30|Romanellia

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L'hôpital était l'endroit que j'aimais le moins. Qui pouvait avoir de bon souvenir dans un hôpital, à part pour la naissance d'un nouveau petit être ? Dans ces bâtiments désinfectés jusque dans les moindres recoins, j'avais seulement fait l'expérience de la mort, les blessures et mon coeur se brisant encore et encore. Thomas s'était chargé avec un grand plaisir de me prendre les cours et de justifier mon absence auprès de l'université. Ce qui lui donnait l'occasion de me voir en dehors d'un établissement officielle ; « Dans mon plus simple appareil. » m'avait-il chuchoté en espérant me faire rougir. J'avais eu le sentiment en pensant à lui, que j'étais un monstre cruel, ne prêtant pas attention aux sentiments qu'il éprouvait et prenant le risque de le faire souffrir pour ce que je pensai être ma sécurité. Je ne voulais pas éveiller les soupçons de ma relation avec Alyos en dehors des SerpentSand. Et encore moins éveillé les soupçons de ma mère.

J'essayai de me changer les idées sur mon téléphone en attendant que Louisa arrive. Les quelques jeux auxquels je jouais avec entrain ne me distrayais pas assez, j'avais besoin de les voir, besoin de savoir comment ils allaient. Je me souciais peu de ma mère qui sortirais dans l'après-midi avec un lourd traitement contre les crises d'angoisses pour le mois qui suivrait. Ce qui m'intéressait était mon frère et le chef de gang sanguinaire, tous deux allongés et comateux dans leurs lits. Ne pouvant plus contrôler le tremblement anxieux de ma jambe je me précipitais à l'intérieur sans un regard pour l'infirmière qui me tendait un petit gobelet de café. Le café ne ferait que me rendre encore plus anxieuse, ce qui, je pense, me serait fatal. Les étages paraissaient n'en plus finir dans ces escaliers mais enfin arrivée au troisième, je m'aperçus les avoir montés en quelques secondes seulement, enjambant les marches avec empressement. Il fallait que je me calme avant de débouler comme une furie dans leurs chambres. De quoi pouvais-je avoir peur ? Qu'il disparaisse en une nuit ? Qu'ils soient morts dans leurs sommeil ?

La main sur la porte je pris le temps de toqué avant d'entré. N'entendant pas de réponse j'ouvris la porte. Avec stupeur je me trouvais en face d'un enfant le dos recourbé sur sa console de jeu.

- T'es qui toi ? Me demanda-t-il, aussi confus que moi.

- Et toi t'es qui ? Je laissai échapper.

Je reculai un peu pour voir le numéro sur la porte. Tous les chiffres étaient à leur place et bien présent. Une bouffée de chaleur m'envahit et mes joues s'empourprèrent. Je refermais la porte avec milles excuses. Mes craintes semblaient être confirmés. Il avait disparu. J'interpellai un médecin qui me pris sûrement pour une folle. Il consulta sa fiche et chercha le nom d'Alyos mais rien ne semblait figuré à ce nom ; aucune trace. Je redescendis, demandai à l'accueil de m'indiquer la nouvelle chambre d'Alyos mais m'indiqua qu'aucun patient n'avait été enregistrer à ce nom. Alors la panique m'envahit. Je demandai le prénom de mon frère mais il n'y avait rien non plus. Mes oreilles bourdonnèrent un instant et la femme maigre au rouge à lèvre criard en face de moi fit un mouvement par peur que je ne tombe dans les pommes.

- Bon et bien j'ai dû me tromper. Merci... Dis-je en souriant sans pour autant arriver à calmer la panique qui me gagnait.

À peine sortie, je dégainais mon téléphone pour appeler mon frère. Il ne décrocha pas. Louisa ne décrochait pas non plus. Mes jambes cédèrent et j'eus le temps de m'assoir sur un banc pour ne pas m'écrouler sur le trottoir.

Je suis dans une autre dimension ou quoi ? pensai-je en retenant un cri d'angoisse.

Je regardai autour de moi, rien ne paraissait inversé ou changer. Tout était à sa place.

La peur m'envahit : et si le père d'Alyos avait décidé d'en remettre une couche et de les arracher de l'hôpital pour les torturés à nouveau ?
Aïko succomberait pour sûr. Alyos mourrait probablement aussi. Ils étaient bien trop faibles pour pouvoir encaisser de nouveaux coups.

Night DriverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant