Quatre Cœurs pour Azeroth (World of Warcraft T1, Battle for Azeroth) [APERÇU]

Chapitre 7 : Iraella Hautdestin (partie 4/4)

Tandis que Sylvanas approchait prudemment, la magicienne se releva et ôta son chapeau. Ses cheveux blonds, jusque-là retenus au-dessus de sa nuque, tombèrent dans son dos et sur sa poitrine en cascades élégantes et ondulées. Quelques mèches rebelles venaient encadrer son visage angélique d'une beauté à couper le souffle. Elle avait quelques taches de rousseur discrètes sur le haut de pommettes, tout comme sa sœur. Ses yeux d'or ornés des gracieux sourcils caractéristiques des elfes et sa bouche fine rehaussaient ses traits délicats à la perfection. Elle était légèrement plus petite que Thalyssra mais aussi grande que Sylvanas ou Nathanos. Sa silhouette svelte se découpait sur le contre-jour du soleil descendant.

Sylvanas sentit une pointe de jalousie lui étreindre le cœur. De son vivant, elle avait toujours fait en sorte d'être l'elfe la plus belle de Quel'thalas. Elle payait peut-être cette vanité aujourd'hui en n'inspirant plus que dégoût ou dédain. Quoi qu'il en soit, elle avait toujours fait des efforts pour paraitre désirable. Celle qui se trouvait face à elle n'en avait pas besoin. Il ne lui servait à rien de paraître belle : elle était belle, tout simplement. Et même à côté de la reine banshee et de toute sa prestance, elle ne perdait rien de son charme naturel, au contraire.

Lorsqu'elle arriva devant Iraella, Sylvanas s'arrêta. La magicienne n'avait pas bougé. Elle gardait le visage fermé et même si elle n'avait fait aucun geste agressif, la Dame Noire pouvait voir danser dans ses yeux une flamme inquiétante dont elle était elle-même coutumière. Elle prit rapidement la parole.

- Bonjour, Iraella.

Celle-ci lui adressa un signe de tête mais ne répondit pas. Sylvanas reprit :

- Il s'est écoulé beaucoup de temps depuis notre dernière rencontre.

- Plus d'un an, ma reine, répondit enfin la magicienne d'une voix douce et mélodieuse. Tornheim, c'est bien cela ?

- En effet. Vous combattiez la Légion, à cette époque. Au vu de vos exploits depuis de nombreuses années, je ne m'attendais pas à vous voir dans ce genre d'endroit. C'est très ... simple.

- Le calme de la Pandarie est parfait pour se retrouver, argumenta Iraella dont le regard s'était attardé derrière Sylvanas. Pourquoi est-il là ?

Sa voix était devenue dure et elle désignait Nathanos d'un doigt menaçant. Sylvanas lui jeta un coup d'œil, puis reporta son attention sur son interlocutrice.

- Il est mon champion. J'ai préféré l'emmener lui, plutôt qu'une armée de gardes du corps. Je ne voulais pas donner l'impression d'envahir votre ferme.

- Merci de votre sollicitude, ça me touche beaucoup. Mais il ne peut pas rester ici, désolée. Il peut vous attendre au village s'il le souhaite. Mais cet endroit est mon sanctuaire et il n'y est pas le bienvenu. J'espère que je n'aurai pas besoin de le chasser.

Le reine banshee haussa légèrement un sourcil, à la fois amusée et outrée par l'orgueil démesuré d'Iraella. Elle n'avait pas l'ombre d'une chance contre Nathanos, c'était certain. Celle-ci semblait sûre d'elle, néanmoins. L'air autour d'elle se mit à trembler sous l'effet d'une subtile montée de chaleur et Sylvanas eut l'impression de distinguer quelques flammèches courir le long du corps de la magicienne. Elle prit sa décision rapidement.

- Nathanos, retournez à Micolline et attendez-moi. Ce ne sera pas long.

- Ma reine ?

- C'est un ordre.

Elle était ici pour amadouer Iraella, pas pour s'en faire une ennemie. Après un dernier regard à sa reine, le mort-vivant acquiesça et tourna les talons. Lorsqu'il eut franchi le seuil du domaine, la Sin'dorei parut s'adoucir.

- Merci. C'est très aimable à vous. Soyez sans crainte, vous êtes en sécurité ici.

- J'espère que vos griefs personnels ne vous empêcheront pas de travailler ensemble à l'avenir, fit Sylvanas.

- Je n'ai pas prévu de faire équipe avec Nathanos dans un futur proche, ma reine.

- Vous pourriez y être amenée plus tôt que prévu, mage.

- Je préfèrerais de loin combattre avec vous, répondit-elle avec un sourire. C'est étrange à dire, mais votre inflexibilité me manquait ici.

- Pour cela il aurait fallu rester à Orgrimmar à mes côtés, au lieu de chercher l'isolement. Être chef de guerre n'est pas aussi intéressant sans vos conseils avisés.

- Vous me flattez mais ma présence ne vous était pas indispensable, j'en suis persuadée. Je suppose que diriger la Horde est une tâche prenante qui demande une attention particulière.

- On s'y fait, répliqua distraitement Sylvanas.

Iraella lui décocha un regard énigmatique en guise de réponse, puis se tourna vers Thalyssra avec un sourire franc.

- Ça me fait plaisir de vous revoir, Première Arcaniste. Comment se porte Suramar ? La ville s'est reconstruite ?

- Les réparations sont presque achevées, répondit cette dernière. Nous pouvons remercier le peuple de Lune d'Argent pour l'aide apportée.

- Voilà qui me réjouit. La Légion a laissé d'importantes cicatrices de son passage, comme à chaque fois. C'est toujours un soulagement de les voir se refermer.

Elle n'ajouta plus rien pendant quelques instants, se contentant de dévisager ses deux invités. Enfin, elle demanda :

- Pourquoi êtes-vous venues ? Je suppose que vous n'avez pas fait le chemin jusqu'ici pour partager une simple conversation.

- En effet, répondit la chef de guerre. J'ai besoin de votre aide, Iraella. La Horde a besoin de vous.

- La Horde ...

Son regard s'était fait lointain et sombre, comme si elle plongeait dans d'anciens souvenirs.

- Un problème ? demanda Thalyssra.

- Ça dépendra de votre demande. Qu'attendez-vous de moi, chef de guerre ?

- J'aimerai vous confier une mission de la plus haute importance. Après les récents événements, c'est la survie même de la Horde qui est en jeu. J'espère que je peux compter sur vous, comme autrefois.

Il y avait une forme d'imploration dans les propos de Sylvanas. Elle avait fait de son mieux pour le dissimuler mais elle savait que son interlocutrice le remarquerait. Iraella la dévisagea un instant, puis jeta un regard vers le soleil couchant.

- Le temps s'écoule vite. Venez, je vous invite à diner. Nous pourrons discuter de façon plus franche.

Sur ce, elle se détourna et se dirigea vers la ferme, suivie après quelques instants par ses invitées.

***

Prochain Chapitre : L'Heure du Choix (4 parties)