Quatre Cœurs pour Azeroth (World of Warcraft T1, Battle for Azeroth) [APERÇU]

Chapitre 17 : Vol'dun (Partie 3/3)

Iraella ne pouvait pas détacher ses yeux du cœur tournoyant aux énergies chatoyantes. Le bijou qu'elle portait désormais autour du cou symbolisait tellement. Une planète mourante. Une guerre pour son sang. Bien peu de protecteurs se dressaient entre la folie de ses camarades mortels et leur anéantissement à tous. La Horde et l'Alliance étaient à nouveau pris dans cette guerre éternelle sans voir que si personne ne faisait rien, il n'y aurait plus de planète pour le vainqueur. Iraella soupira de tristesse. Elle avait espéré que la menace de la Légion Ardente et tous les efforts qu'il avait fallu déployer pour la vaincre ouvriraient les yeux des grands de ce monde. Mais une fois encore, elle était déçue. Et comme d'habitude, Sylvanas n'était pas étrangère à cette déception.

Iraella était de plus en plus désespérée. Il y avait encore une parcelle de bonté en Sylvanas, la magicienne en était persuadée. Dès le jour de leur rencontre, lorsqu'elle lui avait rapporté son collier de saphir, elle avait pu sentir toute la détresse, le chagrin et la souffrance qui se mêlaient à la rage de la reine banshee. Depuis ce jour, elle avait voulu la pousser à devenir meilleure, ou au pire à redevenir celle qu'elle avait été avant sa mort. Iraella savait bien que la mort transformait une personne au plus profond de ce qu'elle était. Le traumatisme de la fin associé à l'horreur d'un retour contre-nature sous la coupe d'un autre, c'était une expérience qui ne pouvait pas être vécue sans séquelles. Mais avec Sylvanas, Iraella avait l'impression que quelque chose d'autre avait eu lieu. Quelque chose qui l'avait brisée en deux et qui l'empêchait de se réparer. Mais quoi ?

Tandis qu'elle ruminait, Iraella sentit sa monture changer son rythme de vol. Le drake aux écailles rouges tourna légèrement la tête dans sa direction et émit un grondement informatif.

- N'approche pas trop vite, Aphorialstraz, lui dit-elle. N'allons pas effrayer la reine. Je m'en voudrais qu'elle nous calcine en plein vol.

Le drake acquiesça et ralentis un peu. Sous ses ailes, les nuages s'étaient écartés pour laisser la place à une terre verdoyante. Iraella sentit une bouffée de chaleur involontaire lui enserrer le cœur.

La Redoute Vermillon était un ensemble de collines elles-mêmes juchées au milieu du massif montagneux qui enserrait le Nord-Ouest des Hautes Terres du Crépuscule. Ironiquement, ce sanctuaire occupé par les dragons du Vol draconique rouge n'était pas si éloigné de Grim Batol, la terrible forteresse où leur reine et bon nombre d'entre eux avaient été emprisonnés par la Horde des Orcs durant la Seconde Guerre. Iraella n'avait jamais su dire pourquoi ils avaient choisi cet emplacement et elle s'était bien gardée de leur demander directement. Il y avait des blessures qu'elle ne voulait surtout pas rouvrir.

Difficile d'accès, le sanctuaire se détachait par rapport au reste du massif. Alors que les montagnes qui l'entouraient étaient plutôt grises et sèches, la Redoute était couverte de végétation. Un grand arbre au feuillage rouge, bien plus imposant que les autres végétaux de la région, se dressaient fièrement au sommet de la plus importante des collines. Quelques dragons rouges flânaient autour. La plupart se promenaient simplement sur l'herbe fertile mais quelques-uns volaient en cercles concentriques autour des frontières du territoire. Des patrouilleurs, à n'en pas douter. Leur présence pouvait sembler superflue mais les dragons avaient perdu beaucoup de leurs pouvoirs au cours des dernières années. Bien des adversaires voulaient encore les détruire.

Un patrouilleur remarqua Iraella et sa monture et, d'un battement d'ailes soudain plus vigoureux, il s'approcha d'eux. Il était gros, bien plus qu'Aphorialstraz qui, pour les standards de sa race, n'était finalement qu'un adolescent. Le dragon rouge qui approchait était clairement un adulte aux cornes bien développé et à l'envergure impressionnante. Il claironna un son d'avertissement mais, lorsqu'il vit que le dragon qui venait vers lui était également un membre du Vol rouge, l'avertissement se transforma en salut. D'une caresse sur l'encolure, Iraella encouragea Aphorialstraz à lui rendre la politesse. Cela ne pouvait qu'assurer les dragons qu'elle venait en paix. Le patrouilleur se rapprocha quelque peu et détailla Iraella de loin mais il ne fit pas de mouvement agressif à son égard, se contentant d'escorter les nouveaux venus jusqu'au sol.