35| Romanellia

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"They say "all good boys go to heaven"

But bad boys bring heaven to you

It's automatic"

La voiture me dépassa à pleine vitesse. J'aurais juré entendre le moteur rugir de colère plutôt que de plaisir. Romanellia n'avait cessé de conduire depuis quelques jours. Elle comptait en mettre plein la vue lors de la prochaine course. Quand je m'étais opposer à ses participations elle m'avait assuré que mon père ne serait pas là, qu'il ne se montrerais pas avant le Dryland. Elle me rassura en évoquant ce que j'avais dit plus tôt, mon père attendrait la grande course pour faire une entrée spectaculaire. Je la sentais légèrement à cran depuis hier, elle n'arrivait pas à progresser, pourtant son temps était bien meilleur que tous ceux que j'avais pu faire et que ceux des meilleurs conducteurs du pays. Elle détenait l'un des meilleurs temps de l'histoire des SerpentSand et pourtant elle regardait le tableau des scores avec dégout et rage. Louisa appuya sur le chrono pour la quatrième fois de la journée, la voiture ralentit et vint s'arrêter devant nous. La porte passagère s'ouvrit et Julien en sortit et vomit son repas sur le sable, provoquant un rire chez Louisa. Le pauvre venait d'enchainer plus de deux tours infernaux avec Romanellia, même moi je ne voulais pas me retrouver dans cette voiture. La voiture fumait presque sous le soleil de plomb. La petite furie en sortit à peine, son casque noire et rouge apparu au-dessus de la portière ouverte.

- Alors ? fit-elle. Combien ?

- 5'28.

- Fait chier.

Elle repartit dans sa voiture. Aïko l'observait, le drapeau de départ dans la main. Tout le monde se souciait de ce qui se passait dans son esprit mais personne n'osait l'a forcé à nous en parler. Je m'étais pris un mur de béton la dernière fois que je lui avais demandé insistement. La nuit, elle dormait partiellement et se réveillait en sursaut. Elle partait sur la terrasse et ne revenais qu'au lever du jour, des cernes barraient son doux visage. S'en fut trop. Je m'approchai de la voiture, elle baissa la fenêtre de moitié comme pour me dire « fait vite, j'ai d'autre chose à faire ! ».

- Coupe le moteur, fis-je férocement.

- Non, une dernière fois, je peux battre mon record, j'y suis presque.

- Coupe. Le. Moteur. Avant que je ne le fasse à ta place.

Elle obtempéra non sans râler. J'ouvris la portière et elle en sortit en me fixant de son regard sauvage. Je défie son casque et le retirait, la vision qui s'imposa à moi fut celle d'une jeune fille amaigrie et ronger par quelque chose qui m'échappait.

- Depuis quand tu n'as pas mangé ? Je demandais.

- Hier, avoua-t-elle sans tenir en place.

- Romy, il est seize heures... Tu dois crever de faim.

Louisa nous rejoignit et caressa la joue de son amie. L'inquiétude transparaissait sur son visages. Aïko ne tarda pas à arriver.

- Ça va, je mangerais quand j'aurais fini de m'entrainer.

- Hors de question ! tu risques de faire une syncope sur la route, fit son grand frère.

- Je me sens très bien.

J'indiquai à tout le monde de monter dans la voiture. Ils obtempérèrent sauf Romanellia qui me regarda en chien de faïence. Mais je lui ouvris la portière arrière et elle s'y engouffra. Je pris le volant, Julien remonta, blanc comme un cachet et je laissai échapper un rire devant ses yeux rouges et son corps faible. Romanellia semblait être la seule à tenir le coup de sa conduite.

Night DriverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant