36. L'âme d'un héros

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Dean avait toujours su qu'il n'avait pas l'âme d'un héros, et cette dernière semaine passée avec les Avengers n'avait fait que consolider cette idée. Il ne partageait certainement pas les vertus défendues par les Steve Rogers et les Peter Parker de ce monde et il avait accompli des actes qui auraient fait blêmir même Tony Stark, tout cela sans avoir été contrôlé mentalement comme sa mère et son père. Il était un dangereux chasseur, un tueur, et il n'avait aucun remord à enlever la vie à des êtres humains, même qu'il y prenait plaisir lorsqu'il traquait ceux de la pire espèce, ce qui n'était certainement pas encouragé par ses nouveaux comparses. Dean avait fait tout son possible pour se plier à leurs règles, pour mettre de côté le Chasseur, celui qu'HYDRA avait façonné, mais jamais il n'était réellement parvenu à faire une croix sur cette personne. Le Chasseur le complétait, il faisait toujours partie intégrante de lui et il en était venu à la conclusion qu'il ne parviendrait jamais s'en débarrasser, qu'il valait autant mieux qu'il l'accepte et utilise ses talents à bon escient, même si ça le rendait indigne du statut de héros. Aujourd'hui, cependant, il prouvait une fois pour toutes qu'il n'en avait tout simplement pas l'étoffe. Les héros sauvaient des vies, ils mettaient les méchants hors d'état de nuire. Lui serait bientôt la cause de l'annihilation complète de toute forme de vie sur cette terre.

Il pouvait voir son père se débattre pour tenter d'échapper à la poigne que Michael maintenait sur sa gorge et qui l'empêchait de respirer. Tout autour d'eux, le temps semblait s'être soudainement arrêté : tous les héros qui combattaient jusqu'alors les archanges s'arrêtèrent à l'unisson pour tourner leur regard vers eux, comme s'ils comprenaient la gravité de cet instant. Même Lucifer cessa momentanément ses attaques pour porter son attention sur eux, les yeux exorbités par ce qui aurait autant pu être de la surprise...que de la peur. Ce moment de stupeur générale ne dura qu'une seconde, mais il donna l'impression de s'étirer indéfiniment pour Dean, qui ne pouvait se résoudre à l'idée que ses propres mains allaient causer la mort de son père. Les mouvements de Bucky commençaient à faiblir et ses yeux reflétaient une peur manifeste que le jeune Romanoff-Barnes partageait entièrement, mais ils brillaient également d'un éclat que Dean peina à interpréter, combinant à la fois ce qui semblait être de l'amour et un sentiment de culpabilité. Une larme solitaire coula le long de sa joue.

-Ça va aller, Dean, murmura-t-il en fixant son regard directement dans celui de Michael. Je t'aime plus que tout...et je suis désolé. S'il te plaît, pardonne-moi.

Avant que le garçon puisse comprendre le sens de ses paroles, Bucky dégaina une épée jusqu'alors cachée dans les plis de ses vêtements et il porta un coup en visant l'estomac de Dean. L'épée était plus que magnifique, les autres armes que le jeune mutant avait manié dans sa vie paraissaient comparables à de l'artillerie préhistorique face à la somptuosité de cette lame. Dean se sentit automatiquement attiré par elle comme par un aimant, il aurait pu admirer inlassablement ce chef-d'œuvre de beauté et d'ingéniosité si ce n'avait été du fait que l'épée se préparait à le transpercer. Il ne craignait plus la mort depuis longtemps, il l'avait déjà expérimentée suffisamment pour savoir que dans son cas, il ne s'agissait jamais d'une fin en soi, même si le trépas n'avait rien d'agréable. Cette fois, en revanche, c'était différent. Bucky n'était pas stupide, il avait dû comprendre depuis le début de la bataille que les armes ordinaires n'atteignaient pas les deux archanges, et Dean s'y connaissait assez en armement pour savoir que cette lame que manipulait son père ne pouvait pas avoir été façonnée par un être humain. De fil en aiguille, il comprit qu'elle pouvait uniquement provenir du même milieu que celui où Michael et Lucifer avaient été conçus. Se pouvait-il que les Avengers aient trouvé un moyen d'arrêter ces fils de pute ? Si c'était le cas, il se doutait qu'il n'y aurait pas de retour à la vie possible si l'épée atteignait sa cible, puisque ses facultés dépendaient de celles de Michael. Mais s'il pouvait faire sombrer avec lui le salopard qui menaçait de détruire le monde et qui n'avait aucun remord à faire souffrir ses proches, alors il accueillerait la mort à cœur joie. Il n'avait peut-être pas vécu de manière honorable, mais au moins elle connaîtrait une fin respectable. Il ferma les yeux, impatient de savoir s'il y avait réellement quelque chose après la mort. Il aurait seulement espéré pouvoir rassurer son père, lui dire qu'il ne lui en tenait pas rigueur pour ce qu'il se préparait à faire, qu'il n'avait rien à se faire pardonner.

LE MUTANT ET LE MONSTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant