chapitre quarantième

769 101 105
                                    

❦ ↺

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

❦ ↺

Mon père n'aimait personne comme il aimait ma mère. Elle était tout pour lui, son bonheur, sa fierté, la seule capable de le rendre bon. Son amour l'a même fait passer à la magie blanche. Son cœur et son âme lui étaient entièrement dévoués. Lorsqu'elle est tombée enceinte, il savait déjà qu'il ne voulait pas vraiment d'enfant, mais elle était si heureuse qu'il s'est rapidement fait à cette idée. Elle est tombée gravement malade peu de temps avant ma naissance et l'accouchement l'a achevé.

Deux ans. Chan faisait son tout premier dessin dont il était réellement fier. C'était un dessin de son père, lui, et sa mère, un ange qui lui tenait la main. Ses traits étaient simples mais à l'époque, ils étaient dignes d'une œuvre d'art à ses yeux. Il était encore trop jeune pour réaliser, trop jeune pour comprendre. Il apporta son dessin à son père qui, comme à son habitude, épluchait ses mails de travail avec une bouteille ouverte bien entamée près de l'ordinateur.

Son père ne s'occupait que très peu de lui, mais Chan vivait avec lui, ça n'avait jamais été différent, alors il pensait que c'était comme ça qu'on aimait son enfant, après tout, il était encore jeune, il n'avait aucun autre modèle d'amour ou de famille.

Il tendit le dessin à son paternel avec un sourire radieux, heureux de pouvoir lui montrer. Ça représentait tellement pour lui, il sentait son petit cœur se gonfler de bonheur devant ce dessin aux traits maladroits. Lorsque son père observa son dessin et que ses traits se déformèrent pour une moue colérique, Chan perdit son si beau sourire.

- Tu crois que tu mérites ça ? il lança en montrant la main de sa mère dans la sienne.

Chan hocha honteusement la tête, la voisine lui avait dit que sa mère l'aimait fort de là-haut, alors oui, il pensait sincèrement le mériter...

- Tu l'as tué ! s'écria son père. Tu es un monstre ! Une petite ordure ! T'aurais jamais dû naître ! il s'écria encore.

Il était soûl, mais du haut de ses deux ans, Chan ne comprit pas vraiment ses mots. Ce qui le fit pleurer, c'était ce ton horriblement agressif et le volume de sa voix. Ça lui avait fait peur, vraiment peur. Parfois, son père était comme ça, il haussait gravement le ton et lui parlait très méchamment, et même s'il avait l'habitude, ça lui faisait toujours très mal. Chan savait qu'il était responsable de tout ça, son père le lui disait sans cesse. Lorsqu'il déchira son dessin, les larmes que Chan n'avait pas réussi à contenir redoublèrent. Alors, son père l'enferma dans sa chambre et le priva de repas, car un garçon ça ne pleurait pas, et un monstre comme lui ça ne mangeait pas.

Je crois qu'il avait besoin d'un coupable. Il avait besoin d'une raison, d'une personne sur qui déverser sa haine.

Six ans. Chan entrait enfin à l'école primaire. Son sac à dos vide que sa voisine lui avait gentiment prêté ce matin-là. Il avait trouvé le chemin tout seul, comme un grand, parce que de toute manière, son père se moquait bien de son éducation, il se moquait de tout ce qui le concernait. Il l'avait inscrit parce que sa voisine lui avait passé un sacré savon car Chan avait toujours rêvé d'aller à l'école. Il avait déjà loupé la maternelle par sa faute, le géniteur oubliait vite que l'école était obligatoire. Enfin, il l'avait donc inscrit, mais c'était tout, il était hors de question qu'il ne fasse plus.

𝗘𝗖𝗟𝗜𝗣𝗦𝗘 ; jeongchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant