26| Romanellia

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"I used to doubt now I believe,

I let you ease my pain,

Using your black magic on me"

Assise devant sa tv je tentais de me concentrer sur les programmes du soir mais aucun n'était assez intéressant. Seul lui, en train de passer des appels semblait intéressant. Il s'était excusé avant de répondre, était redevenu le chef froid et vide. L'appel se prolongeait et je sentais l'agacement monter en lui. Il finit par refuser et raccrocher. Il se posta à côté du canapé comme s'il n'osait pas s'assoir à mes côtés. Je l'observais un instant. J'avais l'impression que tout mon corps était en train de fourmiller, mon ventre se nouait et se réchauffait face à ses yeux qui détaillait mon visage. Les bras croisés et la posture droite, il semblait mal à l'aise de me voir dans son espace personnel. Je me risquais alors à la question qui rodait dans mon esprit :

- Pourquoi n'avoir emmener personne ici avant ?

- Personne n'était assez digne de confiance, soupira-t-il.

- Parce que moi je le suis ? Il acquiesça. Pourtant Aïko et moi ne t'avons jamais dit que nous étions les enfants de Peter Lower, parce qu'on pensait que tu nous tuerais.

Il s'approcha, se mit face à moi et se plia en posant poings sur le canapé, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Ses yeux clairs était si profond dans la lumière tamisée de la pièce mais je n'y voyais rien. Je ne déchiffrais rien. Rien de ce que j'avais déjà pu y voir.

- Je t'ai emmené ici parce que tu ne connaît que le chef de gang, celui qui n'a pas de pitié, complètement cinglé, le fils de son père mais ici je suis Alyos, un simple gars qui lutte contre ses démons.

- Quels démons, Alyos ? Dis-je en osant frôler sa joue.

- Je te raconterais, pour le moment... Je propose un repas.

Il s'éloigna difficilement. Il marcha jusque dans la cuisine et je le suivi en sautillant pour le rattraper plus vite. Il sorti d'un placard un paquet de pâte entamé. Il se tourna vers moi et je le vis presque embêter de me demander :

- Ça t'irais ? Dit-il d'une voix innocente.

- Hmm, opinai-je, l'esprit ailleurs.

Il sortit les ustensiles nécessaires et mit à bouillir l'eau, ses gestes étaient saccadés, comme incertains. Je pris une longue inspiration, tentant d'inhaler le plus possible de son parfum et me dirigeai vers le frigo. En l'ouvrant je vis des étagères en verres presque vides, seuls quelques restes trainaient encore là dans l'espoir d'être mangés avant d'arriver à date. Je me tournai vers lui, les sourcils levés :

- Je ne mange pas beaucoup ici. Le Dead River cuisine pour moi au Centre.

Son regard semblait appréhender chacune de mes réactions, il tentait de faire abstraction de mes mouvements mais je le sentis perdu dans ses pensées tandis qu'il m'observait. Je réussi à trouver de quoi faire une sauce qui viendrait adoucir la sécheresse des pâtes. Je m'attelai à ma tâche et il m'observait, j'étais gênée mais son regard sur moi me faisait me consumer au fur et à mesure qu'il me détaillait. L'eau ne tarda pas à bouillir et il plongea le fond du sachet, il attendit, les regardant tournoyer sous l'eau bouillonnante. Il poussa un soupir de sureté que j'accueillais avec bonheur. Je me sentais apaiser, moi aussi, même en compagnie de cet homme.

Un silence s'était installé, je sentais ses yeux me parcourir encore et encore, se fixant sur mon visage, mes épaules, mes mains. Je tentais de détourner son attention sur autre chose :

Night DriverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant