28| Romanellia

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Sept heures, le temps passait à une lenteur exécrable dans cette salle d'attente lubrique. Louisa fondait en larmes toutes les vingt minutes et étouffait ses sanglots dans le creux de ses mains. J'avais trouvé le mur en face de nous aussi intéressant qu'une fourmi parmi tant d'autres mais mon regard ne pouvait se détacher de lui, des larmes roulaient le long de mes joues en continu dans un lourd silence. Aucun médecin n'était venu nous voir depuis qu'Aïko était entrer en bloc opératoire. Ma mère était venue à la simple mention de son fils à l'hôpital, sans même prendre le temps de savoir ce qu'il lui était arrivé. Je n'avais pas envie de donné de raison à sa présence ici. Elle avait à peine posé les yeux sur Louisa, elle ne l'avait jamais rencontré et pourtant elle s'était vite aperçue qu'elle était proche de son fils. Pour ma part, je n'avais pas pu demander des nouvelles d'Alyos en présence de ma mère. Julien attendais assis sur le sol en face de nous. L'odeur d'antiseptique me piquait le nez et je n'arrivais pas à me concentrer sur quoi que ce soit. Selon Julien, Alyos l'avait appelé, puis donné leur position en disant de les conduire à l'hôpital au plus vite. Alyos avait l'air paniqué au téléphone et tout ce qu'avait pu voir Julien était du sang et des membres cassés. Aïko avait perdu connaissance à l'arrivée aux urgences. Ils étaient salement amochés. Il avait dit m'avoir appelé juste après leurs prises en charge. J'avais accouru dès que j'avais pu. Et mon coeur se serra quand je me rendis compte que je m'inquiétai pour Alyos. Un chef de gang qui va à l'hôpital n'était jamais bon. Je me levai, n'en pouvant plus d'attendre dans ce couloir. J'avais besoin d'air.

- Où est-ce que tu vas ? Demanda ma mère.

- Dehors, répondis-je tremblante.

- Je te suis, renchérit Julien.

- Moi aussi.

Louisa se leva en essuyant ses larmes. Sans jeter un regard à ma mère je suivis mes amis jusqu'à l'entrée. On s'assit sur les marches qui donnait au parking public de l'hôpital, nous laissâmes le silence s'installer un moment, je sentis l'air frais sur mes joues et je me rendis enfin compte que mes mains tremblaient comme des feuilles. C'est dans ce même hôpital que papa avait été conduit et laissé échapper son dernier souffle et il était hors de question que je perde un autre membre de ma famille.

- Qui a bien pu faire une chose pareille à mon frère et Alyos ? Je demandai avec rage.

- Ils n'ont rien dit sur qui les avait tabassés, ils étaient complètement dans les vapes. Mais...

- Mais ?

- C'était dans l'ancienne maison d'Alyos.

- Celle qui a brûlé ? fit Louisa d'une voix faible.

- Ouais... Je pense qu'Alyos n'en a pas fini avec son passé. Je pense que certains partisans de son père s'en sont pris à lui.

- Mais pourquoi à mon frère aussi ?

- Est-ce que ça peut avoir un rapport avec ton père Romy ?

- Je ne sais pas.

- En tout cas, il va falloir trouver les coupables, je ne veux plus qu'un seul de mes amis ne se retrouve dans cette position.

Le silence retomba entre nous. Nous étions tous d'accord. Après quelques minutes nous revînmes dans le couloir, auprès de ma mère. Quand elle me vit elle se leva et accourut vers moi, les yeux écarquillés et les mains s'animant devant elle pour m'attraper comme si elle souhaitait être soutenue. Il y avait du nouveau. Effectivement un docteur semblait attendre non loin, un dossier à la main.

- Julien Minnelli ? demanda alors ma mère. Le médecin à des nouvelles de votre ami... Je me disais bien que vous vous appeliez Julien.

- Merci Madame. Comment va-t-il ? demanda-t-il alors au médecin.

Night DriverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant