CHAPITRE 44

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J'ai un goût d'inabouti
Que je garderai jusqu'à la mort

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Tu pourrais me rendre ma veste?

C'est ce qu'il vient de dire, n'est-ce pas?!

Je ne réponds rien, j'en suis incapable. Heureusement que j'ai ce gant sur la figure, je ne suis pas du tout prête à lui faire face.

Tous les souvenirs de cette soirée remontent à mon cerveau, forçant la porte de ma mémoire. Non, non, non! Je ne veux pas voir ça! Je ne veux plus voir ça maintenant que je sais que c'est lui... 
Qu'est-ce qu'il s'est passé? Comment ça a pu arriver?! Pourquoi je ne m'en suis pas rendue compte?!

Ça me paraît évident à présent. La menthe, le parfum un peu acide, c'est lui, bien-sûr que c'est lui! Cette veste... C'est clairement son style! Et... Les remarques de Max... Il jubilait d'avoir assisté à cet événement!

Je n'y ai pas réfléchi... Mais tout conduisait à Jimmy. Je ne suis vraiment qu'une idiote!

Je réunis un courage incommensurable pour répondre nonchalamment:

-Ah... Alors c'était toi...

J'ai juste envie de crier à m'en déchirer les cordes vocales...

-Ouais.

Un grand silence suit et j'inspire profondément. La panique me gagne.
C'était... Jimmy.
Je n'arrive pas à assimiler l'information.
C'ÉTAIT JIMMY!

Je me redresse droite comme un piquet, tel un cadavre sortant de son tombeau. Je jette le gant et le pointe du doigt prête à exploser.

-POURQUOI?! crié-je.

Il lève les yeux de son magazine, comme si notre discussion n'avait rien de très intéressant.

-Hein?

-TU N'ES QU'UN SALE PROFITEUR! JE VAIS TE FAIRE PASSER L'ENVIE DE...

Ma nausée revient et je cours jusqu'à la salle de bain pour vomir. Il se plante dans l'encadrement de la porte avec son air suffisant.

-Un sale profiteur? répète-t-il.

Oui, oui et oui!
Enfin, c'est ce que j'aurais voulu répondre.

-J'étais complètement ivre et tu t'es jetée sur moi... Bon, c'est vrai que j'ai ma part de responsabilité mais c'est pas la peine d'hurler comme ça.

Pardon?!
Qu'est-ce qu'il dit?!

Dans sa bouche ça sonne comme si ce n'était pas grave du tout!

-T'es... T'es sérieux?

-Jusqu'à aujourd'hui, je ne me souvenais pas que c'était toi, en fait... admet-il.

Mes yeux doublent de volume.
Il était dans la même situation que moi?!

-Ouais... Je savais que j'avais fait une connerie mais je pensais que c'était une inconnue que je reverrais jamais... Sauf que t'avais ma veste ce matin, j'ai eu du mal à avaler la nouvelle.

Ce qui explique son silence pendant tout le trajet...

-Mais... Tu sais, j'ai dit à Valery que j'avais merdé. Elle m'a pardonné, si elle apprend que c'est toi, en revanche... Je ne sais pas comment elle réagira.

Oh... Elle lui a pardonné?
On est exactement dans le même bateau tous les deux. C'est étrange...

J'hoche la tête en attrapant une serviette pour m'essuyer.

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