Night Driver

36| Romanellia

Mon cœur ne voulait plus arrêter la course folle qu'il venait d'entamer. Rien ne le calmait même pas le spectacle qui se déroulait sous mes yeux. Les feux d'artifices semblaient presque être à notre hauteur. Le vent doux et chaud venant du désert séchait mes mains moites mais ne faisait rien contre ce que je venais d'entendre. Mes jambes étaient faites de cotons. Le collier qu'il m'avait offert était la chose la plus somptueuse que je n'ai jamais possédé. Ses bras autour de moi m'enlaçaient sans me compresser.

Il m'aime.

Et j'en étais follement éprise aussi.

- Je t'aime Alyos.

Je sentis la surprise que provoquait ma réponse en lui. Le moment le plus magique de mon existence m'avait été offert par un chef de gang redouté. L'amour le plus fort que je n'avais jamais ressenti était pour un homme que je me souvenais avoir détesté et méprisé à première vue. Les choses avaient bien changé depuis quelques mois et me retrouver dans la même maison que lui n'avait rien arrangés. La sécurité que je ressentais dans ses bras était indescriptible. La joie et l'amour dont il était doté avaient fini par ressortir de cette froideur qu'il arborait. Je faillis me remettre à pleurer devant tout ce que j'avais vécu qui avait abouti à ce moment et bizarrement je ne serais revenu en arrière pour rien au monde. Il était ma maison, mon sentiment de sécurité et aucun lieu n'égalera jamais ce sentiment.

Le final arriva et nous rejoignîmes la balancelle pour l'observer. Son regard semblait éveillé et attentif à chacun de mes mouvements. Enlacés l'un contre l'autre nous nous balancions lentement d'avant en arrière en profitant des dernières explosions colorées. Mon cœur ne se calmait pas et le sien non plus mais nous gardions le silence. Quand tout redevint comme avant, le silence fut assourdissant. Mes oreilles entendaient encore les feux d'artifices. Je me tournais vers lui qui souriait doucement. Son regard croisa le mien avant de descendre sur le collier à mon cou.

- Merci énormément.

- Avec plaisir !

- Je vais devoir t'offrir quelque chose maintenant...

- Tu m'offre déjà beaucoup rassure toi.

- N'importe quoi, je ne t'ai jamais...

Il coupa court à la discussion en m'embrassant langoureusement. Le feu qui s'était apaisé en moi reprit à pleine puissance et mes joues devinrent brûlantes tandis que sa langue frôla la mienne dans une caresse qui me donna envie de continuer plus loin sur cette balançoire. Quand il s'éloigna il ne le fit que de quelques millimètres glissant ses lèvres jusqu'à mon épaule où il déposa quelques baisers tout en remontant à mon oreille.

- Tu m'offres déjà la lumière dans mes ténèbres.

C'était trop, mon souffle se coupa tandis qu'une sensation vive envahit mon corps, j'avais envie de frissonner et de crier de bonheur devant ce moment irréel. Nous restâmes encore quelques minutes à contempler autour de nous la beauté de la forêt et de la ville avant que j'apprenne que nous allions dormir ici. La balancelle fut dépliée dans une sorte de lit balançoire. Alyos prit des couettes disposées dans un petit coffre à côté que je n'avais même pas remarqué. Il faisait très chaud cette nuit, l'été commençait. J'avais réussi ma première année d'université malgré mes anciens amis qui continuaient à me lancer des regards malveillants. J'avais réussi même avec cette double vie. L'université ne serait plus qu'un souvenir pour les deux prochains mois, je pouvais enfin me concentrer sur ce que je vivais à présent. Sous les couettes nous continuâmes à parler quelques minutes mais aucun de nous deux ne se bernait, nous n'avions qu'une chose en tête, la bouche et les mains de l'autre sur notre corps. Je fus la première à briser la distance et il m'accueillit avec empressement. Nos bouches se rencontrèrent et ne se lâchèrent que pour faire passer nos tee-shirt au-dessus de nos têtes. Quand il passa par-dessus moi je sentis nos corps ralentir. Sa bouche s'éloigna et quand je rouvris les yeux je vis, sous les lumières son sourire léger.