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<PDV : Omniscient>

L'une des décisions les plus idiotes que pût faire le comte des Redbird fut sûrement de réveiller un beau matin sa propre fille, et de l'emmener sur ses terres. Il avait été presque agréable avec elle ce qui relevait du miracle, mais il ne l'avait pas emmené pour une promenade ou pour lui faire plaisir. Bien sûr que non, il ne s'appelle pas « Laurent Redbird » pour rien.

En éduquant son enfant à prendre votre place dans une entreprise, à prendre votre titre etc. Vous devez acheminer un long travail et l'explication des terres appartenant à un comte en fait partie. C'est d'ailleurs l'une des parties les plus importantes. Mais comme cela commence à paraître évident, Anastasia Redbird est de sexe féminin. Et dans le merveilleux monde d'Angleterre à la fin du 19ème siècle —et comme à peu près partout à cette époque—, les femmes ne possèdent pas autant de droits qu'elles le souhaiteraient. En outre, elles ne peuvent pas posséder à proprement parler des titres, quelqu'il soit. Les femmes de vicomtes, comte, marquis et j'en passe, ne font que porter le titre de leur mari, rien de plus. Elles n'ont aucune autorité et ne peuvent que se considérer comme comtesse, vicomtesse ou bien marquise ,mais cela s'arrête là.

Alors, pourquoi donc le comte des Redbird apprendrait toutes ces choses à sa fille ? Parce que, de toute façon, elle ne pourra rien faire de ce titre tant qu'elle ne sera pas marier et ce dernier sera aussi inutile que les efforts des domestiques du jeune comte de Phantomhive à paraître normaux.

Il y a beaucoup de choses que le couple des Redbird n'a pas fait « comme les autres » et ne pas fiancer leur fille dès son plus jeune âge ainsi que lui parfaire une éducation à s'y méprendre à celle d'un garçon en fait partie. Nous ne saurons sûrement jamais pourquoi et comment ont-ils pu en venir à faire ces deux actes qui leurs vaudraient les pires critiques de toute la bonne société, mais peut-être que quelqu'un d'extérieur a gardé des réponses...

C'est pourquoi, quand le duo composé d'une fille et de son présumé père arrivèrent dans le village qu'il était censé gérer, les regards curieux et indiscrets furent plus que compréhensible. La petite Anastasia portait une tenue hivernale —compte tenue du fait que le soleil ne faisait que de pointer le bout de son nez— et un voile noire lui couvrait le visage. Son père prenait quand même des précautions, même si ses yeux étaient devenus « normaux », il ne voulait pas avoir affaire à un événement qui l'incomberait de gêne. La calèche, bien plus luxueuse que le village en lui même, arrivait à l'entrée du village et pourtant, ils avaient déjà croisé des habitants.

Anastasia leva sa tête vers son père qui paraissait étrangement sérieux mais aussi quelque peu impatient. Ce dernier sentit le regard de sa fille posée sur lui et il encra ses prunelles dans les siennes. Puis il soupira.

« Ma fille. Tu te dois de savoir qu'un comte possède des terres plus ou moins grandes qui dépendent de la richesse de ce dernier. Il marque une pause et lève son bras en montrant tout le paysage de l'aube qui les entouraient, Vois-tu, le village qu'on approche à grand pas est sous mes ordres. Bien sûr, il n'est pas très grand mais bien assez pour une centaine d'habitants. Les récoltes autour m'appartiennent également. Mais tout cela un jour... le comte fixe son regard dans celui presque émerveillé de sa fille, t'appartiendra. »

Il finit sur cette note et bizarrement, Laurent paraissait inquiété. Peut-être était-ce la peur de donner son titre à sa pauvre fille si différente des autres et qu'il n'a pas confiance en ses capacités parce qu'il l'a sous-estime. Peut-être. Mais, imaginons que ce soit pour une tout autre raison, bien plus ésotérique et qu'il avait plus peur pour lui que pour sa fille. Ses sentiments étaient si irrépressibles que même sa descendance en fut frappée, sans comprendre pourquoi. Mais une question parcellaire de sa fille se fit entendre :

𝐵𝑜𝑜𝑘 𝑜𝑓 𝑠𝑒𝑐𝑟𝑒𝑡𝑠.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant