3. La mort aux trousses

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Logan déposa sa seule couverture sur le corps inconscient de Dean et fit passer son sac de voyage sous la tête du gamin, qui ne réagit même pas lorsqu'il le déplaça pour le mettre dans une position plus confortable. Le ciel s'éclaircissait déjà entre les arbres et le mutant calcula rapidement que dans plus ou moins une heure, le soleil serait complètement levé, mais il ne pouvait pas se résoudre à réveiller le gamin tout de suite. Le pauvre avait bien mérité un peu de repos après tout ce qu'il avait subi au courant des dernières 24 heures.

Le garçon avait l'air encore plus jeune quand il dormait. Avec ses traits figés et ses muscles détendus, Logan ne lui donnait même plus vingt ans. Il avait l'air complètement inoffensif dans son sommeil, mais le mutant se doutait que dès qu'il se réveillerait, son regard s'illuminerait sur le champ d'une lueur sauvage, intelligente, confiante et téméraire qui le vieillissait de dix ans d'un seul coup.

Peu importe à quel point Logan essayait de se détacher et de s'éloigner de la société, il finissait toujours par s'occuper des enfants des autres. Il n'avait pourtant rien d'un père, d'un frère ou même d'une personne le moindrement aimable, alors pourquoi fallait-il toujours que Dieu s'acharne sur son sort ? Et pourquoi ne pouvait-il pas s'affranchir émotionnellement de ses protégés comme il le faisait si bien avec le reste de la société ?

Le ciel se couvrit trop rapidement à son goût d'un bleu clair et pur que pas même un nuage ne venait pervertir. Il allait devoir réveiller Dean et se dépêcher à rassembler ses effets personnels s'ils voulaient sortir de ce mauvais pas au plus vite. Il se pencha au-dessus du gamin et se préparait à lui secouer doucement l'épaule pour le sortir du pays des rêves, mais à peine eut-il posé ses doigts sur son bras que le garçon se releva dans un sursaut, et avant que Logan ait pu réagir d'une quelconque manière que ce soit, il se retrouva au sol, Dean au-dessus de lui, son genou enfoncé dans ses côtes pour l'empêcher de se relever et la lame de son couteau effleurant sa jugulaire, qu'elle était prête à trancher au moindre mouvement brusque de sa part.

-Merde, gamin ! grogna-t-il avec mauvaise humeur tandis que Dean reprenait peu à peu conscience de ses actes et de son environnement. C'est quoi ton problème ?

Les muscles de Dean se détendirent dès qu'il prit conscience de la position de Logan et le rouge lui monta aux joues tandis qu'il rangeait son couteau et aidait le mutant à se relever.

-T'as de sacrés réflexes, gamin, grommela Logan en retirant la saleté sur ses vêtements. T'es bien certain d'être humain ?

Dean baissa les yeux sans répondre et Logan fut étonné par le soudain mutisme du gamin. Il s'excusa timidement et commença à plier la couverture qui l'abriait avant de la fourrer dans le sac de voyage de son compagnon. Tout portait à croire qu'il essayait de se faire le plus petit possible, mais c'était trop tard, il avait déjà piqué la curiosité de Logan.

-Comment t'as développé des instincts pareils, d'ailleurs ? s'enquit-il en faisant mine de ne pas porter tant d'intérêts envers sa réponse, ce qui était loin d'être le cas. On n'apprend pas des techniques d'arts martiaux pareilles dans les cours du soir, c'est du bien trop haut niveau.

-Mon job est de chasser des monstres, alors tu t'imagines quand même pas que je vais me lancer sur le terrain sans m'être préparé à affronter n'importe quelle épreuve, lâcha le garçon d'un ton monotone, comme s'il relatait un discours appris par cœur. Disons seulement que j'ai été élevé à ne jamais fermer les deux yeux quand je dors et à toujours être prêt à réagir.

Cette mystérieuse explication de la part de Dean ne suffit pas à Logan, mais il dut s'en contenter, d'abord parce que le gamin ne semblait pas du tout réceptif à la discussion, et puis parce qu'ils avaient terminé de nettoyer le campement. Dean ramassa deux bâtons de bois qui se trouvaient à côté du feu de camp que Logan avait pris soin d'entretenir au courant de la nuit. Il retira en grimaçant les bandelettes de vêtements qui lui servaient de bandages pour les enrouler et les attacher solidement aux embouts des bâtons. Il les plongea par la suite dans le feu, et lorsqu'il les ressortit, il avait entre les mains deux torches rudimentaires. Il en tendit une au mutant après qu'il eut passé les ganses de son sac à dos sur ses épaules et tous deux se positionnèrent à la limite du cercle de protection après avoir dûment éteint les braises du feu de camp.

LE MUTANT ET LE MONSTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant