Quatre Cœurs pour Azeroth (World of Warcraft T1, Battle for Azeroth) [APERÇU]

Prologue

Calendrier : An 0, Ouverture de la Porte des Ténèbres.

Tout changea pour Liadrin lorsqu'elle passa sur le pont qui enjambait la rivière Elrendar, dont le flot tumultueux traversait d'Est en Ouest le royaume des hauts-elfes de Quel'thalas. Elle revenait du village de Tranquillien où ses compétences de prêtresse avaient été requises pour soigner quelques Forestiers blessés dans une escarmouche avec les Trolls Amani vivant au bord de la côte Est. À ses côtés, ses camarades avançaient d'un pas vif, pressés par l'orage. Un tel déchainement climatique était rare dans leur royaume. Ces terres étaient protégées par la magie du Puit de Soleil, la grande fontaine de pouvoir magique qui se trouvait sur la petite île de Quel'danas et qui irriguait toutes les terres elfiques de son énergie. Pourtant ce soir, d'immenses éclairs blancs zébraient le ciel, le vent soufflait avec force vers l'Ouest et une pluie battante s'insinuait dans chaque repli de leurs vêtements. Le petit groupe était déjà trempé bien avant d'arriver à la rivière et il leur restait encore un long chemin avant de rentrer à Lune d'Argent, la capitale du royaume.

- Ça ne sert à rien de continuer par ce temps, cria le prêtre de tête, qui semblait être leur chef, pour couvrir le vacarme. Faisons demi-tour et allons à Solcouronne en attendant que cette tempête se calme !

- Mais le prince Kael'thas exigeait notre rapport au plus vite ! protesta Liadrin.

- Ce n'est pas quelques heures de retard qui feront la différence, argumenta un autre prêtre derrière elle. Vandellor a raison, on doit faire demi-tour !

Liadrin jeta un coup d'œil à son mentor, puis à leur petite troupe détrempée et frigorifiée. Puis elle dit avec un sourire forcé :

- J'espère qu'ils ont une bonne cheminée à l'auberge de Solcouronne !

Vandellor la gratifia d'un rire sincère.

- Tu peux compter sur eux ! Allez, on y va !

Le petit groupe fit demi-tour et entreprit de marcher vers le village dont les lumières étaient visibles dans le lointain. Mais à peine s'était-elle détournée du pont que Liadrin entendit un bruit glaçant. Elle tourna aussitôt la tête vers la rivière. Non, ce n'était pas possible. Elle avait dû halluciner. À ses côtés, l'un de ses camarades l'appela d'un air interrogateur :

- Liadrin ?

- Vous avez entendu ?

- Entendu quoi ?

L'elfe face à elle semblait perplexe mais elle était sûre d'elle. Elle se tourna à nouveau vers la rivière, ignorant les interrogations de Vandellor non loin.

- Liadrin, qu'est-ce que tu fabriques ?

Elle ne répondit pas et tendit à nouveau l'oreille. À son grand effroi, elle perçut de nouveau le son.

- Ecoutez ! cria-t-elle. On dirait ... des pleurs d'enfants !

- Quoi ? Liadrin, attends !

Sans répondre à Vandellor, elle se précipita vers le pont, saisie d'un affreux pressentiment. Lorsqu'elle fut dessus, elle comprit que son instinct avait vu juste. Une silhouette sombre venait de passer juste sous le pont et, entrainée par le courant de l'eau et le vent violent, elle dérivait rapidement vers l'Ouest. De là où elle se trouvait, Liadrin était sûr qu'il s'agissait d'un panier tressé recouvert de couvertures rouges et dorées. Et au milieu de ces couvertures se dressait ce qui ne pouvait être qu'un bras de nourrisson.

Sans même réfléchir à ce qu'elle faisait, Liadrin se débarrassa de sa cape de voyage alourdie par la pluie et sauta dans la rivière.

- Liadrin !