Quatre Cœurs pour Azeroth (World of Warcraft T1, Battle for Azeroth) [APERÇU]

Chapitre 8 : L'Heure du Choix (partie 2/4)

Un silence de mort suivit la dernière déclaration de Sylvanas. Enfin, après plusieurs instants d'immobilité totale, elle quitta la pièce pour la terrasse plongée dans la fraicheur du soir. Lorsqu'elle eut disparu, Iraella sembla s'apaiser. Les flammes disparurent et elle tourna un regard gêné vers Thalyssra.

- Je suis navrée. Je n'ai pas pour habitude de perdre mon calme ainsi mais avec elle c'est parfois ... compliqué.

- J'avais entendu des rumeurs, répondit prudemment la Sacrenuit. Durant l'insurrection de Suramar, on m'a rapporté les morts horriblement brutales de certains partisans d'Élisande. Je n'y avais pas vraiment fait attention mais les rares témoins disaient avoir vu deux assassins. Deux femmes Sin'doreis.

Elle lança un regard interrogateur à Iraella.

- C'était vous ? Vous et votre sœur ?

- Certainement ...

La magicienne se rassit et but une gorgée d'arquevin.

- La colère nous fait parfois faire des choses horribles, Thalyssra. J'aimerais seulement que Sylvanas ne se laisse pas diriger par cette colère.

La Première Arcaniste jeta un regard par la porte, vers la nuit noire qui avait engloutie le chef de guerre.

- Je n'arrive pas à comprendre, Iraella. Tout à l'heure vous sembliez si enjouée de la revoir. Et maintenant vous déchainez votre irritation contre elle. Est-ce que vous l'admirez ou est-ce que vous la haïssez ?

Celle-ci inspira profondément, puis répondit :

- J'admire l'héroïne qu'elle fut. Elle est morte pour protéger Quel'thalas de l'invasion du Fléau mort-vivant. Elle échoua et notre terre fut ravagée, notre peuple exterminé. Sylvanas était là et elle a participé au massacre malgré elle, transformée par le Roi-liche. Je l'ai vue de mes yeux, j'ai plongé dans son regard ce jour-là. Elle a dû exterminer son propre peuple, tous ceux qu'elle connaissait et qu'elle aimait. Pouvez-vous imaginer à quel point son esprit en est sorti brisé ?

- Sans doute pas, non ...

- Je la plains d'avoir subi un sort aussi cruel et je voudrais tout faire pour l'aider à s'en sortir. Mais elle ne m'écoute pas et persiste à chercher de mauvaises solutions. C'est ça que je déteste, c'est pour ça que nous nous accrochons si régulièrement lorsque nous travaillons ensemble. Mais quoi que les autres puissent dire et penser, elle n'est pas un monstre. Elle est simplement en grande souffrance.

Thalyssra hocha la tête.

- Je ne suis revenue dans les affaires du monde que depuis peu de temps, dit-elle. Mais s'il y a une chose que j'ai comprise, c'est qu'il y a des rivalités et des allégeances. Cela va au-delà des volontés personnelles. Je n'aime pas plus que vous certaines actions menées contre l'Alliance, en particulier contre mes anciens frères de Teldrassil. Mais j'ai promis mon allégeance à la Horde. Et au risque de m'attirer vos foudres, vous lui êtes liée vous aussi.

- Je ne suis liée qu'à Lune d'Argent, Thalyssra. Et aussi à Suramar, au vu des derniers événements ...

- J'en suis flattée mais je ne suis pas votre chef. Sylvanas l'est. Si vous voulez vraiment l'aider comme vous le dites, vous devez la servir.

Iraella lui décocha un regard noir et la Sacrenuit se mit aussitôt à regretter ces paroles. Toutefois son hôte se contenta de demander :

- Quel est votre avis ?

Thalyssra, une fois la surprise passée, haussa les épaules.

- Je fais partie de la Horde maintenant. Elle en est le chef de guerre. Ça ne va pas plus loin.

- Pour moi, ça va plus loin. Mon combat est bien plus personnel. Je crois que les plus faibles ont besoin d'être défendus par les plus forts. La guerre n'apporte rien à personne. Je crois que si plus de personnes chérissaient leur foyer plus que l'or, ce monde serait un endroit plus joyeux.

- C'est un adage pandaren ?

- Ça pourrait, répondit-elle avec un sourire énigmatique. Quoi qu'il en soit, c'est la voie que j'ai choisie. Je défends les faibles pour qu'ils puissent vivre en paix. Et aujourd'hui, Sylvanas s'engage contre mes idéaux. Je ne sais plus comment lui venir en aide.

- Défendez-la même si elle refuse, suggéra la Première Arcaniste.

Une idée venait de germer dans son esprit. Elle l'énonça rapidement avant qu'Iraella n'ai pu reprendre la parole.

- Je ne vous demande pas de mener la guerre de notre chef, plaida-t-elle. Ce que je vous propose, c'est de défendre les pauvres âmes qui vont en souffrir, y compris la sienne. Laissez la conquête à d'autres. Contentez-vous de protéger et d'observer de loin. Comme vous l'avez fait à Suramar.

Iraella hésita un moment, perdue dans ses pensées.

- Si Sylvanas ne veut pas de votre aide de façon frontale, apportez-la-lui dans l'ombre. Je connais vos capacités, je sais que vous y arriverez.

- C'est peut-être une solution ... mais va-t-elle lui convenir ?

- Je pense qu'à partir du moment où vous rejoignez les rangs de la Horde, elle sera satisfaite. Nous n'avons presque plus de champions pour les tâches les plus importantes. La plupart sont morts sur Argus, les derniers autres ont péri pendant la campagne contre Teldrassil ou à Lordaeron. Il ne reste plus que vous et votre sœur. Elle était d'ailleurs à Lordaeron. Nous avons d'abord essayé de demander son aide mais elle est introuvable depuis la bataille.

- Ça ne m'étonne pas d'elle ...

- Quoi qu'il en soit, c'est finalement vous que Sylvanas a voulu. Quels que soient vos désaccords, c'est en vous qu'elle a voulu placer sa confiance. Quelque part, c'est comme si elle réclamait votre aide sans le dire clairement, vous ne croyez pas ?

- J'ai de gros doutes là-dessus, Thalyssra.

- Bon, soit, je vous l'accorde. Malgré tout, vous tenez entre vos mains la possibilité de l'aider. Vous aurez une lourde responsabilité, c'est certain. Mais en la menant à bien, vous pourrez peut-être infléchir le jugement de notre chef de guerre. Vous pourrez sauver son âme et des milliers d'autres. C'est bien ce que vous souhaitez, non ?

Pendant un long moment, la Première Arcaniste ne reçut aucune réponse. Puis son hôte s'avança sur sa chaise.

- En effet, c'est ce que je souhaite.

- Alors vous nous aiderez ?

La magicienne ferma les yeux en silence, plus indécise que jamais. Finalement, elle se leva.

- La nuit porte conseil. Vous pouvez dormir ici pour ce soir.

Elle désigna le couloir derrière elle.

- Les deux premières chambres, à droite et à gauche, sont libres. Si vous avez besoin, la salle d'eau est au fond du couloir.

- Et vous ?

- J'ai besoin de prendre un peu l'air.

***

A suivre ...