15| Alyos

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"I'm drowning
You're holding me down and [...]
You're killing me slow [...]
I feel like I'm drowning"

- Alyos, Aïko? Demanda Julien en se ruant sur notre voiture.

Je retirai mon casque pour voir la foule qui s'agglutinait déjà sur la voiture en criant victoire. Beaucoup de filles cherchaient à me voir, un air aguicheur collé à leur face. J'aimais ça, cette sensation d'être le meilleur. Julien se fraya un chemin jusqu'à la voiture. Nous étions premiers je le savais, J'étais toujours premier.

- Je ne comprends pas. Il y avait une voiture devant nous sur le tremplin mais quand nous avons atterrit elle avait disparu...

- Nous sommes premier mon frère, il n'y a pas de doutes à avoir, lui dis-je en l'encourageant à boire au goulot d'une bouteille de champagne qu'on venait de me donner.

- Un problème Julien ? Demanda mon ami en le voyant poussé la foule précipitamment pour se frayer un chemin.

- Louisa et ta soeur ont eu un accident à sept cents mètres, elles se sont fait envoyer dans le décor par une voiture.

Je restai un instant en suspens. Elles avaient été victime d'un accident. Il fallait qu'on y aille. Tout de suite.

- Alyos, sors de la bagnole, cria Aïko en panique.

- Hors de question. Une voiture est venue les chercher ?

- Non, pas encore, je peux envoyer ...

- Pas la peine, on s'en occupe.

Je redémarrai et hurla à tout le monde de s'écarter. Aïko paniqué, marmonnant je ne sais quoi en rentrant dans la voiture, il se balança sur son siège, regardant partout comme un fou.

- Fonce putin ! Hurla-t-il.

- Je fais ce que je peux ! Je lui répondis un peu trop calme.

- Oui c'est ça ! Ça se voit que c'est pas ta famille dans cette voiture !

- Comme si je ne comprenais pas...

La plaie venait de se déchirer une nouvelle fois, grâce à lui. Parfois je me demandai ce qui m'avait pris de lui faire confiance, de lui confier ma vie sans rien attendre en retour. J'aurai dû rester un putin de connard dans son coin, le genre qui ne révélait jamais rien. Oui, j'aurais dû ne rien dire, je lui avais donner les armes pour me faire mal. Le pouvoir de me blesser. Je fis grincer mes dents pour éviter d'avoir à le frapper, rien que pour faire redescendre ma colère. Je savais très bien que si je commençai j'allais finir le travail et il ne pourrait plus jamais marcher. Je n'avais pas envie de ça.

Alors j'accélérai un peu plus. La nuit était sombre mais j'aperçus vite la voiture des filles. Étrangement je sentis mon coeur se compresser et mes mains devenir moites. Est-ce qu'elles allaient bien ? Était-elle blessée ?

- Stop ! Arrête-toi !

Il sortit alors que je n'avais même pas encore freiné m'obligeant à appuyer sur le frein d'un coup. 

Des souvenirs me revinrent à l'esprit comme une grosse vague que l'on n'avait pas vu venir, leur voiture était sur le toit et une odeur d'essence s'en échappait. Sans m'en rendre compte je courus moi aussi vers la voiture à quelques mètres derrière lui. Il avait déjà appelé des dizaines de fois sa soeur et Louisa mais personne ne répondait et quand on se pencha l'habitacle était désert, seul du sang et des bouts de verres.

- Non non non... Pas encore... Romanellia ! Louisa !

Il pleure ? Sa voix s'était brisée en un millier de larmes qui dévalaient alors ses joues à pleine vitesse. Il n'était plus capable de crier.

Night DriverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant