[II] « Pardonne moi »

-trente-et-un-

Jamel

J'ouvre les yeux. Il y a beaucoup trop de lumière mais bon on peut rien y faire. Je sais que je suis à l'hôpital, je me rappelle de tout, c'est pas ma tête qu'a été atteinte hein même si elle me fait un peu mal. Je regarde mes jambes, elles sont dans du plâtre et mon bras aussi. J'ai envie de peter un câble. Je prends des raisins à côté de moi, j'avais trop la dalle. Je voulais appeler quelqu'un mais j'ai oublié que j'avais plus de téléphone. J'allais appuyer sur le bouton mais la porte s'ouvre sur mon père.

Papa - Ça va ?

Je fais oui de la tête, il avait une putain de tête d'enterrement.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis vivant hein.

Papa - Ouais Al-HamdulilLah. Les médecins t'ont rien dit ?

- Sur quoi ?

Papa - Tes jambes ?

- Nan.

Papa - Et sur Zakaria ?

- Non plus.

Il soupire, putain ça sent pas bon cette histoire.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Dis moi.

Papa - Zakaria... Ils ont mis Zakaria dans un coma artificiel. Et... Pour ta jambe...

- Pour ma jambe quoi ?

Papa - Kamélia, t'as tiré dans le genou gauche et... Peut-être qu'elle est paralysée.

J'ai mal entendu...

- Qu-

Papa - Mais les médecins ont dit qu'il fallait refaire des analyses de toute façon, c'est pas leur diagnostic final !

- C'est une blague ?

Papa - De quoi ?

- Tout.

Papa - Malheureusement non. Mais pour toi, si tu fais beaucoup de rééducation, c'est possible que tu remarches un jour... Et pour Zakaria, on peut que faire des duu'as... Tu veux que je te ramène à manger ?

Ça a mit une atmosphère bizarre dans la chambre. Normal hein. Imaginez, je ne marche plus jamais ?

- Ouais, s'il te plaît. Il est où Sofyan ?

Papa - Ils sont rentrés. Ils vont revenir demain matin. Je te ramène un tacos.

Il sort et quelques minutes après une meuf rentre.

Neyla - Ça va ?

Qu'est-ce qu'elle fout là ? Je me rappelle d'elle.

- Ouais. Fin, j'ai un petit peu perdu l'usage de mes jambes mais bon.

Neyla - Pardon, c'est vrai. Je suis conne.

...

J'ai pas trop envie de parler. Même si elle a été gentille avec moi, vasy, y'a un truc qui me gêne.