Quatre Cœurs pour Azeroth (World of Warcraft T1, Battle for Azeroth) [APERÇU]

Chapitre 16 : Serpents et Vulpérins (partie 3/3)

Dans l'obscurité froide du désert, les feux de camps allumés par les Sephraks en faisaient des cibles parfaitement visibles. Mais ils étaient aussi autant de points délicats menaçant de révéler Iracaura et Nisha. Toutes deux s'étaient frayées un chemin à travers les ombres pour éviter d'être repérées. Jusqu'ici, ça avait fonctionné. Elles étaient maintenant à quelques pas du chariot mais les Sephraks installés devant montaient une garde plutôt vigilante. Et leur chef, assise devant le feu de camp qu'ils avaient dressé près du chariot, contemplait avec un mélange de délectation et d'appréhension un large morceau de parchemin qui ne pouvait être que la carte dressée par Nisha.

- Si l'empereur avait appris l'existence de ces renseignements, disait-elle, il nous aurait tous foudroyés sur place.

- Une chance que nous les ayons récupérés, fit un autre combattant.

- Une chance ?

La meneuse se leva et asséna une gifle puissante au guerrier.

- Ces informations n'auraient jamais dû être notées ainsi. Celle qui les a compilées a réussi à passer entre les griffes de nos espions. Et si une Vulpérine a pu découvrir toutes ces choses, comment savoir si d'autres n'ont pas suivi ?

- Vous craignez que des espions zandalaris aient pu découvrir certaines choses, Mandecroc Sraka ?

Celle-ci renifla avec dédain.

- Non, c'est très peu probable. Jakra'zet a assuré l'empereur que les Zandalaris n'avaient aucun soupçon. Mais si vous continuez à être aussi négligents, nous serons tous démasqués.

- Ça ne se reproduira plus, Mandecroc.

- J'y compte bien.

Sur ce, elle saisit sa lame et trancha sans remords la tête du soldat qui avait parlé. Son corps tomba sur le sable avec un bruit sourd, laissant les autres guerriers de la mandecroc sous le choc de ce rappel cinglant. Durant toute leur conversation, ils n'avaient pas remarqué les deux ombres qui s'étaient faufilées auprès d'eux. Nisha se trouvait à présent auprès des deux alpagas qui devaient tirer le chariot habituellement. Les Sephraks n'avaient pas pris la peine de les détacher. Tant mieux, cela permettrait aux deux voleuses de s'échapper plus vite. Tandis que Nisha réveillait délicatement les deux animaux, Iracaura s'approcha au plus près de la mandecroc Sraka. Elle devait lui reprendre la carte. Elle espérait pouvoir y trouver des informations sur l'alliance de Jakra'zet avec les Sephraks. Que faisait-il ici avec eux, quel était leur but commun ? Elle détestait être dans l'ignorance et ces informations pourraient lui donner une précieuse avance sur les plans de Jakra'zet. Elle ne comptait pas le laisser s'en sortir. Lorsqu'elle en aurait terminé, le troll serait mort.

Elle tourna la tête en arrière. Nisha lui fit un signe de la tête. Les alpagas étaient réveillés et prêts à détaller. Iracaura reporta son attention sur les flammes du feu de camp Sephrak. Elle savait exactement ce qu'elle comptait faire comme diversion pour dérober de la carte à Sraka. Tout en fixant intensément les flammes, elle se mit à psalmodier dans un murmure une incantation plutôt inhabituelle :

- Azhir mudas ethanul, elas umanes azarathan rakas ibna ...

La langue n'était pas le langage délicat et élégant des elfes de Quel'thalas. Ce n'était pas non plus la langue Orc ou le parler commun des humains. C'était la langue des démons, dont Iracaura ne se servait que dans un cas précis. Tout en puisant dans l'énergie qu'elle avait amassé dans ses cristaux d'âmes au cours des précédents combats, elle continua son incantation :

- Akris nor-menoth, kirest-alak yrthog norush ...

Tandis qu'elle parlait, le sable autour du feu de camp se mouvait subrepticement, de façon presque imperceptible. Mais il traçait lentement un symbole, une rune démoniaque que n'importe qui versé dans ces arts sombres aurait aussitôt reconnu comme une rune d'invocation. Mais les Sephraks, quand bien même ils auraient pu remarquer le phénomène, ne disposaient pas des connaissances nécessaires pour identifier et comprendre le processus. Ils étaient déjà piégés.