16| Romanellia

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Son poing atterrit à côté de moi et une dose d'adrénaline pulsa dans mes veines. Je l'avais mis dans une colère sombre et son aura noirci envahit la pièce. Mais l'alcool me faisait me sentir plus courageuse. Il resta le poing au mur, nos regards en suspens, nos souffles rapides. J'avais sûrement l'air ailleurs et lui en colère. Pourquoi agissait-il ainsi ? Pourquoi choisissait-il toujours la violence pour avoir ce qu'il voulait ? Pour se faire respecter ? Qui prenait possession de son corps quand il était dans cet état ?

- Je n'ai aucune idée de ce que tu me fais, c'est totalement nouveau.

- De quoi tu parles ? Je lui demandai perplexe.

Il se détacha de moi dans un rire sombre et ses yeux prirent une teinte encore méconnue à mes yeux. Je ne savais pas si c'était l'alcool ou encore la lumière sombre qui me faisait cet effet : un frémissement s'insinua en moi de force, comme pour me rappeler qu'en temps normal j'aurais déjà pris mes jambes à mon cou.

On aurait dit que le diable s'était invité dans son corps.

- Cet homme, il aurait dû mourir ce soir mais... Quand tu es arrivée j'ai tout arrêté.

- Excuse-moi mais je ne vois pas ce qui aurait pu te mettre dans cet état Alyos. Cet homme n'a rien fait.

Il ria une nouvelle fois et ancra de nouveau son regard dans mes pupilles, cette fois-ci il semblait bien plus perdu que moi. Son corps très proche du mien, je ne pouvais m'enfuir car ses mains vinrent se poser sur le mur à coté de ma tête.

- Sache que je suis devenu un monstre, que je n'ai pas toujours été comme ça.

- Pourquoi devenir comme ça ?

Son sourire devint triste et il se détourna enfin de moi, s'engageant un peu plus dans la salle. Je respirai enfin normalement et me retirai du mur pour rester près de la porte au cas où j'aurais besoin de fuir.

- Ça c'est un secret que je ne révèle à personne.

- je sais que ce n'est pas toi. Quand tu es...

- En crise. C'est comme ça que je les appelles.Quand la colère se décuple, je perds le contrôle de mes actes.

Il s'approcha de nouveau, quelque chose de sombre était là, coincé en lui, et il ne sortira jamais de son corps, comme s'ils étaient faits pour aller ensemble. Le diable et le chef de gang semblait indissociable. Soudain son souffle s'écrasa contre moi et bizarrement je n'ai pas envie de m'enfuir, l'envie de percer son secret me fit rester à quelques centimètres de lui. Son sourire et ses yeux étaient aussi sombre que le néant. Mais son corps se rapprocha et son doigt effleura mon cou avant de descendre sur mes clavicules. Il se perdis dans ce spectacle avec un air de vampire. Pourquoi avais-je soudain envie de sentir ce contact encore quelques instants ?

Je n'aurais jamais dû rester, j'aurais dû courir à la seconde où il s'approchait.

- Merci.

- Pour ?

- Avoir calmer le démon, ce soir.

S'en était trop, tout ça ne signifiait rien de bon. Depuis quand il s'excusait ? C'était un chef de gang sanglant et complètement fou. Louisa ne l'avait jamais entendu prononcer un mot sympathique donc ce qui se passait-là ne présageait rien de bien. Je me préparai alors à courir quand soudain contre toute attente, ses yeux semblèrent s'éclairer, comme s'il reprenait conscience de la situation, comme s'il n'avait jamais parler de tout ça, qu'il ne venait pas de me dire que je calmais ses crises et de me remercier dans la foulée.

- Rentre chez toi maintenant et ne reviens jamais. Louisa sera bien gentille de te raccompagner.

Ses cheveux gris tombaient sur son front et collaient à sa peau avec l'alcool que je lui avais balancé. Ses yeux bleus s'éloignèrent ainsi que son corps.

Night DriverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant