Quatre Cœurs pour Azeroth (World of Warcraft T1, Battle for Azeroth) [APERÇU]

Chapitre 16 : Serpents et Vulpérins (partie 1/3)

Sous le soleil de plomb de Vol'dun, Jakra'zet patientait nerveusement. Il avait pu s'éclipser de Zuldazar sans que le roi ne se pose de questions mais il savait qu'il n'avait pas beaucoup de temps. Son absence serait très vite remarquée. Il jeta un regard pressé à celui qui l'accompagnait.

- Korphek en a-t-il encore pour longtemps ? demanda-t-il sèchement. Il nous faut agir au plus vite.

Son interlocuteur, un être bipède reptilien semblable à un serpent qui se serait dressé sur ses membres postérieurs, siffla de façon désagréable.

- L'Empereur est un homme occupé, répondit-il avec son accent accentué sur les « s ». Ne faites pas preuve d'irrespect envers lui, Troll. N'oubliez pas à qui obéit cette armée dont vous avez si cruellement besoin.

Jakra'zet serra les dents mais ne dit rien de plus. Les Sephraks n'étaient pas réputés pour leur patience. Enfin, le pan de tissu qui fermait la tente devant lui se releva et l'Empereur Korphek, le dirigeant des Sephraks, sortit dans l'air brûlant. Il était plutôt grand et sa tête ornée d'une collerette de cobra était juchée au somment d'un cou robuste et sinueux. Ses écailles d'un blanc pâle contrastaient avec la grande cape rouge qui était accrochée sur ses épaules. Son corps entier était recouvert de plusieurs plaques d'armure d'un bleu électrique. Le haut de son crâne était protégé par un casque de métal orné de deux cornes bleutées qui crépitaient comme un éclair. D'un regard mauvais, il toisa Jakra'zet.

- Je ne vous attendais pas avant plusieurs jours, général. Pourquoi tant d'avance ?

- Nous devons accélérer les choses. J'ai besoin ...

Korphek leva une main griffue pour l'interrompre.

- Nos recherches avancent bien, général. Un de mes bataillons a investi les ruines de Zul'Ahjin. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne trouvent la clé manquante.

Sur ce, il se mit en marche vers la dune de sable la plus proche, suivit de Jakra'zet. Devant lui, les ruines d'une ancienne route de pierre émergeaient du sable tel un promontoire.

- Mes forces sont presque rassemblées, reprit l'Empereur. D'ici peu, nous pourrons déferler sur Zuldazar et prendre les troupes de Rastakhan par surprise. Personne ne les sauvera, pas même leurs Loas. Ils tomberont devant nous et leurs terres seront englouties par les sables.

- Vous oubliez que l'armée zandalari reste plus puissante que vous, Korphek. Si nous attaquons la capitale maintenant, nous essuierons une défaite. J'ai fait ce que je pouvais pour les saboter mais ça ne suffira pas sans Mythrax.

- Nous aurons ce que nous voulons tous les deux, général. Mais je ne vous permets pas de mettre en doute mon autorité ou l'efficacité de mon armée.

- Avez-vous réglé le problème de Vorrik et de ses Dévoués ?

Les pupilles verticales de Korphek s'étrécirent encore plus sous l'effet de la colère.

- Nous y travaillons.

- Comment voulez-vous que je vous fasse pleinement confiance alors que vous n'arrivez même pas à éliminer une poignée de rebelles issus de vos rangs ?

- Vorrik ne nous échappera pas ! Il est parti se réfugier à l'Ouest, vers la mer. Une fois dos aux vagues, où pourra-t-il se cacher ? Mes guerriers sont à ses trousses et ses alliés sont dispersés aux quatre vents ! Dès que nous l'aurons tué, nous prendrons sa clé.

- Espérons que d'ici là, vous aurez trouvé celle qui est cachée à Zul'Ahjin, maugréa Jakra'zet. Je ne pourrais pas accomplir le rituel sans entrer dans la pyramide et pour cela, il nous faut les trois clés, pas uniquement la vôtre.

- Je connais ce rituel, général. N'oubliez pas que j'étais là lorsque mes compagnons et moi l'avons mené à son terme, il y a des milliers d'années. Je sais comment défaire ce qui a été fait. Nous n'échouerons pas, soyez-en sûr.

- Vous ne comprenez pas. Nous devons nous dépêcher. Le roi, il a des visiteuses un peu trop curieuses ... Ça pourrait devenir un problème.

Korphek semblait s'agacer de plus en plus car il se contenta de répondre d'un ton sec :

- Faites simplement votre part, général. Et nous ferons de même.

Ils étaient arrivés au bout du promontoire et le Troll observa la plaine de sel qui s'étendait à leurs pieds. Entre les hauts rochers isolés s'étaient rassemblés plusieurs centaines de Sephraks, peut-être des milliers. Une légion entière de combattants, certains à pied, d'autres montés sur les gigantesques insectes caparaçonnés appelés Krolusks qui leur servaient de montures dans ce désert impitoyable. En son for intérieur, Jakra'zet devait bien reconnaître qu'il s'agissait d'une armée impressionnante. Mais elle manquait de forces aériennes à son goût et les zandalaris avaient dans leurs rangs de redoutables dinosaures de guerre qui pouvaient balayer des contingents entiers. L'armée de Korphek, bien qu'impressionnante, ne serait pas suffisante.

Trois ombres étranges passèrent soudain sur le sol. Jakra'zet leva les yeux au-dessus de la troupe de Sephraks et vit, haut dans le ciel, trois pterreurdactyles zandalaris. Il les pointa aussitôt en disant à Korphek :

- Là, vous voyez que j'avais raison ! Des intrus viennent nous espionner !

Ce dernier siffla de colère et leva les mains.

- Vous mourrez dans ces dunes ! clama-t-il en direction des nouveaux-venus.

Une boule de foudre s'amassa entre ses doigts en crépitant, puis il la projeta vers ses cibles. Elle percuta le premier pterreurdactyle en explosant, précipitant son passager vers une mort certaine. Korphek en lança une deuxième, puis une troisième, jusqu'à ce que les trois intrus soient tombés dans les dunes. Puis il siffla de nouveau d'un air satisfait.

- Voilà qui devrait leur apprendre à ne pas mettre leur nez dans les affaires de l'empire Sephrak. Je vais envoyer un détachement nous ramener d'éventuels survivants. Vous avez une préférence pour leur exécution ?

- Si vous récupérez deux elfes parmi eux, faites-les souffrir, répondit le Troll. J'aurai aimé m'en charger moi-même mais nous n'avons plus de temps à perdre. Je dois partir pour Atul'Aman et trouver un moyen d'entrer dans cette pyramide.

- À quoi ressemble un elfe ?

- Comme un petit troll à peau blanche et sans défense. De grandes oreilles et de grandes gueules de prétentieux. Vous les reconnaitrez rapidement. Elles essaieront de vous tuer sans discuter si vous les croisez.

- Alors nous les tuerons en premier, martela Korphek.

Jakra'zet approuva en silence, puis se détourna et prit congé.

***

A suivre ...