Night Driver

29| Alyos

Réveillé d'un long cauchemar dans lequel je ne faisais que tomber, je revivais les douleurs que mon père avait causé. Sa voix emplissait la totalité de la noirceur dans laquelle j'étais et je ne pouvais m'en défaire. À mon réveil Julien et Louisa étaient là, à mon chevet, en train de me regarder comme un extraterrestre. Je ne pouvais pas parler, ma gorge était trop sèche.

- Tu veux de l'eau Alyos ? Me proposa Julien doucement.

J'acquiesçai légèrement et il inclina un verre devant ma bouche. Je relevai la tête avec difficulté et me délecta de la douceur de l'eau, apaisant le feu de ma trachée. Louisa sèche une larme.

- Tu vas t'en sortir mon pote.

- Il m'en faut plus... pour crever...

Ils rirent, le visage encore crispé de me voir aussi faible.

- Roma...

- Quoi ?

- Elle...

- Romy ? Demanda Julien alors que j'acquiesçai une nouvelle fois. Elle devrait arrivée, dit-il évasif. Elle attend les médecins pour Aïko.

La douleur commença à s'insinuer en moi, faisant grincer mes dents. Je sentais l'effet de la morphine sur mon corps mais la douleur ne faisait que revenir par vagues. Je voulais la voir, avoir ses yeux rassurants posés sur moi. Je voulais que tout aille bien pour Aïko et elle. Je voulais la serrer contre moi, la sentir contre moi, me réchauffer contre sa peau. Mes amis semblèrent comprendre l'envie qui m'animait. Ils me laissèrent alors dans la chambre que je détaillai longuement, chaque détail, chaque fissure dans le béton blanc. Jamais je n'aurais pensé que Julien et encore moins Louisa viennent et attendent à l'hôpital pour moi. Comme quoi je n'avais jamais vraiment été seul.

Quand on toqua enfin à la porte j'avais eu le temps de prendre pleinement conscience de mon état, un bras dans le plâtre, une attelle à la jambe et de nombreuses compresses tout le long du corps, sans oublier que j'étais perfusé et que mon cœur était représenté par une courbe et un bip incessant. C'était la première fois que je me rendais compte de son existence. On frappa une seconde fois à la porte et à travers la vitre et les rideaux de la porte je discernai une figure d'homme, pas Julien. La porte s'ouvrit et la tête de Tancho apparut. Ma tête se mit alors à tourner à plein régime et je tentai de planifier son meurtre dans la seconde.

- Bonjour frérot ! Dit-il tout sourire. Tu es encore faible donc j'en profite pour venir te voir sans que tu me sautes dessus.

- T'approches pas.

- Tu as la voix faible, tu ne pourras pas crier à l'aide. Tu vois, cette fois encore, papa t'as laissé t'en sortir en espérant que tu as appris ta leçon. Je crois avoir vu Romanellia dehors, sa mère est en train de lui passer un sacré tabac. Sa mère à découvert qu'elle te fréquentais, elle en a giflé sa fille. Tu te rends compte ? Lever la main sur son enfant ? Tu n'apportes rien de bon pour elle, c'est pourquoi il va falloir te débarrasser d'elle avant que papa ne le fasse.

J'ouvris les yeux en grand. Il avait vu Romanellia, rien de bon ne pouvait arriver maintenant. Tout était de ma faute, m'accusai-je, espèce de connard, je n'avais fait que penser à moi et non à elle tout ce temps.

- Je ne vais pas m'attarder mais je pense que tu as entendu ce que je t'ai dit et que tu vas réfléchir. Je vais tenter de voir comment va Romanellia d'un peu plus près... Tous ces tourments que tu lui imposes...

- Ne...

Mais il posa sa main avec force sur ma bouche me faisant pousser un grognement de douleur. Mon visage devait avoir pas mal de blessure pour qu'une simple pression me fasse mal. Un sourire pervers se dessina sur son visage et j'aurais adorer l'étrangler et le menacer de ne pas toucher un seul de ses cheveux mais au lieu de ça il sortit de la chambre me laissant pantois, incapable de bouger un seul de mes membres. J'aurais aimé me lever mais je n'aurais pas fait un mètre sans m'effondrer. Je devais me rétablir vite, sortir d'ici, élaborer un plan pour tous nous sortir des griffes de mon père sans qu'il y ait de blessés, retrouvé un monde un peu plus paisible.