguille encore une fois, je soufflai et ravalai la bile qui venait de faire surface dans ma gorge. Je plantai encore et encore jusqu'à ne plus en pouvoir. Je finis par relâcher tout mon corps dans un grand souffle et m'autorisai un peu de repos, il était temps de dormir un peu. Je m'étais bien battu ce soir. Le reste on verra demain...
******
Quand je me réveillai, il faisait toujours nuit, mon dos semblait gelé contre une paroi dure et en ouvrant les yeux je m'aperçus que je me tenais toujours dans ma baignoire, nu et frigorifié. Ma jambe était recousue et je détournais les yeux pour m'éviter un haut le coeur. Je me hissais à l'aide de mes bras en dehors de la baignoire, avec une serviette humide j'essuyai ma peau tachée de sang. J'enfilais ensuite des habits amples pour que le tissu ne frotte pas trop avec la peau. Je mis quelques compresses sur ma jambe et sur les grosses blessures et m'allongeai sur mon lit. Il était une heure du matin, j'étais rester inconscient environ une demi-heure. Il était hors de question que j'aille en cours aujourd'hui, Louisa ne tarderais pas à venir chez lui, lorsque quelqu'un lui aura parler de l'explosion d'hier. Alyos ne lui dira rien, sur ma demande, mais Julien n'en ferait pas autant, il ne cachait rien à ses amis et Louisa avait la chance d'en faire partie. Elle débarquerait dans la chambre, tirerai les couettes et pousserait un cri de surprise quand elle verrait mon état, mais pour le moment cela ne m'importait que très peu, je voulais dormir, m'enfoncer dans les abîmes du sommeil et retrouver la paix. J'entendis une voiture dans l'allée et priais pour que ce ne soit pas Louisa ou Romanellia, mais la voiture ne sembla que passer. Je m'endormis d'un coup, comme si une masse m'avait assommé.
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Night Driver
RomanceRomanellia, une jeune étudiante de 20ans, se retrouve embarquée dans un monde cruel et ténébreux alors qu'elle espionnait son grand frère sur la demande de sa mère. Ce monde n'est autre que celui d'Alyos Right, chef du gang qui se fait appeler les S...